Tiphaine, Sylvain, frère Bernard, Anne… vous ne les connaissez pas. Ils ont en commun d’être engagés dans des établissements gérés par l’Ordre Hospitalier de Saint-Jean-de-Dieu et sont tous, à leur manière, de véritables héros du quotidien. “J’ai toujours fait cela, c’est le sens de ma vie. Je m’épanouis dans cet univers”. Depuis quatre ans, Sylvain Bridet-Lamoureux travaille à Madagascar dans un centre de santé mentale géré par les frères hospitaliers de Saint-Jean-de-Dieu. Celui qui se définit comme “un artiste qui fait de l’art-thérapie” prend soin de personnes touchées par des troubles psychiatriques. Pour cela, il a monté des ateliers où, grâce à la danse, aux arts plastiques, aux arts du cirque, au yoga, il les aide “à se remettre en mouvement” en stimulant leurs sens. Et ses ateliers ont eu un tel succès qu’ils ont fait des petits dans d’autres établissements gérés par l’ordre. “On essaie d’ouvrir des portes et des fenêtres”, s’émerveille-t-il. “C’est hyper gratifiant, on est dans des relations interpersonnelles permanentes”.
Comme lui, ils sont nombreux à être engagés auprès de l’Ordre Hospitalier de Saint-Jean-de-Dieu, au service des plus démunis depuis près de 500 ans. Ces héros du quotidien ont des missions et des visages variés. Comme celui de Tiphaine Coupel, infirmière dans un centre psychiatrique des Côtes d’Armor, qui est partie en août dernier en tant que pompier volontaire soutenir les Libanais bouleversés par la double explosion au port de Beyrouth. Là-bas, elle s’est investie dans l’aide au déblai, la sécurisation des lieux, le soin aux blessés, la recherche des corps, mais également dans du soutien psychologique auprès de ses collègues sapeurs-pompiers libanais.
Anne Godiveau, animatrice dans un centre médico-social du Croisic (Loire-Atlantique), a quant à elle parcouru 780 kilomètres à vélo sur les routes de France afin de récolter des fonds pour les résidents de son centre. Un sacré défi : traversant la France d’est en ouest, elle a rallié Le Croisic depuis Sélestat, en Alsace, qu’il pleuve ou qu’il vente. Grâce à elle et à ses trois coéquipières, 3.000 euros ont été récoltés afin de financer un jardin sensoriel pour les résidents de l’établissement.
Cela a été assez éprouvant. Nous savions que c’était une période dure. Pour nous, c’était naturel d’être présents, aussi bien pour nos frères que pour le personnel confronté à cette épreuve.
Quant à eux, frère Bernard-Thibault et frère Alain-Samuel sont religieux à l’Ephad Saint Barthélemy de Marseille. L’établissement accueille 240 personnes ayant eu des parcours de vie chaotiques. Durant le confinement de printemps, aide-soignant de formation, frère Bernard-Thibault s’est particulièrement investi au service des frères de la communauté âgés qui ne sont plus autonomes. En effet, certains d’entre eux ayant attrapé le Covid-19, ils étaient une vingtaine à rester dans leurs chambres, ce qui représentait une plus grande charge de travail pour le personnel dans les tâches quotidiennes. Chaque jour, frère Bernard-Thibault aidait à préparer les plateaux-repas. Après avoir consciencieusement enfilé combinaisons, charlotte, masque, gants et doubles lunettes, il partait matin et soir servir les frères aînés dans leurs chambres, aidant au besoin pour un soin ou une toilette. “Notre rôle était d’aller les voir et de répondre à leurs besoins, de leur montrer que nous ne les abandonnions pas, qu’ils n’étaient pas pestiférés. Le principal était d’être présents, d’être vus et de leur parler”, soutient le religieux. Pour lui, aider le personnel submergé en cette période de pandémie est apparu comme une évidence. “Cela a été assez éprouvant. Nous savions que c’était une période dure. Pour nous, c’était naturel d’être présents, aussi bien pour nos frères que pour le personnel confronté à cette épreuve”. Voilà une façon concrète de perpétuer très concrètement l’esprit de service souhaité par saint Jean de Dieu.
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