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On pourrait l'appeler les "JMJ des pauvres". Après le succès de la première édition à Rome en 2016, qui avait rassemblé plus de 3.500 personnes issues de 22 pays différents, le rassemblement Fratello se tiendra cette fois-ci à Lourdes. Du 14 au 17 novembre 2019, ce sont quelque 1.500 personnes venues de neuf pays européens qui sont attendues à l'occasion de la Journée mondiale des pauvres voulue par le pape François. Au programme, enseignements (dont une catéchèse filmée du Pape conçue spécialement pour l'occasion), temps de partage et de témoignage, spectacle musical sur Bernadette Soubirous, prière... Mais qui sont ces pèlerins peu conventionnels ? "C'est vraiment le peuple des pauvres, des tout petits, des tout cassés", explique à Aleteia Pierre Durieux, secrétaire général de l'association Lazare. "Si la jeunesse résumait le pontificat de Jean Paul II, ce qui ressemble le plus à François, ce sont les pauvres, comme l'indique le choix de son prénom".
De nombreuses associations
Les organisateurs tablent sur deux tiers de personnes en difficulté et un tiers d'accompagnateurs. "Nous proposons le plus largement possible mais d'une manière générale, ce sont plutôt des gens que nous connaissons", précise Étienne Villemain, l'un des fondateurs de Fratello, même s'il est possible que des personnes rencontrées à la dernière minute se joignent à l'aventure. D'une manière générale il s'agit de personnes fragilisées passées par la rue ou par la prostitution. Parmi elles, des chrétiens convaincus, d'autres qui affirment ne pas avoir la foi. Certaines sont très autonomes, d'autres moins. Plusieurs associations se sont organisées pour faire venir des gens qu'elles accompagnent, comme Misericordia, le Secours catholique, Aux Captifs la Libération, Lazare, mais aussi le diocèse de Paris ou de toutes petites associations venues de Pologne, d'Espagne, de Slovaquie...
"Le pauvre, c'est celui qui n'a rien, qui a faim, qui n'a pas de toit, mais c'est aussi celui qui se reconnaît dépendant. Sans le soutien de l'autre, il ne peut rien."
"La pauvreté, ce n'est pas qu'une question financière", souligne Étienne Villemain. "Le pauvre, c'est celui qui n'a rien, qui a faim, qui n'a pas de toit, mais c'est aussi celui qui se reconnaît dépendant. Sans le soutien de l'autre, il ne peut rien. Les personnes que nous accompagnons n'ont souvent plus de contact avec l'un de leurs parents, voire les deux, depuis l'âge de 16 ans. Lourdes, c'est le lieu idéal. Il n'y a pas le Pape, mais il y a la Sainte Vierge ! Marie est la porte de l'Église, c'est celle qui conduit à Jésus et qui va les consoler contre son cœur". Il explique que les pauvres ne portent pas forcément les stigmates de leur condition. "Ce sont aussi ceux qui sont isolés, qui ont zéro relation, pas d'amis, qui sont atteints de maladies psychiques, qui sont enfermés dans des souffrances où ils ne sont pas reconnus. Ce peut aussi être le copain de promo qui s'est foutu en l'air. Ils ont besoin que l'on prenne soin d'eux. C'est très difficile parfois de les voir si on ne demande pas un coup de main au Bon Dieu". D'où l'importance, selon lui, de demander un cœur de compassion.
"Se recentrer sur la mission de l'Église"
Ces gens qui participent à Fratello, qui sont-ils ? Parmi eux, Claude, accompagné par la société de Saint-Vincent-de-Paul, qui habite avec l'APA (Association pour l'amitié). Atteint d'un léger handicap intellectuel, il n'a pas vraiment d'amis et se retrouve assez isolé. Ou encore Michel, 50 ans, schizophrène, qui a passé de nombreuses années dans la rue. S'il affirme "Moi je ne crois pas en Dieu, j'ai trop souffert", il accepte pourtant de venir voir Marie. Viendra aussi Bruno, 58 ans, qui dort régulièrement à la rue et qui de temps en temps a de petits "bons plans". "Il est lumineux, il ne s'encombre pas matériellement", s'émerveille Étienne Villemain, qui pense également à Francis, 45 ans. "C'est un saint homme, il est très spirituel. Il habite sous une tente au bois de Boulogne et il a un témoignage de foi bouleversant". Il évoque également Micheline, qui lui a dit un jour : "Moi je n'ai pas d'endroit où reposer ma tête. Je dors dans une cage d’escalier, sous un pont ou entre deux voitures. Le seul endroit où je peux me reposer, c'est en Jésus".
Serge, 66 ans, et Bertrand, 28 ans, viennent quant à eux de la colocation Lazare de Nantes. Serge s'est déjà rendu deux fois à Lourdes. "Ce n'est pas parce que l'on a vu un lieu une fois que l'on a tout saisi. Avec l'âge, on voit les choses différemment", affirme-t-il. Animateur à la retraite, cet amoureux de la langue française qui écrit poèmes et chansons a rejoint Lazare il y a cinq ans. Après avoir subi une agression de la part de plusieurs jeunes, il n'arrivait plus à habiter seul. "Cela me permet de ne pas vivre seul, de vivre et d'espérer", lance-t-il avec sagesse. Pour Bertrand, qui fera aussi partie du voyage, ce temps dédié aux pauvres est l'occasion de "se recentrer sur la mission de l'Église et de donner une voix à ceux que l'on essaie de ne pas voir". Si certains, comme eux, viennent en groupe, d'autres arrivent seuls. Mais ce qui est certain, comme le souligne Étienne Villemain, c'est que tous repartiront "en faisant partie d'un peuple".