Découvrez ces expressions que nous utilisons depuis notre plus jeune âge. Certaines ont tellement imprégné notre culture qu’on ne soupçonne pas qu’elles puissent avoir une origine biblique. Aujourd’hui : suer sang et eau.
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Vous connaissez probablement cette expression au sens figuré, c’est-à-dire faire de grands efforts, se donner beaucoup de mal. Mais savez-vous qu’elle est également à prendre au sens propre ?
Il s’agit d’une pathologie très rare appelée hématidrose, ou phénomène de la sueur de sang. Le dernier cas, rapporté en 2017 par des médecins italiens1, est celui d’une jeune femme de 21 ans qui souffrait depuis trois ans de saignements épisodiques au niveau du visage et des paumes des mains malgré l’absence de toute lésion cutanée. Cet étrange phénomène, encore mal connu, pourrait être dû à un stress intense. S’il ne présente pas de danger pour la personne qui en souffre, il est très impressionnant et suscite beaucoup d’interrogations. Un autre article paru dans la même revue2 rapporte les travaux d’un couple de scientifiques, Joe et Alice Holoubek, qui ont recensé 76 cas d’hématidrose du XVIIe siècle à 1980. D’après une étude plus récente, 42 articles ont paru sur le sujet entre 1880 et 2017, à un rythme d’environ un tous les trois ans.
Mais bien avant le recensement des Holoubek, un autre cas d’hématidrose, également rapporté par un médecin, a traversé les siècles : dans son Évangile, saint Luc écrit l’angoisse et la souffrance de Jésus au Jardin des Oliviers. Entré en agonie, Jésus priait avec plus d’insistance, et sa sueur devint comme des gouttes de sang qui tombaient sur la terre. (Lc 22, 44)
Saint Luc, le “médecin bien-aimé” (Col 4, 14), compagnon de saint Paul, est le seul des quatre évangélistes à évoquer ce phénomène de la sueur de sang de Jésus.
Des manifestations physiques violentes
Selon le docteur Edouard Le Bec (1851-1941), chirurgien à l’hôpital Saint-Joseph de Paris, président du Bureau des constatations médicales de Lourdes (en 1922) et auteur du Supplice de la Croix (étude physiologique de la Passion), l’hématidrose se produit « dans des conditions tout à fait spéciales : une grande débilité physique, accompagnée d’un ébranlement moral, suite d’une émotion profonde, d’une grande peur ». Toutes conditions largement réunies pour Jésus, tenaillé par l’angoisse, qui affronte seul ses tourments dans la prière. Saint Luc emploie d’ailleurs le terme “agonie” qui en grec signifie lutte, anxiété.
La sueur et le sang sont alors les violentes manifestations physiques de cette profonde anxiété. “Mon âme est triste à en mourir dit Jésus” (Mt 26, 38). Si la sueur vient du péché (Gn 3, 19), le sang est nécessaire pour le pardon : “En lui, par son sang, nous avons la rédemption, le pardon de nos fautes”. (Ep 1, 7). Ce sang, « qu’il [Jésus] avait donné à l’Église peu auparavant comme boisson de salut dans le sacrement de l’Eucharistie, commençait à être versé, soulignait saint Jean Paul II dans une lettre encyclique le Jeudi saint de l’année 2003. L’agonie à Gethsémani a été l’introduction de l’agonie sur la croix le Vendredi saint ».
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Agonie, anxiété, lutte… Comment ne pas s’abandonner au désespoir ? Mais, comme le rappelle cette émouvante méditation lue lors du Chemin de Croix au Colisée en 2007, « le combat de Jésus n’aboutit pas à la tentation de se laisser vaincre par le désespoir, il aboutit à professer sa confiance dans le Père et dans son mystérieux dessein. Ce sont les paroles du Notre Père qu’il propose de nouveau en cette heure amère : priez pour ne pas entrer en tentation… “Que ce ne soit pas ma volonté qui se fasse, mais la tienne !” Et voici qu’apparaît l’ange de la consolation, du soutien et du réconfort, qui aide Jésus et qui nous aide à continuer jusqu’au bout notre chemin ».
Alors malgré toutes nos difficultés à effectuer parfois certaines tâches, la prochaine fois que nous utiliserons cette expression au sens figuré, ayons une pensée de reconnaissance et d’amour envers Celui qui l’a vécue au sens propre pour le pardon de nos péchés.
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[1] Canadian Medical Association Journal (CMAJ) : A case of blood sweating: hematohidrosis syndrome, Roberto Maglie and Marzia Caproni (23 octobre 2017)
[2] Canadian Medical Association Journal (CMAJ) : Sweating blood: history and review, Jacalyn Duffin (23 octobre 2017)