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Lorsque les autorités sanitaires américaines ont recommandé de suspendre l’utilisation du vaccin Johnson & Johnson contre le Covid-19 après que six femmes aient développé des thromboses (formation de caillots sanguins rares, ndlr), certains scientifiques ont tout de suite voulu rassurer la population en comparant des probabilités. De la même façon qu'il y a plus de chance d'être impliqué dans un accident de voiture que dans un accident d'avion, la prise de contraceptifs hormonaux présente un risque beaucoup plus élevé de développer une thrombose qu'après l'administration de ce vaccin.
Mais au lieu de rassurer les femmes, cette information a suscité beaucoup de colère : "Pourquoi personne ne nous a jamais parlé de ce risque ?" En réalité, ce risque est bien précisé dans la notice de ces médicaments. Mais qui lit vraiment ces documents, avec leurs caractères minuscules ? Il faut néanmoins préciser tout de suite que les caillots sanguins qui ont pu être associés au vaccin sont plus dangereux que ceux associés aux pilules contraceptives. Alors que les premiers apparaissent dans le cerveau, les seconds apparaissent dans les jambes et peuvent se déplacer jusqu’aux poumons. Cependant, il n'en demeure pas moins que le risque de caillots sanguins liés à la pilule est beaucoup plus élevé.
Je suis en colère parce que je n’ai pas été informée de ce risque.
La colère de ces femmes ayant appris les risques liés à la pilule était si grande, après la découverte que le vaccin contre le Covid-19 pouvait entraîner la formation de caillots, que le New York Times s’en est fait l’écho : "Une partie de ma colère est due au fait qu'un médicament que je prenais pour contrôler ma fertilité, menaçait in fine ma vie", a déclaré au Times Kelly Tyrrell, passionnée de course à pieds, qui avait 37 ans lorsque les médecins ont découvert des caillots sanguins potentiellement mortels dans ses poumons. "Je suis en colère parce que je n’ai jamais été informée de ce risque".
Mellissa Moschella, professeur associée de philosophie à l’Université catholique d’Amérique, a fait des recherches sur la contraception du point de vue de l’éthique biomédicale. La semaine dernière, elle s’est entretenue sur cette question et sur certaines de ses implications avec l’édition américaine de Aleteia : "Les femmes qui prennent la pilule ont un risque beaucoup plus élevé de développer des caillots sanguins, et personne ne semble s'en inquiéter plus que ça. Pourquoi deux poids deux mesures s'étonne-t-elle.
Le risque de un sur mille pour les femmes prenant la pilule est "beaucoup plus élevé que le risque [possible] de un sur un million du vaccin Johnson & Johnson, poursuit-elle, même si le type de caillot sanguin dans ce cas est un peu moins dangereux que le caillot sanguin cérébral associé au vaccin". Selon elle, des femmes avaient de quoi être furieuses en l'apprenant. "Ces risques figurent bien entendu sur la notice, mais les médecins ne les soulignent pas plus que cela déplore Mellissa Moschella. Ces risques sont faibles, mais ils n’en sont pas moins sérieux. Si de nombreuses femmes en étaient informées, elles choisiraient certainement d'autres méthodes de contraception ou un autre traitement à la place de la pilule quand celle-ci est prescrite pour soigner un problème particulier."
Le professeur Moschella dénonce par ailleurs le fait que la contraception est "le seul domaine où les médecins prescrivent systématiquement la même chose pour des problèmes très divers, avec de très nombreuses causes sous-jacentes, au lieu de chercher réellement à traiter ces causes-là". "La pilule est prescrite pour tout : du syndrome des ovaires polykystiques aux fluctuations d’humeur liées au cycle féminin, en passant par les règles très abondantes ou douloureuses, l’acné, ou à toute autre sorte de problèmes", a-t-elle déclaré. "Généralement, tous ces éléments indiquent que quelque chose ne va pas dans le cycle de la femme. Il existe des moyens concrets de traiter ces causes sous-jacentes pour aider la femme à se sentir mieux, au lieu de mettre un arrêt à un aspect majeur de sa biologie et masquer ainsi les problèmes sous-jacents qui peuvent ensuite refaire surface des années plus tard, lorsqu’elle arrêtera la pilule et souhaitera concevoir un enfant".
"Cela met en évidence un problème sous-jacent plus important dans le domaine de la santé des femmes où nous nous contentons trop souvent d’une solution unique pour masquer un problème, voire l’exacerber, estime-t-elle. Sans compter que selon-elle, au cours des toutes premières années de développement des contraceptifs hormonaux, les femmes ayant participé aux expérimentations de la pilule ont souffert de "conséquences extrêmement graves sur leur santé".
Le professeur Moschella affirme donc que la plupart des femmes qui prennent la pilule "ignorent souvent les potentiels effets secondaires de long terme comme les caillots sanguins, le risque accru de cancer du sein et une moindre fertilité. Selon elle, "c’est en partie pour une raison politique" que ces dangers sont méconnus : "la liberté sexuelle et la capacité d’avoir des relations sexuelles sans conséquences l’emportent sur toute autre considération. Les avertissements sur les risques encourus pour la santé sont considérés comme contraires à l’éthique de la liberté sexuelle absolue."