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Notre-Dame, un an déjà

Il est 19h50, ce vendredi 15 avril 2019. La flèche de la cathédrale s'effondre.

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Agnès Pinard Legry - publié le 15/04/20
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Il y a eu un avant et un après. Dans la nuit du 15 au 16 avril 2019, alors qu’un incendie ravageait partiellement Notre-Dame, le cœur des Français a battu à l’unisson autour de sa cathédrale. Du formidable élan de générosité qui s’est lancé d’un bout à l’autre de la planète, en passant par la redécouverte de la France chrétienne et la formidable énergie mise en oeuvre pour rebâtir l’édifice, retour sur une année improbable.Il est un peu plus de 19h, ce lundi 15 avril 2019, quand les premières images de Notre-Dame en flammes se mettent à circuler. Tandis que la sidération, l’inquiétude et la tristesse saisissent le cœur de millions de personnes à travers le monde, les sapeurs-pompiers de Paris luttent de toutes leurs forces contre les flammes qui menacent dangereusement la structure du bâtiment. Un peu avant 20h un bruit sourd et déchirant se faire entendre. La flèche de Notre-Dame s’effondre, emportant avec elle les certitudes de chacun. Et puis vient ce message de Mgr Michel Aupetit, archevêque de Paris : « À tous les prêtres de Paris : Les pompiers se battent encore pour sauver les tours de Notre-Dame de Paris. La charpente, la toiture et la flèche sont consumés. Prions. Si vous le souhaitez, vous pouvez faire sonner les cloches de vos églises pour inviter à la prière ».

Un appel qui a trouvé un écho au cœur de la nuit. Ils se sont rassemblés par centaines sur le pont saint-Michel et dans les rues avoisinantes pour veiller et prier au chevet de Notre-Dame, pierres vivantes de l’Église et témoins d’espérance. « Et soudain, la France se souvint qu’elle était chrétienne », a ainsi écrit peu de temps après Mgr Rougé, évêque de Nanterre. Si les flammes diminuent progressivement en intensité, l’inquiétude est encore palpable. Puis vers 23h le général Jean-Claude Gallet, commandant de la Brigade des sapeurs-pompiers de Paris, annonce enfin la nouvelle : « On peut considérer que la structure de Notre-Dame est sauvée et préservée dans sa globalité ». S’en suit un discours d’Emmanuel Macron sur le parvis assurent avec force : « Cette cathédrale, nous la rebâtirons ».

Un élan de générosité inédit

Dans la foulée, un élan de générosité inédit traverse la planète. Les dons et promesses de dons se multiplient : juste après l’incendie, les grandes fortunes font des promesses de dons d’un montant total dépassant les 850 millions d’euros. Chefs d’État, écrivain, artistes, chanteurs, anonymes… Les hommages à Notre-Dame se multiplient là encore, d’un bout à l’autre de la planète. Mi-juin, la Fondation Notre Dame avait reçu 15 millions sur les 395 millions promis, parmi lesquels les dons des familles Arnault et Pinault. Seulement 9% des promesses de dons auraient été effectivement transférées aux quatre structures habilitées à les recevoir (la Fondation Notre Dame, la Fondation de France, la Fondation du Patrimoine et le Centre des monuments nationaux) soit 80 millions d’euros au total sur les 850 millions d’euros attendus.

L’onde de choc provoquée par l’incendie bouscule l’agenda politique du gouvernement. Emmanuel Macron, qui devait s’exprimer le soir de l’incendie devant les Français sur la crise des Gilets jaunes, se veut désormais rassembleur. Il annonce dans la foulée un délai de cinq ans pour reconstruire la cathédrale et nomme le général Georgelin, ancien chef d’état-major des armées, à la tête d’une mission spéciale chargée de veiller à l’avancement des travaux de l’édifice.

“Notre-Dame de Paris est bien autre chose qu’un tas de pierres.”

Un édifice aimé et respecté par tous car il est, comme l’a rappelé Mgr Michel Aupetit lors de la messe chrismale du mercredi 17 avril à Saint-Sulpice, soit deux jours après l’incendie à Notre-Dame de Paris, « bien autre chose qu’un tas de pierres ». « Car quelle est la différence entre un tas de pierres et une cathédrale ? C’est la même différence qu’entre un amas de cellules et une personne humaine. Un tas de pierres et un amas de cellules ne sont qu’un amoncellement informe. Dans une cathédrale ou une personne humaine, il y a un principe d’organisation, un principe d’unité, une intelligence créatrice. L’autre chose qui unit la cathédrale et la personne humaine, c’est l’onction qu’elles peuvent recevoir pour manifester une transcendance, une présence divine qui leur confère un caractère sacré ».

Une vocation première que Mgr Aupetit a également tenu à rappeler en organisant la première messe à Notre-Dame le samedi 15 juin 2019 à l’occasion de la fête de la dédicace de l’autel de la cathédrale. « Cette cathédrale est née de l’espérance chrétienne. Cette espérance perçoit bien au-delà d’une petite vie personnelle centrée sur soi, pour entrer dans une perspective magnifique en se projetant bien au-delà d’une seule génération », a-t-il souligné dans son homélie avant de lancer : « Maintenant, la question qui se pose à nous est : avons-nous honte de la foi de nos ancêtres ? Avons-nous honte du Christ ? Oui, cette cathédrale est un lieu de culte, c’est sa finalité propre et unique ».

Le chantier mis en sommeil avec le confinement

Sur le chantier, lancé dans les jours qui ont suivi l’incendie, c’est une centaine de personnes qui s’activent quotidiennement pour déblayer, analyser et consolider l’édifice. Un travail minutieux et essentiel. Mais en août dernier, le chantier connaît un premier coup d’arrêt, l’inspection du travail ayant tiré la sonnette d’alarme en déclarant insuffisante la protection des ouvriers face à une éventuelle contamination au plomb. Depuis, une procédure de décontamination plus rigoureuse a été mise en place afin d’assurer la bonne tenue du chantier et la santé des travailleurs. Côté législatif, l’établissement public en charge des travaux de Notre-Dame de Paris — prévu par la loi Notre-Dame promulguée le 29 juillet dernier — a officiellement vu le jour début décembre 2019. Depuis l’incendie, un certain nombre d’opérations ont déjà été menées : déblaiement et tri des vestiges, mise hors d’eau du chœur, de la nef et du transept de Notre-Dame à l’aide de bâches, installations de filets, renfort et stabilisation des pignons des transepts, les arcs-boutants ont été cintrés et une grue de plus de 70 mètres a été installée.



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Malheureusement, l’épidémie de covid-19 a marqué un second coup d’arrêt au chantier, l’annonce du confinement mi-mars ayant entrainé sa mise en sommeil. Mais qui dit pause dans le chantier ne dit pas fermeture totale de Notre-Dame. Mgr Michel Aupetit a ainsi présidé un temps de prière exceptionnel à huis clos à l’intérieur de la cathédrale Notre-Dame, vendredi 10 avril, jour où l’Église commémore la mort du Christ sur la croix.Coiffé d’un casque de chantier, Mgr Michel Aupetit est entré dans la cathédrale Notre-Dame de Paris à 11h30, accompagné de Mgr Patrick Chauvet, recteur de la cathédrale et de Mgr Denis Jachiet, évêque auxiliaire de Paris, pour un temps de prière et de méditation à huis clos autour de la couronne d’épines, relique sauvée des flammes par les pompiers lors de l’incendie de Notre-Dame, il y a tout juste un an.

Un an après, Notre-Dame de Paris panse toujours ses plaies

« Seigneur, Seigneur Jésus, il y a un an, il y a un an cette cathédrale dans laquelle nous sommes brûlait, provoquant une sidération et un élan mondial pour qu’elle soit rebâtie, restaurée », a-t-il indiqué en introduction. « Aujourd’hui nous sommes dans cette cathédrale à demie effondrée pour dire que la vie est toujours là. Cet élan de générosité est une façon de remarquer que ce monument extraordinaire est sorti du génie des hommes, quand ils arrivent à te contempler, à contempler ta transcendance ».

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