Une vaste entreprise de traduction de la Bible dirigée par Édouard Dhorme a été menée de 1956 à 1971, soit sur pas moins de quinze années, conduisant à une nouvelle traduction des 73 livres des traditions juives et chrétiennes dans la célèbre collection de La Pléiade aux éditions Gallimard.Cette nouvelle traduction dénommée aujourd’hui Bible de la Pléiade, parue en trois volumes, fut le fruit d’un long travail mené par une équipe universitaire dans une optique non confessionnelle, mais reposant cependant sur un souci de fidélité aux textes originels. Aussi, le professeur au Collège de France Édouard Dhorme a-t-il réuni pour cette ambitieuse entreprise un ensemble de traducteurs tels que Jean Koenig, Antoine Guillaumont, Jean Hadot et Franck Michaeli pour l’Ancien Testament, tous mus par cette priorité déterminante, la fidélité au texte original. « Le premier souci du traducteur doit être la fidélité non seulement à la pensée, mais encore à l’expression de l’original. Sans tomber dans un mot à mot intolérable, il faut chercher à conserver à la phrase sa saveur et sa couleur… » soulignait à l’époque son directeur.
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Ni littéralisme strict ou large interprétation, la Bible de La Pléiade a souhaité éviter chacun de ces écueils. Le choix scrupuleux des sources originelles a également fait l’objet de vives discussions en retenant selon les situations les textes grecs de la Septante ou hébreux des Massorètes faisant ainsi de la Bible de La Pléiade l’une des traductions en langue française la plus littérale avec la Bible Chouraqui. La traduction du Nouveau Testament a été confiée et menée, quant à elle, sous la direction du célèbre poète et écrivain Jean Grosjean, dont la belle introduction ne pourra qu’éclairer le lecteur. Surtout, dans chacun de ces trois volumes, aucune influence confessionnelle ne saurait être perçue, ainsi que le souhaitaient les initiateurs de ce projet éditorial.
Une recherche du style
Parallèlement à cette priorité donnée à la rigueur de la traduction, les responsables de cette édition ont entendu épouser le mouvement et le ton des auteurs de la Bible en restituant dans la mesure du possible la « force explosive » de ces textes novateurs à l’époque où ils furent diffusés. C’est cette recherche d’un style littéraire dans le cadre serré d’une traduction la plus fidèle au texte originel qui a donné toute sa saveur à la Bible de La Pléiade dont la beauté de la langue française parvient à faire ressortir la poésie de la langue biblique. Ainsi, les célèbres premières phrases de la Genèse débutent-elles dans cette traduction en ces termes :
“Au commencement, Élohim créa les cieux et la terre. La terre était déserte et vide. Il y avait des ténèbres au-dessus de l’Abîme et l’esprit d’Élohim planait au-dessus des eaux…”
Le même langage poétique se trouve et imprègne également la traduction des Psaumes avec de belles propositions, telle celle du Psaume LV :
« Élohim prête l’oreille à ma prière,
ne te dérobe pas à ma supplication,
écoute-moi et réponds-moi :
je me démène en me plaignant, et je gémis,
sous la voix de l’ennemi, à cause de la clameur des
méchants,
car ils déversent sur moi l’iniquité
et avec colère ils me persécutent.Mon cœur frissonne en mon sein
et les affres de la mort tombent sur moi,
crainte et tremblement m’envahissent,
la frayeur m’enveloppe »
Un travail critique éclairant
Les riches introductions et les nombreuses notes des trois volumes de la Bible de La Pléiade apportent au lecteur l’éclairage nécessaire à la compréhension des différents livres de la Bible en rappelant notamment les contextes religieux, historiques, géographiques et culturels de chaque époque concernée. De nombreuses annexes viennent, enfin, compléter ce tableau didactique avec des cartes, un index des noms propres, et plus de cent vingt pages de concordances sans oublier sa présentation soignée en papier bible et sa reliure cuir qui ont fait la célébrité de la Pléiade.
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