Mon prochain est d’abord mon voisin de palier. Et si le confinement nous faisait redécouvrir les vertus de la proximité ?Durant cette période d’épidémie et de confinement, un maître-mot préside à nos existences : proximité. Proximité des personnes avec lesquelles nous partageons l’espace restreint de notre réclusion, commerces de proximité qui n’ont jamais eu autant de succès que depuis l’apparition de la pandémie, proximité du gardien d’immeuble, du voisin de pallier, proximité du balcon d’à côté et de ceux qui y jouent. Les contraintes du confinement nous apprennent à penser “local”. L’heure est aux “circuits courts”, au rapatriement de nos industries stratégiques, aux relocalisations. Vive la proximité retrouvée ! Pourvu qu’elle ne s’opère pas au détriment de l’ouverture d’esprit et au grand large !
Les voisins s’apprivoisent
Des voisins s’apprivoisent en se rendant de menus services. L’épicier du coin voit toute une clientèle revenir à lui. Soudain, on s’avise que le travail des éboueurs est aussi utile que celui des cols blancs qui planchent dans les bureaux sur le dernier produit à nous vendre, alors que nous n’en avons pas vraiment besoin… Au moins l’épidémie aura-t-elle eu la vertu de nous faire redécouvrir toutes ces professions que les admirateurs de la mondialisation toisaient de haut. Dans le même temps, on se scandalise des salaires anormalement bas de nos soignants dans les Ehpad ou les hôpitaux. Comme dit la sagesse populaire, à toute chose malheur est bon.
Redécouvrir son prochain
Le retour en grâce de la proximité n’est pas pour déplaire aux chrétiens. Notre religion est celle de l’Incarnation. La foi chrétienne s’est toujours méfiée des idéologues qui aimaient l’humanité en général, mais qui ne pouvaient pas souffrir leurs voisins d’immeuble… Le Christ nous a appris à nous faire les prochains des hommes, c’est-à-dire à les aimer le plus près possible, comme le Samaritain de la parabole, et non à distance… Bien sûr, il y a les gestes barrières qui nous obligent à nous tenir éloignés les uns des autres, à respecter une certaine distance. Mais la nouvelle proximité à laquelle nous initie le confinement ne se mesure pas au mètre près… Je peux garder deux mètres de distance entre ma gardienne d’immeuble et moi, et me sentir plus proche d’elle que jamais — elle que je me contentais jadis de saluer sommairement, et dont je ne connaissais même pas le prénom…
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Et si un des plus grands miracles de cette période était de pouvoir mettre un nom et un prénom sur les personnes que nous côtoyions, avant que n’apparaisse l’épidémie, dans un anonymat aussi poli que distant et cavalier ? N’est-ce pas ainsi, en s’entendant appeler par son nom, que Marie de Magdala a reconnu le Ressuscité au matin du jour de Pâques ?
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