Parce qu’il est le pape, c’est-à-dire le Serviteur de l’Église universelle, les paroles et les gestes de François retentissent sur l’ensemble de la planète.Un appel téléphonique du président iranien au Premier ministre irakien pour discuter de la coopération entre leurs deux pays : il y est question de géopolitique, de questions économiques et sans doute de bien d’autres points tant les frères ennemis ont à avancer sur un chemin de paix et d’amitié. Mais voilà que s’y ajoute un sujet inattendu et dont il est peu probable que les deux dirigeants aient eu souvent l’occasion de discuter ensemble. “Je vous félicite pour l’organisation de la venue du pape François”, aurait dit le successeur de Cyrus à celui de Nabuchodonosor. Pendant trois jours, les caméras du monde entier auront suivi cet évènement invraisemblable, même s’il était annoncé depuis longtemps, répondant à un rêve de Jean Paul II lors du jubilé de l’an 2000 : la première visite d’un évêque de Rome sur la terre d’Abraham et de Sarah.
Au nom de ceux qui croient en Dieu
Pour la reprise des déplacements pontificaux, François a choisi de demeurer à Bagdad pour y dormir, se confiant ainsi à l’hospitalité de ses hôtes là où aucun chef d’État depuis des lustres n’a osé se risquer. En ce pays où fument encore les ruines d’une politique internationale absurde, malhonnête et couarde, il vient lancer son appel à la fraternité. Appel qu’il est le seul à pouvoir lancer en vérité tant il est lié intrinsèquement à l’Évangile dans lequel le Fils nous révèle l’unique paternité de Dieu pour tous les hommes et toutes les femmes, de tous peuples, langues et nations. Il n’est pas venu jouer au chef de tribu comme certains l’y auraient volontiers encouragé, ni conforter ses seuls frères baptisés. Non, il est venu en appeler à ceux qui croient en Dieu afin qu’ils mettent en commun leur désir de paix, de justice, de réconciliation. Et que sur les ruines de ce pays à l’histoire plus antique que bien des nations riches d’aujourd’hui, puisse se développer une autre logique que celle, mondaine, qui a mené à ce désastre. Comment ne pas entendre comme en écho ces paroles du prophète Michée : “De nouveau tu nous montreras ta miséricorde, tu fouleras aux pieds nos crimes, tu jetteras au fond de la mer tous nos péchés” (Mi 7,19) ?
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Oser être universel
Parce qu’il est le pape, c’est-à-dire le Serviteur de l’Église universelle, les paroles et les gestes de François retentissent sur l’ensemble de la planète. Pas simplement pour les catholiques pratiquants, mais chez tous. Tous le regardent, l’écoutent, même ceux qui feignent de s’en moquer. Parce qu’il n’y a pas de parole plus universelle que celle qu’il sert et pas de Sauveur plus universel que Celui qu’il cherche à annoncer. J’ai souvent été décontenancé par le peu de foi que traduisent nos peurs, nos ornières, nos courtes vues, y compris chez ceux qui se présentent comme des croyants enracinés dans le Christ. Qu’y a-t-il de redoutable à s’asseoir et à parler avec celui qui ne partage pas ma foi ? Qu’y a-t-il de dangereux à reconnaître un frère dans celui-là même qui n’a pas la capacité de me donner cette reconnaissance ?
Ce sont les mêmes égoïsmes, les mêmes peurs qui engendrent les mêmes folies. Et ils sont — ces peurs, ces égoïsmes — la cause de notre stérilité spirituelle. Jamais ceux de nos contemporains qui l’ignorent ou le rejettent, ne pourront entendre et croire la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ. Si nous qui en avons reçu le dépôt, ne sommes-nous pas capables d’en être des prophètes ? Et le prophète, ça parle, certes, mais ça agit aussi.
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