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La transformation de Sainte-Sophie en mosquée, un choix déploré dans le monde entier

Hagia Sophia

La basilique Sainte-Sophie (Istanbul).

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Timothée Dhellemmes - publié le 13/07/20
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Les réactions se multiplient partout dans le monde après l’annonce ce vendredi 10 juillet de la transformation prochaine de l’ex-basilique Sainte-Sophie en mosquée. Du Vatican à l’Unesco en passant par de nombreux États : les critiques fusent contre la décision de Recep Tayyip Erdogan.“Ma pensée va à Istanbul, je pense à Sainte-Sophie. Je suis très affligé.” À l’occasion de la prière de l’Angélus ce dimanche 12 juillet, le pape François n’a pas hésité à sortir de son texte pour joindre sa voix au chœur des critiques qui se sont élevées tout au long du week-end au sujet de la décision du président turc, Recep Tayip Erdogan, de transformer l’ex-basilique Sainte-Sophie d’Istanbul en mosquée. La déclaration du chef de l’Église catholique était très attendue, et constitue la première prise de parole officielle du Vatican sur le sujet.

“Inquiétude” pour l’Église russe

À l’image du pape François, de nombreuses personnalités et organisations ont vivement critiqué la décision du président turc. Du côté des chrétiens orthodoxes, le patriarche Bartholomée de Constantinople avait averti le mois dernier que la transformation de Sainte-Sophie en mosquée pourrait “tourner des millions de chrétiens dans le monde contre l’islam”. “Nous constatons que l’inquiétude des millions de chrétiens n’a pas été entendu”, a renchéri le porte-parole de l’Église orthodoxe russe, Vladimir Legoïda. “La paix et la concorde entre les religions sont des questions extrêmement fragiles et complexes et qui ne peuvent supporter des décisions irréfléchies et purement politiques”, a-t-il ajouté.


BASILIQUE SAINTE SOPHIE
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“Chagrin et consternation” pour le Conseil œcuménique des Églises

Dans une lettre, le Conseil œcuménique des Églises (COE), qui réunit 350 Églises chrétiennes, notamment protestantes et orthodoxes, a également exprimé “chagrin et consternation”. Sainte-Sophie était la preuve de “l’attachement de la Turquie à la laïcité et de son désir de laisser derrière elle les conflits du passé”, écrit notamment Ioan Sauca, secrétaire général du COE.

 L’Unesco déplore une décision “prise sans dialogue préalable”

Mais les indignations ne se cantonnent pas au monde religieux. La directrice de l’organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (Unesco), Audrey Azoulay, a déploré une décision “prise sans dialogue préalable”, concernant “un chef d’œuvre architectural et un témoignage unique de la rencontre de l’Europe et de l’Asie au cours des siècles”. Dès vendredi soir, le Premier ministre grec, Kyriakos Mitsotakis, avait condamné “avec la plus grande fermeté” cette décision, quand sa ministre de la culture parlait de “provocation envers le monde civilisé”.



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Le gouvernement français “déplore” cette décision

Du côté français, le ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, a également expliqué dans un communiqué que le gouvernement français “déplorait” cette décision. “L’intégrité de ce joyau religieux, architectural et historique, symbole de la liberté de religion, de tolérance et de diversité, inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO, doit être préservé”, a-t-il ajouté. De son côté, Washington s’est dit “déçu”, et a exhorté les autorités turques à garantir un accès égal à tous les visiteurs.

Si les réactions s’enchaînent suite à l’officialisation de cette décision, cela fait des années que Recep Tayyip Erdogan milite pour une transformation de l’ex-basilique de Sainte-Sophie en mosquée. En 2018, le président turc y avait récité le premier verset du Coran, et déclaré en mars 2019 qu’il voulait changer son statut de musée à celui de mosquée. Après deux ans de procédure, c’est désormais possible puisque la plus haute juridiction administrative du pays a officiellement dénoncé ce vendredi 10 juillet la validité d’un décret gouvernemental du 22 novembre 1934, qui avait fait de l’édifice un musée. C’était à l’époque le souhait du président Mustapha Kemal, qui voulait en faire un symbole de la laïcité.



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