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Être scout à l’heure du confinement

Rassemblement des Scouts unitaires de France - Toussaint. 2019.

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Agnès Pinard Legry - publié le 27/03/20
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Comme tous les Français, les scouts sont confinés chez eux. Mais si les sorties et activités sont suspendues en raison de l’épidémie de covid-19, l’engagement scout est bel et bien ancré dans le quotidien de chacun. « Le confinement permet de vivre le scoutisme autrement », assure à Aleteia frère Nicolas Burle, dominicain et aumônier national des Scouts unitaires de France (SUF). Contraints de suspendre leurs activités en raison du confinement mis en place pour limiter la propagation du coronavirus, les différents mouvements scouts – ce qui représente un total de 150.000 à 200.000 scouts en France – s’adaptent en proposant à leurs jeunes de nouveaux formats. « Depuis quelques jours je découvre de nombreuses initiatives proposées par des chefs et cheftaines à leurs unités », explique à Aleteia frère Nicolas Burle, dominicain et aumônier national des Scouts unitaires de France (SUF). « Le confinement permet de vivre le scoutisme autrement ».

Aleteia : Comment continuer à être scout pendant le confinement ?
Frère Nicolas Burle : Le confinement prive le scout de la nature et des autres, en tout cas physiquement. Mais l’esprit scout demeure : il sourit et chante dans les difficultés et conserve sa bonne humeur malgré la situation. Le confinement permet de vivre le scoutisme autrement. Bien sûr, il n’est pas question de grand jeu en plein air ou d’exploit sportif ! Mais c’est une occasion de mettre en pratique cet article de la loi scoute : « Le devoir du scout commence à la maison ». Chacun devrait trouver assez facilement de quoi faire ! Et n’oublions pas non plus que confiné ou pas, le scout est toujours appelé à rendre chaque jour un service à quelqu’un.



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Concrètement, qu’est-ce que chacun peut faire pour se rendre utile ?
Prendre en charge la cuisine, ranger, faire le ménage… Il y a mille façons concrètes de se rendre utile chez soi. Mais je dirais que le premier service à rendre est d’abord la prière. Ce n’est pas parce que confiné qu’on doit arrêter de prier. C’est parce qu’on veut être utile qu’on prie. Autre chose, comme on est privé du visage des autres, se rendre utile c’est aussi maintenir du lien en appelant des personnes plus isolées, en écrivant à cette tante qui habite loin….

Avec la suppression des sorties et des différentes activités, comment les groupes scouts peuvent-ils continuer leur vie d’unité ?
Depuis quelques jours je découvre de nombreuses initiatives proposées par des chefs et cheftaines à leurs unités. Je dois dire que les scouts font preuve d’une merveilleuse créativité et je n’en attendais pas moins d’eux : l’environnement habituel du scoutisme c’est la nature, bien sûr, mais on peut continuer à faire vivre et grandir ses unités à la maison. Je connais par exemple une cheftaine qui a proposé à ses louveteaux d’organiser un concours cuisine. C’est une idée d’autant plus belle qu’en plus du jeu elle permet aux jeunes de participer à l’effort familial. Je sais que les responsables des éclaireurs viennent de lancer un grand jeu en ligne avec des défis à réaliser qui permettent de rapporter des points à leur patrouille. Sur le plan spirituel, plusieurs groupes ont lancé des neuvaines, des groupes de prière sur Facebook, Periscope… On est d’une étonnante créativité quand il s’agit de garder le lien !

“Dans la vie chrétienne, toute chose qu’il m’est donnée de vivre est une occasion d’aimer davantage.”

Je pense qu’il y a aussi une autre leçon à tirer de ce confinement. En temps normal, les mouvements scouts ont beaucoup de concurrence avec les autres activités. On a ainsi des jeunes qui ne viennent pas car ils ont d’autres choses à faire : anniversaire d’un tel, WE avec des amis, compétition sportive…. Maintenant que chacun est confiné chez lui, il ne reste que le scoutisme. C’est total, il se vit partout et prend en charge la totalité de la personne. Le scoutisme n’est pas une activité parmi d’autres, mais quelque chose qui éduque pour toute la vie. J’espère que le confinement va nous faire prendre conscience que le scoutisme, parce qu’il se vit dans toutes les facettes de notre quotidien, est essentiel.

Comment gérer la frustration du confinement « de manière scoute » ?
Cette période de confinement est bien évidemment frustrante. Mais je trouve qu’il y a quelque chose à vivre. C’est comme ça, donc gérer la frustration « de manière scoute » c’est sourire et se dire : « On va vivre l’aventure autrement, on va le faire autrement ». Quand il pleut plusieurs d’affilé pendant un camp qu’est-ce qu’on fait ? La même chose, on continue, et avec le sourire. Profitons de ce temps pour faire passer l’essentiel avant l’urgent : sa relation avec le Seigneur, avec son prochain… Dans la vie chrétienne, toute chose qu’il m’est donnée de vivre est une occasion d’aimer davantage. Ce confinement, soit je le saisis comme une chance extraordinaire, soit je râle. C’est une occasion de reproduire le miracle de Cana : soit je transforme chaque journée en vin extraordinaire, c’est-à-dire en amour, soit en vinaigre. Quand on est scout on aime car on est posé radicalement face au choix auquel nous engage notre promesse.



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Y-a-t-il un article de la loi scoute qui prend plus particulièrement son sens aujourd’hui ?
Je dirais l’article 1 : « Le scout met son honneur à mériter confiance ». C’est cet honneur, le fait qu’on puisse compter sur lui qui imprègne l’ensemble de la loi scoute. Quand on broie du noir on se renferme sur soi mais si on engage son honneur on se tourne vers les autres on se rend compte que la vie est plus grande et plus joyeuse quand on la donne. Le cérémonial de la promesse est le suivant : « Sur mon honneur et avec la grâce de Dieu, je m’engage à servir de mon mieux Dieu, l’Église et mon pays, à aider mon prochain en toutes circonstances et à observer la loi scoute ». Tout cela est bien évidemment ‘valable’ pendant le confinement. On sert Dieu par la prière, l’Église en montrant un visage heureux et rayonnant, et le pays dans les semaines à venir en se mettant au service de son entourage, de ses voisins… Un ami prêtre me disait qu’il y avait 25 millions de scouts dans le monde. Je vous laisse imaginer la formidable impulsion si chacun vivait sa promesse chaque jour pendant ce confinement !

Y-a-t-il un événement, un rendez-vous qui peut aider les scouts dans leur vie de prière ces prochaines semaines ?
Depuis bientôt quarante ans les Scouts unitaires de France prient le vendredi à 7h30. Cet engagement remonte au passage de Jean Paul II en France en 1981. Il avait invité les jeunes à être des hommes et des femmes de prière. Répondant à cet appel, les SUF se sont engagés à prendre quelques minutes de prière chaque vendredi au réveil, à 7h30. Je tiens énormément à cette prière et j’invite chacun à y participer. Elle peut nous aider à apprendre à demeurer chez soi. Toute choses que nous vivons, que nous traversons, même les épreuves les plus difficiles, est une occasion de conversion.



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