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Après que le tsar Nicolas de Russie l’eût appelé « mon bon ami » au lieu de « frère », appellation traditionnelle entre monarques européens, l’empereur Napoléon III avait répondu qu’il se réjouissait de cette appellation « car l’on subit ses frères tandis que l’on choisit ses amis ». Dans le creux des cabinets de psychologues ou de conseil conjugal se murmurent les histoires de famille. Certaines sont dramatiques, d’autres ressemblent davantage à des quiproquos fleuris sur le terreau d‘hypersensibilités couramment appelées susceptibilités. Est-ce que faire le dos rond ne serait pas le prix de l’harmonie familiale ?
Côté émetteur, un dicton populaire énonce que « si le silence est d’or, la parole est d’argent », complété par cette règle d’éducation : « Tourne sept fois la langue dans ta bouche avant de parler ! ». Toutes nos remarques n’ont en effet pas un grand intérêt philosophique, culturel et encore moins scientifique. Déjà en 400 ans avant Jésus-Christ, Socrate invitait un interlocuteur tendance « langue de vipère » à filtrer sa parole aux trois tamis : est-ce vrai ? est-ce bon ? est-ce que ce sera utile ? S’en inspirer crée souvent un climat de délicatesse dans les familles. Côté récepteur, ces quatre attitudes permettent d’accueillir certaines remarques avec plus de souplesse.
1Identifier la personne émettrice
Est-elle compétente, dans le domaine de son affirmation ? Ainsi quand Oncle Jacques, 77 ans, taquine Agathe, fashionista de 17 printemps sur son style vestimentaire, son absence totale d’expertise dans le domaine de la mode discrédite son propos et devrait dispenser ladite adolescente de se vexer !
2Analyser le fond de la remarque et se positionner
La belle-sœur féministe de Jeanne critique l’allaitement : « Si je suis convaincue que l’allaitement est bon pour mon bébé et bon pour moi, quelle importance que ma belle-sœur ne partage pas mon choix ? », s’amuse la jeune maman. On peut pour autant écouter un autre point de vue, d’autres arguments, prendre acte d’un courant de pensée… et continuer à faire ce que l’on veut ! Penser différemment n’est pas forcément une agression, et on peut même apprécier quelqu’un qui ne pense pas à 100% comme nous !
3Se laisser interpeller
Parfois des proches voient des comportements imparfaits ou inappropriés (d’un enfant ou d’un adulte). Plutôt que laisser foncer droit dans le mur un membre de la famille, ils peuvent partager leurs observations, comme Amandine, jeune grand-mère inquiète de voir son petit-fils tricher pendant les jeux, mentir, ou encore se défiler au moment d’aider à faire la vaisselle. Son observation extérieure et bienveillante a permis aux parents d’être attentifs à une tendance filoutage qui aurait pu devenir un vilain trait de caractère.
4Oser dire son émotion
La méchanceté est un défaut finalement assez rare, la maladresse est plus répandue. On n’a pas tous les mêmes vulnérabilités. Ce qui blesse l’un peut laisser un autre de marbre. Oser dire son ressenti avec délicatesse, après une remarque piquante, permet de mieux se connaître et il est fort possible que la personne se confonde en excuses. En étant susceptible, on décourage les remarques qui pourraient aider à s’améliorer. Or, la constante de l’être humain est d’être imparfait, en chemin vers la sainteté, et la famille sert aussi à faire grandir.
PS : Un peu plus d’un an après leur échange aigre-doux, le tsar Nicolas et l’empereur Napoléon III, les deux « bons amis » se faisaient la guerre en Crimée ! On choisit peut-être ses amis, mais la relation d’amitié n’a pas souvent la persévérance du lien familial.