La guerre entre le Hamas et Israël n’aura fait que repousser ce moment insolite et symbolique. Aujourd’hui, la Vieille ville de Jérusalem s’est animée d’une procession pas comme les autres, puisque les patriarches des différentes confessions chrétiennes ont reçu au Saint-Sépulcre le nouveau Consul Général de France à Jérusalem, Nicolas Kassianides. Le représentant de la République française pour Jérusalem et la Cisjordanie est arrivé à la fin du mois d’août, mais le 7 octobre a eu raison de l’organisation de cette cérémonie qui a lieu, d’ordinaire, rapidement après la prise de fonction du haut fonctionnaire.
C’est donc en tenue d’apparat, au début de l’après-midi, que Nicolas Kassianides est entré dans la Vieille ville par la porte de Jaffa, où la procession s’est mise en branle. Précédé des kawas et des frères franciscains, accompagné du père Luc Pareydt, conseiller aux affaires religieuses du consulat, à côté du custode de Terre sainte, voilà le serviteur de l’État français en route vers le parvis de la basilique si chère aux chrétiens.
La France, gardienne des lieux saints
Arrivé devant le Saint-Sépulcre, Nicolas Kassianides a d’abord salué les représentants des deux familles – musulmanes – qui gardent les clefs de la basilique. Tout un symbole, alors que la France est considérée comme la gardienne des lieux saints depuis que François Ier a signé des capitulations avec l’Empire ottoman pour s’allier contre Charles Quint. Des capitulations qui ont été suivies de traités et d’accords encore en vigueur, Israël étant soumis aux règlements diplomatiques antérieurs. Le traité de Mytilène (1901) et l’agrément de Constantinople (1913) font ainsi de la République la protectrice des communautés latines de Terre sainte.
En accueillant le consul, les Grecs, les Arméniens et les Franciscains qui prient au Saint-Sépulcre manifeste ce rôle particulier de la France et l’honorent à travers son représentant. Une fois passée la porte, la procession s’est dirigée vers l’édicule construit sur le lieu du tombeau du Christ pour entendre l’évangile de la résurrection (Mt 28, 1-10) et un mot de Francesco Patton, custode. Le frère Stéphane, unique Français parmi les latins, a ensuite montré à Nicolas Kassanides les lieux vénérés par les chrétiens.
La procession a dès lors pris le chemin de… la France. Ou presque, puisque le consul était attendu à 15h à Sainte-Anne, basilique de l’est de la Vieille ville qui se trouve à l’intérieur d’un domaine appartenant à l’État français et qui abrite les restes archéologiques de la piscine probatique. Là, ce sont les Pères blancs qui l’ont accueilli. Pourvu de privilèges liturgiques, Nicolas Kassianides est entré dans la magnifique église en aspergeant les lieux d’eau bénite avant d’entendre le Te Deum et de baiser l’évangéliaire utilisé pour proclamer la parabole du semeur (Mt 13, 1-9).
La cérémonie s'est terminée par une allocution du Consul Général : "Cette journée restera dans ma mémoire comme une invitation à l’engagement et à l'humilité. [...] A travers la cérémonie de ce jour, c'est la France qui s'engage à nouveau, et marque sa fidélité inébranlable aux responsabilités que l'histoire et la diplomatie lui confèrent [...]. La continuité du rôle protecteur de la France n'est pas une commémoration tournée vers le passé. [...] Cette situation nous impose un engagement sans faille dans la mission de soutien aux Chrétiens de cette terre."
Elle aura donné l’occasion à toute l’assemblée, pas seulement française, de prier pour notre pays. Par le chant "Seigneur, sauve la République", hymne d’Ancien régime adapté au moment du Concordat (le roi a été remplacé par la république), et par l’oraison : "Seigneur, bénis et protège la République française et le peuple français. […] Que la France vive heureuse et prospère. Qu’elle soit forte et grande par l’union et la concorde…" Une demande bienvenue au début de cette année civile !