Pour clore notre visite des sanctuaires dédiés à saint Joseph en ce mois de mars, Anne Bernet raconte l’histoire de la première église parisienne dédiée au "patron de la Bonne Mort". Construite par les Carmes, elle fut le théâtre tragique des massacres révolutionnaires de septembre 1792.
Familier aux premiers chrétiens à travers les évangiles canoniques, mais aussi les apocryphes, sujet de quelques très beaux textes des Pères de l’Église, notamment chez saint Jérôme qui soutient la thèse d’un Joseph jeune et chaste, l’époux de Marie ne voit cependant son culte se développer en Occident qu’avec les croisades. La redécouverte des lieux saints ramène en effet l’attention populaire et ecclésiastique autour de la Sainte Famille et de sa vie cachée à Nazareth.
Plusieurs grands ordres religieux, à commencer par les franciscains, lui vouent une dévotion particulière qui ne fait que croître avec le temps, mais ce sont les fils et filles du Carmel, justement nés en Terre Sainte, qui vont plus spécialement se placer sous la protection et le patronage de Joseph. Rien d’étonnant, alors, si la dévotion joséphine prend une ampleur nouvelle au XVIe siècle, en Espagne, avec la réforme carmélitaine orchestrée par Thérèse d’Avila et Jean de la Croix. Confrontée aux difficultés, la « Madre » recourt, on le sait, à temps et à contretemps à saint Joseph et donne son nom à treize des dix-huit carmels qu’elle fonde. Elle lui attribue ses succès et c’est aussi par le carmel réformé que la dévotion à saint Joseph rentre en France, un siècle plus tard.