separateurCreated with Sketch.

Marseille en résistance contre l’esprit du monde

François se recueille devant la stèle de Notre-Dame de la Garde à Marseille.
whatsappfacebooktwitter-xemailnative
Benoist de Sinety - publié le 24/09/23
whatsappfacebooktwitter-xemailnative
Curé de la paroisse Saint-Eubert de Lille, le père Benoist de Sinety voit dans la visite du pape François à Marseille "un cri de résistance à la lassitude d’une société fascinée par son délitement".

Pour qu'Aleteia poursuive sa mission, faites un don déductible à 66% de votre impôt sur le revenu. Ainsi l'avenir d'Aleteia deviendra aussi le vôtre.

Je donne en 3 clics

*don déductible de l'impôt sur le revenu

Les nuages des derniers jours, lourds de pluie, ont été balayés par un vent tonique. Le ciel est nettoyé de toute noirceur : Marseille célèbre la résistance. Résistance d’une ville qui n’oublie jamais que Louis XIV, son souverain pourtant, fit fortifier son port, en pointant les canons non sur les flottes craintes, mais sur la cité et tous ses habitants. Le soleil qui la baigne est, au quotidien, un défi souriant au reste du pays. La ville attire, Parisiens et régionaux qui aiment y couler des jours heureux de télétravail entre collines et calanques. Après Bari et Florence, Marseille accueillait cette semaine la troisième édition des Rencontres méditerranéennes que le Pape est venu conclure. Comme un cri de résistance à la lassitude d’une société fascinée par son délitement, à la nostalgie d’une Église qui rêve de revêtir encore les ors d’une puissance heureusement disparue, aux sirènes qui travestissent la mémoire pour mieux nous réduire à la violence. 

Le lieu d’un échange

Les soixante-dix jeunes venus de trente pays — d’Israël à l’Italie, de la Syrie à l’Algérie, de la Grèce à la Turquie — sont le cœur des Rencontres. Ils ont devancé les évêques en arrivant trois jours plus tôt que ces derniers : ils les ont entraînés à rêver avec eux pour mieux laisser l’Esprit agir. Tous réunis, ils déclarent vouloir participer à la construction d’un monde où la Mare nostrum ne soit plus Mare clausum. La Méditerranée, berceau de la foi de milliards d’hommes et de femmes, nous renvoie en effet aujourd’hui avec brutalité, une réalité de mort dont ils savent, eux, qu’ils ne veulent plus. C’est cette fraternité, qu’au Nom de Jésus Christ, le Pape vient avec eux annoncer et célébrer. 

À ceux qui expliquent doctement que le "chacun chez soi" est la condition du bonheur, comment ne pas répondre que cette mer n’est pas d’abord une frontière mais le lieu d’un échange qui nourrit et enrichit ? Elle dit mieux que tous les symboles, cette mer, que l’espace n’appartient à personne mais qu’il est confié, à quelques-uns, pour le bien de tous. Que cet espace se doit d’être protégé, cultivé, choyé afin qu’il donne naissance, au lieu de charrier la mort.  

Deux chemins

Comme le dit le cardinal Aveline, la Méditerranée est un message. Un message qui peut nous dérouter et nous ébranler, mais que nous devons écouter. À l’image de certaines mers intérieures aujourd’hui disparues dans la folie de la toute-puissance d’une soif de richesses qui détruit tout, la Méditerranée est en danger d’assèchement si nous ne sommes plus capables de nous y rencontrer et d’œuvrer ensemble pour le bien commun. L’enthousiasme des jeunes est contagieux : des évêques, il ne demande qu’à se répandre dans l’Église et dans le monde. Il vient déborder les murs que nous aimons parfois entretenir autour de nous, là où le Christ vient abattre les séparations en déclarant "saint" tout lieu où le souffle de Dieu vient susciter la vie. 

Le Pape nous place chacun devant ces deux chemins qui s’ouvrent devant nous.

En appelant "crime" la politique d’États qui se refusent à venir au secours de ceux qui coulent, quand ils ne sous-traitent pas à d’autres le permis de tuer. En se rendant auprès des plus pauvres de nos villes tout en continuant à défendre le droit à être protégé des exilés. En parlant haut et clair dans une société, et une Église, où l’on préfère le confort de la langue de bois ou du silence contrit. En agissant ainsi, le Pape nous place chacun devant ces deux chemins qui s’ouvrent devant nous. L’un conduit vers la vie au risque de renoncements qui pourraient bien nous rendre plus libres. L’autre mène à la mort quelles que soient les protections que nous prendrons. Il n’est plus temps de tergiverser. Il n’est plus temps de nous résigner. Il est temps d’agir, d’entrer en résistance face à l’esprit du monde qui imprime ses rictus en nous-mêmes et partout. 

Le risque de la liberté

Comme les Marseillais, nous devons comprendre que les canons dont nous rêvons qu’ils nous protègent, sont en fait ceux qui veulent nous empêcher d’aimer librement. Ils nous menacent en nous disant "attention à vous, si vous refusez de vous soumettre à notre puissance, vous perdrez tout". À nous d’être prophètes en osant prendre le risque de la liberté en choisissant d’écouter l’Évangile et d’en faire la loi qui guide nos vies et illumine nos intelligences. 

[EN IMAGES] La visite historique du Pape François à Marseille

Vous avez aimé cet article et souhaitez en savoir plus ?

Recevez Aleteia chaque jour dans votre boite e−mail, c’est gratuit !

Aleteia vit grâce à vos dons

Permettez-nous de poursuivre notre mission de partage chrétien de l'information et de belles histoires en nous soutenant.