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Le pape François en Mongolie, sur les routes du christianisme antique

Steppes Mongolie

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Jean-Baptiste Noé - publié le 30/08/23
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Premier pape à se rendre en Mongolie ce 31 août, François se rend aux confins de la Russie et de la Chine. Il s’avance également sur les pas du christianisme primitif, note le géopoliticien Jean-Baptiste Noé, les chrétiens ayant pénétré la région dès l’Antiquité.

Jamais un pape ne s’est rendu en Mongolie. En foulant le sol d’Oulan-Bator, François a rendez-vous avec l’histoire à défaut de foules. Les chrétiens sont à peine plus d’un millier dans ce pays des steppes où les missionnaires sont revenus à partir de 1992 et la fin de la période soviétique. Trente ans d’apostolat et d’évangélisation dans un pays où le christianisme contemporain est des plus récents, mais où la présence chrétienne remonte aux premiers chrétiens. 

Terre des chrétiens orientaux

Il n’a néanmoins pas fallu attendre la fin du XXe siècle pour que le christianisme pénètre dans cette zone. Au contraire, dès les premiers siècles du christianisme des missionnaires font route vers l’Asie, empruntant les routes de la soie et les anciens chemins d’Alexandre le Grand. Si la christianisation est beaucoup plus laborieuse qu’en Occident, elle est toutefois réelle. Ce sont des chrétiens chaldéens, dit syro-orientaux, qui sont partis sur les routes de l’Asie. On les retrouve en Inde, en Afghanistan, en Chine et en Mongolie. Des traces, des présences dans les villes majeures et les oasis d’escale, pour un fil patiemment tissé qui a rattaché l’Asie au monde chrétien. Ils ont longtemps été, à tort, qualifiés de "nestoriens" alors même qu’ils n’ont pas de rapport avec l’église fondée par Nestorius. C’est bien le terme de syro-orientaux qui leur convient le mieux, étant pour la plupart rattachés à l’Église de Syrie puis de Bagdad. 

C’est donc dans un pays où la foi chrétienne est nouvelle et très ancienne que François se rend. Ce voyage est fidèle aux normes qu’il a fixées dès le début de son pontificat : se rendre dans des lieux non visités par les papes avant lui.

Bien que très peu nombreux, on les retrouve à la cour des différents clans. Les voyageurs européens du XIIIe siècle, tel Jean de Plan Carpin, Guillaume de Rubrouck ou encore Marco Polo, signalent dans leurs récits de voyage la réalité de ce christianisme des steppes. La mère de Genghis Khan, dont la légende raconte que sa tombe est située en Mongolie, était une chrétienne syro-orientale. De même pour plusieurs conseillers du Grand Khan, si bien que Jean de Plan Carpin relate le fait que les chrétiens pensent qu’il finira par embrasser la foi du Christ. Peine perdue, car, comme le remarque notamment Marco Polo, Genghis Khan accepte à sa cour de nombreuses religions, dont des musulmans et des bouddhistes, sans jamais choisir entre l’une ou l’autre. Si le christianisme est présent, il n’a jamais réussi à devenir une religion de masse, peut-être par manque de liens avec Rome, coupé qu’il fut de l’Occident par l’expansion de l’islam.

Aux confins de la Chine 

C’est donc dans un pays où la foi chrétienne est nouvelle et très ancienne que François se rend. Ce voyage est fidèle aux normes qu’il a fixées dès le début de son pontificat : se rendre dans des lieux non visités par les papes avant lui. Il s’y rend pour une rencontre interreligieuse, attaché, là aussi, à ce dialogue avec les autres religions pour promouvoir la paix et la croissance des peuples. Mais si François a rendez-vous avec l’histoire, il rencontre aussi la géographie. La Mongolie est entourée de la Chine et de la Russie, comme enveloppée entre les deux empires. En s’y rendant, François sera donc au plus près de ces deux pays que tous les papes rêvent de visiter depuis Jean Paul II, mais où aucun n’a encore pu se rendre. Les frontières mongoles n’ont été que récemment fixées. Longtemps, cet espace de steppes fut celui de peuples nomades qui circulaient entre Russie et Chine, avec des liens familiaux et claniques qui s’étendaient de chaque côté des territoires étatiques. En Mongolie, François sera dans l’espace chinois et dans l’espace russe, aux confins de ces deux pays, en périphérie d’États dont il ne cesse de toquer à des portes qui demeurent closes. 

En se rendant en Mongolie, il fixe les yeux du monde chrétien sur un pays méconnu.

La coutume diplomatique vaticane veut que le Pape envoie un télégramme de bénédiction aux chefs d’État des pays survolés par l’avion du Pape. Entre l’Italie et la Mongolie, ce sont une dizaine de pays qui recevront ce télégramme, dont la Chine puisque le survol du pays est nécessaire. Une occasion officielle de s’adresser directement à Xi Jinping, certes dans un cadre de courtoisie diplomatique, mais en rappelant néanmoins que le pape aimerait bien poser un jour son avion à Pékin. Avec l’Amérique latine, l’Asie est le continent chéri de François, celui dont il rêvait dans sa jeunesse et auquel il a consacré de nombreux voyages. En se rendant en Mongolie, il fixe les yeux du monde chrétien sur un pays méconnu, mettant sur le devant de la scène les missionnaires présents depuis trois décennies dans un pays où, pour le christianisme, tout doit se construire.    

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