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Pakistan : “Il y a une bénédiction pour ceux qui touchent la Parole de Dieu”

CHRISTIAN
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Carlos Rosas-Jiménez - AED - publié le 01/11/22
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Secrétaire exécutif de la Commission biblique catholique au Pakistan, le père Emmanuel Asi rappelle avec force l’importance de lire la Bible pour découvrir le Christ. Une nécessité encore plus forte au Pakistan, pays dont la population est musulmane à 97%. "Le premier défi pour les fidèles est de rester fidèles et d’être courageux dans la vie quotidienne", explique-t-il. Entretien.

Prêtre de l’archidiocèse de Lahore et secrétaire exécutif de la Commission biblique catholique au Pakistan depuis sa fondation en 2002, le père Emmanuel Asi partage la conviction de saint Jérôme selon laquelle "celui qui ne connaît pas l'Écriture Sainte ne connaît pas le Christ". Une conviction d’autant plus forte dans ce pays musulman où les chrétiens, qui forment une toute petite communauté, sont régulièrement persécutés. "Les gens veulent écouter, ils veulent lire la Parole de Dieu", assure-t-il.

Quelle est la situation des chrétiens au Pakistan ? 
Père Emmanuel Asi : Le Pakistan est une république islamique qui compte 230 millions d’habitants, dont 97% de musulmans. Les 3% restants appartiennent à des minorités, dont les hindous, les chrétiens et les sikhs. La majorité des 1,5 million de chrétiens sont catholiques. La vie est difficile pour ceux qui, comme les chrétiens, ne suivent pas l'Islam. Il n’y a pas de liberté religieuse.

Cependant, la Constitution reconnaît que "tout citoyen a le droit de professer, de pratiquer et de propager sa religion" et que chaque confession religieuse "a le droit de fonder, de maintenir et de gérer ses propres institutions religieuses". Quelle est donc la situation ? 
Sur le papier, nous sommes autorisés à tout faire, nous avons des droits. Mais dans la pratique, dans la politique, dans la vie sociale, dans la vie académique, dans la vie professionnelle, il y a beaucoup de discrimination et de difficultés pour nos jeunes — surtout ceux qui veulent étudier à l’université et ceux qui cherchent du travail. Au sein de l’Église, on peut faire ce que l’on veut, on a toute liberté pour cela. Nous pouvons gérer nos écoles, gérer nos établissements, gérer nos paroisses, notre communauté, faire n’importe quel programme, imprimer des Bibles et nos livres. Mais une fois que nous sommes dans la société, dans la rue, au bureau, au travail, alors il y a des difficultés, il y a de la discrimination. 

Selon vous, quel est le plus grand défi pour les chrétiens au Pakistan ? 
Le premier défi pour eux est de rester fidèles et d’être courageux dans la vie quotidienne. Nous jouissons d’une grande bénédiction, car la plupart des nôtres sont jeunes. Environ 65% des fidèles qui vont à l’église ont moins de 40 ans. Notre Église est donc très vivante. Mais notre gros problème, notre principal défi, c’est l’éducation de nos fidèles, car l’éducation au Pakistan est d’un très faible niveau. L’analphabétisme est très élevé. D’autre part, la population chrétienne continue de croître, ce qui constitue un autre défi. Dans ces conditions, comment atteindre les gens ? Les évêques veulent ouvrir plus de paroisses. Nous avons assez de prêtres et de vocations, donc à l’avenir, nous aurons suffisamment de prêtres. Notre problème n’est pas là. Notre problème, c’est de pouvoir ouvrir de nouvelles paroisses, construire des maisons paroissiales pour pouvoir atteindre les gens. 

Comment la Commission biblique fait-elle connaître le message de l’Évangile au Pakistan ? 
Au cours des 20 dernières années, depuis que la Commission biblique catholique existe, nous avons fait beaucoup de choses pour rapprocher la Parole de Dieu du peuple, et le peuple de la Parole de Dieu. C’est notre mission. Les gens veulent écouter, ils veulent lire la Parole de Dieu. Nous proposons différents programmes. Par exemple, l’un d’entre eux est appelé "Cent mille amis de la Bible". Des fidèles de tout le Pakistan y sont inscrits, ils ont leur propre Bible et aiment la lire au moins cinq minutes par jour.  

Nous avons imprimé 70.000 Bibles. Dans tous les diocèses, nous avons également le Marathon biblique auquel participent environ 2.000 personnes dans tout le pays.

L’année dernière, en novembre, nous avons mis des versions audios de la Bible sur Internet pour les personnes qui ne savent pas lire. Ainsi, les gens peuvent entendre la Parole de Dieu. De plus, nous avons la Bible pour enfants et la Bible YouCat, imprimées en ourdou grâce à l’AED. Nous avons imprimé 70.000 Bibles. Dans tous les diocèses, nous avons également le Marathon biblique auquel participent environ 2.000 personnes dans tout le pays. En 127 heures, toute la Bible a été lue, sans interruption, jour et nuit, chaque personne lisant 15 ou 20 versets de la Bible. Les gens ont été spirituellement enthousiasmés et émus par ce programme. 

Pourriez-vous nous donner un exemple de la manière dont la Bible a changé la vie des gens ?
J’ai beaucoup, beaucoup de témoignages. Il y avait une personne analphabète. Elle ne savait pas lire. Quand je lui ai parlé, elle m’a dit : "Je veux lire la Bible, mais je ne sais pas lire". Puis je lui ai dit que dans la Bible, il y avait une bénédiction spéciale pour ceux qui touchent la Parole de Dieu. Alors je lui ai dit : "Chaque jour, tu devrais toucher une page de la Bible, chaque mot de la Bible. Ligne par ligne, offre cette bénédiction à tes doigts, car il est écrit dans la Bible qu’il y a une bénédiction pour ceux qui touchent la Parole de Dieu." L’idée était que chaque jour cette personne ouvre la Bible et en touche quelques lignes. Alors elle l’a fait, et après deux ans et demi, elle est venue me voir, elle était tellement heureuse et émue ! Alors elle m’a dit : "J’ai reçu de grandes bénédictions, beaucoup de conversion et de changement dans ma vie. J’ai touché toute la Bible." Je lui ai donc donné un certificat, parce que les gens qui lisent toute la Bible obtiennent un certificat de notre part.  

À quoi ressemble votre travail en dehors de l’Église, en particulier dans un pays à majorité musulmane ?
Tout d’abord, nous proposons de nombreux séminaires auxquels de nombreuses personnes d’autres religions sont invitées. Récemment, nous avons eu un séminaire sur la spiritualité auquel ont participé des personnes de six religions différentes. Deuxièmement, nous travaillons avec des professeurs et des étudiants de l’université en études religieuses comparatives. Troisièmement, nous avons un dialogue direct. Jour et nuit, nous vivons avec les fidèles d’autres religions. Nous vivons avec eux, nous leur parlons, ils viennent dans nos familles, nous allons dans les leurs. 

Quel regard portez-vous sur l’avenir ?
Quelle que soit la difficulté de la situation, quelle que soit l'amère réalité, nous devons garder vivante notre espérance en Dieu. Seule l’espérance peut donner naissance à une vie nouvelle. Dans notre langue, quand une femme est enceinte, nous utilisons ce mot pour dire qu’elle est "Umeed (امید)", qu’elle "a l’espérance" de donner naissance à une nouvelle vie. L’espérance pousse à se multiplier et à porter du fruit. 

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