Ils sont 25 charpentiers à avoir relevé un sacré défi en une semaine, remonter à la main, une petite partie de la charpente en bois de Notre-Dame, pour démontrer que c’est beau, simple et rapide ! Avec un secret espoir, que cette solution soit choisie pour la reconstruction à venir, afin que Notre-Dame retrouve sa “forêt”. La commission nationale de l’architecture et du patrimoine doit donner un avis sur la reconstruction de la flèche ce jeudi 9 juillet.C’est en Normandie, dans le bois du château d’Ermenouville (Seine-Maritime) où ils ont été accueillis, que 25 charpentiers, venus de plusieurs pays européens, se sont lancés un défi. Démontrer que la reconstruction de la “forêt” de Notre-Dame, avec les méthodes du XIIIè siècle, c’est possible, simple, et rapide ! “En moins d’une semaine, avec 25 charpentiers, nous avons réalisé entièrement l’une des 25 fermes (ndrl: structures triangulaires de 10 mètres de haut pour 14 de large) de la nef de Notre-Dame telle qu’elle était avant l’incendie”, raconte ainsi à France Bleu, François Calame, le fondateur de Charpentiers sans frontières. Cette association, à l’origine de ce chantier financé par l’interprofession France Bois Forêt, a mobilisé des artisans, tous bénévoles, pour refaire les gestes traditionnels de leurs prédécesseurs du XIIIe siècle. “C’est une démonstration que les méthodes traditionnelles de travail du bois, à la main, consomment très peu de bois et que ça va très vite”, renchérit Frédéric Epaud, chercheur au CNRS, participant également au projet.
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Tellement plus méditatif
Ces méthodes “ancestrales”, qui ont été mises en place pendant cette semaine normande, ont mis en joie les charpentiers. “À la main, on choisit son arbre en forêt en fonction des besoins, au lieu de téléphoner à la scierie !”, raconte l’un d’eux. “On peut travailler des courbes, des poutres de vingt mètres de long, c’est beaucoup plus sympa au toucher et suivre la fibre naturelle de l’arbre est tellement meilleur. Vous obtenez une structure plus résistante”, renchérit un autre. “Il y a un contact avec la matière. On est en silence. C’est méditatif. Sur les sites modernes vous avez tant de bruit, de poussière ! Ici c’est calme et agréable”, conclut un dernier.
Pour fabriquer cette ferme de trois tonnes, les charpentiers ont utilisé moins de bois que prévu: “huit arbres de 30 à 40 cm de diamètre soit de 80 à 120 ans d’âge, le bois est travaillé vert sans temps de séchage”, reprend le chercheur Frédéric Epaud. Ce qui permet d’évaluer que pour l’ensemble de la charpente, il faudrait “seulement un millier de chênes” soit “une goutte d’eau dans l’océan” du gros million que compte la France. Et pour l’installation, là encore, la simplicité semble la règle. “C’est très économique et écologique. Les grumes peuvent arriver directement au pied de Notre-Dame par la Seine puis être travaillées au chevet du monument”. Reste à trouver une entreprise prête à former ses salariés à ces techniques quasi disparues, mais d’après l’association Charpentiers sans frontière, celle-ci peut transmettre ses compétences en quelques semaines.
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Derrière cette belle démonstration technique et professionnelle, c’est une idée forte qui aimerait bien s’implanter… Après l’incendie, de nombreux projets plus ou moins farfelus ont vu le jour. Charpente en béton ? En acier ? Geste architectural contemporain ? Or ces charpentiers apportent la preuve que la solution choisie lors de l’édification semble toujours d’actualité. “La charpente pourrait être reconstruite strictement à l’identique en cinq à huit mois”, affirme ainsi l’association. Un bon point alors que l’Élysée souhaite une restauration rapide de Notre-Dame, visant l’horizon avril 2024 …
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