Une polémique redoutable tourmente ces temps-ci l’Église aux États-Unis : faut-il refuser la communion aux dirigeants politiques qui s’affirment catholiques — en premier lieu le président Joe Biden —, mais ne s’opposent pas à l’avortement.
Faut-il refuser la communion aux dirigeants politiques qui s’affirment catholiques — en premier lieu le président Joe Biden —, mais ne s’opposent pas à l’avortement, bien qu’ils assurent le désapprouver à titre personnel, et vont même jusqu’à soutenir des dispositions le facilitant ? Les arguments en faveur d’une mesure aussi radicale sont forts. Vatican II a rappelé que l’Eucharistie est « la source et le sommet » de la vie chrétienne et saint Jean Paul II l’a redit. Il s’ensuit que recevoir le Corps du Christ à la messe non seulement requiert l’adhésion à tout ce que professe l’Église, mais fonde et nourrit cette conviction. Dans ces conditions, ignorer délibérément tel ou tel enseignement du Magistère est incompatible avec la communion sacramentelle à la source même de la doctrine. Ceci vaut en particulier pour l’avortement et l’euthanasie, depuis toujours reconnus par l’Église comme crimes et péchés graves. Il ne peut être question de les accepter, même passivement, et encore moins de s’en faire complice.
En l’occurrence, l’épiscopat américain inscrit ce problème dans le cadre plus vaste d’une campagne de sensibilisation à la signification et aux enjeux de l’Eucharistie, car les pasteurs constatent que nombre de fidèles se sont habitués pendant la pandémie à se passer de la messe dominicale, ou tendent à considérer la communion comme une formalité, un rite banal d’intégration à la communauté rassemblée, sans préparation suffisante à une rencontre d’une intensité véritablement extraordinaire avec le Christ. Dans ces conditions, refuser l’hostie consacrée à des « célébrités » qui, sur des points de morale fondamentale, sont publiquement en désaccord pratique avec l’Église aurait une portée pédagogique, en soulignant la cohérence nécessaire entre la communion eucharistique et la communion dans la foi et les mœurs.