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Gendarmes français arrêtés à Jérusalem : qu’est-ce que l’Éléona ?

L’église du Pater Noster, à Jérusalem en Terre sainte, est une possession française.

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Valdemar de Vaux - publié le 07/11/24
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Ce 7 novembre, deux gendarmes français ont été brièvement appréhendés par des policiers israéliens à Jérusalem, suscitant la colère du ministre des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot, en visite à l’Éléona. Aussi appelée Carmel du Pater, ce lieu a ceci de singulier qu’il fait partie du domaine national français.

Jérusalem est décidément une ville surprenante. Ce jeudi 7 novembre, un petit incident diplomatique a ainsi été déclenché par deux policiers israéliens en haut du Mont des Oliviers, face à la Vieille ville. Le ministre des Affaires étrangères français, Jean-Noël Barrot, visitait cet après-midi le Carmel du Pater, construit sur un site nommé Éléona, mais deux policiers israéliens sont entrés dans un domaine qui est…français.

Depuis le XIXe siècle, l’État possède en effet à Jérusalem quatre domaines nationaux gérés par le Consulat général : Sainte-Anne, Abou Gosh, Tombeau des Rois et Éléona, le plus ancien. Éléona, que les Hiérosolymitains appellent plus volontiers Carmel du Pater, est selon la tradition chrétienne l’endroit où le Christ enseigna ses disciples à prier le Notre Père, dans une grotte encore visible. Une basilique fut construite par Hélène, la mère de l’empereur Constantin, au IVe siècle. Les ruines en sont encore visibles, entre les oliviers qui ont donné leur nom au mont et à l’Éléona (en grec, oliveraie se dit elaion).

Un leg à la République

Veuve et pieuse, Aurélie de La Tour d’Auvergne vient en 1856 à Jérusalem et achète le terrain puis y fait construire, par Viollet-le-Duc, un couvent de carmélites. Arrivées en 1872, celles-ci habitent encore le lieu, derrière les murs du cloître habillé du Notre Père en toutes les langues. Avant sa mort, l’aristocrate lègue sa propriété à l’État français, qui le possède encore et qui bénéficie de l’extra-territorialité reconnue par des traités diplomatiques anciens.

Voilà le nœud de l’incident du jour. Quand le ministre Barrot voit deux policiers israéliens venus à l’Éléona sans autorisation, il parle "d’atteinte à l’intégrité d’un domaine placé sous la responsabilité de la France" et refuse de rentrer, imitant Jacques Chirac en 1996 et Emmanuel Macron en 2020 lors de visites passées à Sainte-Anne.

Deux gendarmes ont même été appréhendés et l’un des deux embarqué avant d’être relâché, ce qui est, selon le ministre "de nature à fragiliser les liens que j’étais pourtant venu cultiver avec Israël, dans un moment où nous avons tous besoin de faire progresser la région sur le chemin de la paix".

Jean-Noël Barrot a promis de convoquer l’ambassadeur d’Israël en France dans les prochains jours pour avoir une explication, et rappeler que "le domaine de l’Eléona […] est un domaine qui non seulement appartient à la France depuis plus de 150 ans, mais dont la France assure la sécurité, l’entretien et avec énormément de soins", avant de conclure : "l’intégrité des quatre domaines dont la France a la responsabilité ici à Jérusalem doit être respectée".

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