Sa silhouette est reconnaissable entre mille. Lorsque Jean-Marc Sauvé, président de la Commission indépendante chargée de faire la lumière sur les abus sexuels commis au sein de l’Église (Ciase) s’est avancé ce mardi 5 octobre ce matin à la tribune, les attentes – et appréhensions – étaient grandes. "Le moment est venu de rendre compte de nos 32 mois de travail", a-t-il déclaré, sobrement, en préambule. "En dépit efforts acharnés, la commission a le sentiment de ne pas détenir la vérité et moins encore toute la vérité", a-t-il reconnu, humblement. "Mais il a semblé à la Ciase qu’elle avait réunie assez de légitimité pour présenter un bilan aussi solide que possible". Entre soucis de complétude, d'exhaustivité et face à l'urgence d’apporter des solutions pertinentes, "il fallait trouver un point d’équilibre". Et ce rapport, composé de 485 pages et 2.000 pages d’annexe, l’est.
La présentation des chiffres, glaçants, du rapport sur le nombre de victimes et de prêtres prédateurs, l’analyse sans concession de la politique ecclésiale sur le sujet des abus sexuels et la série de recommandations de la Ciase ont été énoncés de manière neutre, sans volonté d’accabler ou d’adoucir les faits mais, simplement, de les analyser, les décortiquer afin de comprendre les manquements, les errements et tout faire pour que cela ne se reproduise jamais.
L’Église peut et doit faire tout ce qui est nécessaire pour rétablir ce qui a été abîmé, et reconstruire ce qui a été brisé.
Mais ce sont peut-être les mots de conclusion de Jean-Marc Sauvé, vice-président honoraire du Conseil d'État et président de la Fondation des Apprentis d'Auteuil, qui ont le plus bouleversé lors de la remise de ce rapport. "Il ne peut y avoir d’avenir commun sans un travail de vérité, de pardon et de réconciliation. Nous avons contribué autant qu’il était possible au travail de vérité", a-t-il résumé. "C’est à l’Église de s’en emparer et de le poursuivre afin de retrouver à la fois la confiance des fidèles et le respect de notre société. L’Église catholique est une composante essentielle de notre société. Il est impératif de rétablir une alliance qui a été mise à mal", a encore tenu à rappeler Jean-Marc Sauvé avant de lancer : "C’est un message d’attente, c’est un message d’espoir. Notre espérance ne peut pas et ne sera pas détruite. L’Église peut et doit faire tout ce qui est nécessaire pour rétablir ce qui a été abîmé, et reconstruire ce qui a été brisé."