Au nord de Porto, dans la ville de Braga, se cache sur la colline Espinho un sanctuaire unique au Portugal, classé à l’Unesco le 7 juillet dernier. Appelé “Bom Jesus do Monte”, littéralement “Bon Jésus du Mont”, le site évoque la Jérusalem chrétienne, recréant un mont sacré couronné d’une église. Pour y accéder, les pèlerins doivent escalader plusieurs centaines de marches au coeur d’une forêt verdoyante. Un pèlerinage difficile mais dont le spectacle vaut le détour.C’est un chemin de croix pas comme les autres qui est proposé aux pèlerins en visite à Braga. Ici, nature luxuriante et architecture fastueuse sont le décor de ce long périple spirituel qui mène tout en haut d’une colline où domine fièrement la basilique du sanctuaire de Bom Jesus do Monte. Dissimulé dans une forêt, ce sanctuaire s’est développé sur une période de plus de 600 ans et illustre une tradition européenne de création de “montagnes sacrées”, promue par l’Église catholique lors du Concile de Trente en réaction à la réforme protestante.
Tout le site est centré sur ce qu’on appelle la “voie sacrée” qui monte tout doucement, au moyen d’un grand escalier, jusqu’en haut du mont. Tout le long de ce parcours ardu, des petites chapelles (chapelle des ténèbres, de la flagellation, du couronnement d’épines…) se succèdent entre les arbres. Elles sont toutes accompagnées d’une fontaine “païenne” (Mercure, Saturne…) pour rappeler aux pèlerins le mensonge des croyances païennes face à la vérité du message du Christ. À l’intérieur, des grandes sculptures en terre cuite représentent des scènes de la Passion. Une invitation à méditer sur les épisodes du chemin de croix avant d’arriver au pied de la basilique.
Après, plusieurs centaines de marches déjà gravies, un petite esplanade s’ouvre sur un spectacle éblouissant. Le pèlerin, déjà bien fatigué, peut le temps de quelques minutes se reposer en admirant un grand escalier baroque de 116 mètres de haut à la symétrie parfaite et réalisé en zig-zag. C’est à ses pieds que le pèlerin peut y effectuer ses vœux en échange de la promesse de grimper toutes les marches jusqu’au sommet. Composé de dix-sept paliers, cet escalier, qui fait la renommée du sanctuaire, est baptisé “l’escalier des cinq sens” en raison des fontaines symboliques se rapportant à la vision, l’ouïe, l’odorat, le goût et le toucher et qui rappellent aux pèlerins les plaisirs terrestres. Chaque fontaine est ainsi ornée d’une inscription et d’une statue se rapportant au sens évoqué. L’ouïe, qui marque le premier sens de ce pèlerinage, porte l’inscription « qui chantait au son de la cithare, présidant ceux qui chantaient et louaient le Seigneur » et l’eau qui s’écoule de la statue sort par les oreilles de celle-ci.
Dans la partie supérieure de l’escalier, le pèlerin découvre trois autres fontaines faisant référence aux trois vertus théologales : la foi, l’espérance et la charité. Sur la première, l’inscription “Il existe trois vertus… mais la plus grande, c’est la charité », rappelle aux pèlerins les fondamentaux. Enfin, arrivé au bout de ces presque 600 marches, le pèlerin découvre la grande basilique néo-classique, œuvre de l’architecte Carlos Amarante, commandée par l’archevêque Dom Gaspard de Bragance, désireux d’agrandir l’église devenue trop petite. Devant l’édifice, la “cour de Moïse”, où autrefois se trouvait un labyrinthe jardiné, est décorée d’une fontaine ornée d’un pélican, symbole de l’amour du Christ.
Mais le parcours ne s’arrête pas à la basilique. Plus loin encore, d’autres chapelles, fontaines et grottes où s’illustrent les évangélistes, des épisodes de l’Ancien Testament et des scènes postérieures à la Passion du Christ, viennent compléter ce cheminement spirituel. Pour les plus courageux, les escaliers demeurent le moyen le plus agréable pour découvrir ce sanctuaire riche en symboles. Pour ceux qui ne pourront pas effectuer le pèlerinage à pied, un funiculaire permet d’accéder au sommet. Inauguré en 1882, il s’agit du plus ancien funiculaire au monde toujours en service.
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