L'offensive lancée par le Hamas sur le territoire israélien le 7 octobre ouvre une nouvelle page sanglante en Terre sainte. Alors que Tsahal s'engage dans une vaste opération de représailles autour de la bande de Gaza, l'insécurité provoquée par les combats n'est pas sans conséquence pour les pèlerins du monde entier actuellement en Terre sainte. Les pèlerinages organisés se concentrent généralement dans les endroits où l'on sait que le Christ a demeuré : Jérusalem, Bethléem, Nazareth, Cana... Bien loin donc de la bande de Gaza et des villes alentours qui concentrent la majorité des combats.
Toutefois, des tirs de roquette ont été constatés à Jérusalem, et la Cisjordanie, qui comprend par exemple la ville de Bethléem et Jérusalem-Est, subit elle aussi une forte dégradation de la situation au niveau sécuritaire, a alerté le ministère français des Affaires étrangères. Ce dernier recommande aux ressortissants français "de faire preuve de la plus grande vigilance et prudence et de se tenir absolument à l’écart de toute manifestation ou rassemblement." Voyageurs et pèlerins sont "invités à limiter leurs déplacements au strict nécessaire, pour des raisons professionnelles ou personnelles."
Organisation d'évacuations
Ainsi, si aucune interdiction formelle de rester ou de venir sur le territoire israélien n'a été formulée, les groupes de pèlerins français sont nombreux à s'organiser pour rentrer vers la métropole. "Plusieurs groupes ont été évacués vers la Jordanie", confirme Sylvie Chaigneau, responsable de la commission Terre sainte pour l'association nationale des directeurs diocésains de pèlerinages. "Nous avons demandé à nos directeurs de pèlerinages de nous signaler tout groupe souhaitant rester sur place. Mais au regard de la situation chaotique et de l'inquiétude générée, les gens préfèrent rentrer."
Une quarantaine de personnes se trouvaient ainsi en pèlerinage à Nazareth lorsque l'attaque du Hamas a débuté. Un groupe d'environ dix personnes était quant à lui à Jérusalem. Depuis la Jordanie, ils essaient de trouver des vols vers la France avec différentes compagnies civiles. Au milieu du chaos, trouver des vols n'est pas chose aisée. De nombreux vols sont annulés. Même problématique pour les pèlerins partis avec l'agence Ictus. Un groupe est ainsi rentré dimanche 8 octobre, à peine 24 heures après les premières hostilités, avec la compagnie israélienne El Al (équipée d'un système anti-missile, ndlr). Un autre avion avec 51 Français, à bord devait décoller mardi avec la compagnie Transavia. Mais c'est finalement un avion affrété par le gouvernement français qui a permis leur rapatriement.
Il est évident que le départ est déconseillé.
Quid des groupes qui devaient partir bientôt en Terre sainte ? Les pèlerinages qui devaient débuter ces jours-ci ont tous été annulés assure Sylvie Chaigneau. Pour les groupes dont le départ est plus lointain, en novembre ou en décembre par exemple, "C'est en suspens" : "Il n'y a pour le moment aucune interdiction de partir, mais compte-tenu des circonstances nous invitons les responsables et les pèlerins eux-mêmes à réfléchir. Il est évident que le départ est déconseillé." Même son de cloche chez Ictus qui a annulé ses voyages en Terre sainte prévus cette semaine. "Une dizaine de groupes sont prévus d'ici début novembre mais pour l'instant tout est en stand by, nous attendons les consignes du ministère des Affaires étrangères, explique l'agence.
Des pèlerins d'autres pays évacués
De nombreux autres pèlerins originaires d'autres pays s'organisent eux aussi pour rentrer chez eux. C'est le cas d'un groupe de 45 personnes, venu d'Inde, qui a pu rentrer dans l'état du Kerala grâce à l'aide de l'ambassade indienne. Le Nigeria a également rapatrié 310 de ses ressortissants qui se trouvaient en Jordanie après avoir quitté par la route Israël. Ces pèlerins se rendaient de Bethléem à Nazareth lorsqu'ils ont appris qu'une attaque était en cours dans le sud d'Israël. Mercredi 11 octobre, le ministre fidjien de la Défense a déclaré qu'un vol de Fiji Airways avait quitté Tel Aviv avec à son bord près de 200 pèlerins fidjiens, ainsi que des citoyens d'Australie, de Nouvelle-Zélande, du Canada et des États-Unis. La Roumanie a fait de même avec 250 pèlerins orthodoxes.