L’ambition est forte. Chargée de faire la lumière sur les abus sexuels commis au sein de l’Église depuis les années 1950, la CIASE lance ce lundi 3 juin un appel à témoignages pour permettre aux victimes ou témoins d’abus sexuels commis par des prêtres ou des religieux d’entrer en contact avec elle. Cet appel, lancé pour une durée d’un an, « s’inscrit dans une double perspective », détaille pour Aleteia Jean-Marc Sauvé, son président. « La première est une perspective de mémoire et de reconnaissance de la souffrance des victimes. Nous nous appuyons sur la fédération France Victimes pour assurer ce volet d’écoute et d’aide aux victimes. Ensuite, cet appel à témoignages doit nous permettre de commencer à recueillir des données quantitatives et qualitatives sur ces abus sexuels. Pour y arriver, il sera proposé aux appelants de répondre à un questionnaire anonyme précis qui permettra de décrire ce qui s’est passé : comment ? A quelle époque ? Dans quel contexte ? Quelle a été la réponse des familles quand celles-ci ont été informées ? Des plaintes ont-elles été déposées ? L’Église a-t-elle été informée et qu'a-t-elle fait?. Les questionnaires seront complétés par une série d’entretiens avec un panel de victimes ».
Déjà déployés dans plusieurs pays comme l’Australie et les Pays-Bas, ce type de dispositif « est une démarche pertinente pour rentrer dans le sujet de l’évaluation », assure Jean-Marc Sauvé. Mais attention, prévient-il, « nous mesurons bien que cette méthode ne permettra pas de cerner la totalité de ce qui s’est passé. Par définition les personnes qui appelleront seront celles qui seront touchées par notre démarche et qui auront envie d’y répondre. Nous aurons accès à un aspect de la réalité mais pas à son entièreté ».
« Il est évident que l’écoute des témoignages devra se faire dans un contexte de grande lucidité », reprend encore Jean-Marc Sauvé. « D’abord au regard de personnes qui inventeraient de toutes pièces des abus qui n’existent pas. Ensuite vis-à-vis de celles qui feraient pour un même cas des signalements multiples… Nous nous appuyons sur l’expertise de France Victimes pour l’évaluation des appels ».
De la même manière, « si un appelant signale des faits extrêmement graves et qu’une plainte n’a pas été déposée, notre équipe insistera sur la nécessité de déposer une telle plainte. Dans un certain nombre de cas, nous devrons faire des signalements directs au parquet et, en parallèle, à l’Église catholique si les personnes en question sont encore vivantes. »
Nous avons deux ans pour boucler notre recherche, notre diagnostic et nos recommandations.
Pour évaluer l’importance de ces abus sexuels, « nous ne comptons pas uniquement sur cet appel à témoignages », précise le président de la Commission. « Nous allons compléter le recueil de la parole des victimes par l’exploration des archives disponibles : celles de l’Église (diocèses et congrégations religieuses), celles de la justice et celles de la presse. Nous mènerons également des enquêtes anthropologiques sur un certain nombre de diocèses et de congrégation religieuses pour comprendre ce qui s’est passé. L’objectif ici est d’appréhender le cadre dans lequel ces abus ont pu se dérouler et les réponses données ou non à ces abus ainsi que le rôle des familles, des communautés chrétiennes, de l’Église ainsi que celui de la société civile et des autorités publiques ».
« Nous avons deux ans, c’est-à-dire jusqu’à fin 2020-début 2021, pour boucler notre recherche, notre diagnostic et nos recommandations », résume Jean-Marc Sauvé. Deux ans pour mesurer l’ampleur des abus sexuels commis au sein de l’Église depuis 1950, étudier la manière dont ces affaires ont été traitées et évaluer les mesures prises depuis le début des années 2000 par l’Église de France afin de formuler des recommandations pour que de tels actes ne se reproduisent pas et que les victimes fassent l’objet d’une prise en charge appropriée. « Il faut tenter d’approcher de la manière la plus rigoureuse possible cette réalité afin de proposer des recommandations les plus ajustées possibles ».
Numéro de téléphone: 01 80 52 33 55
Courriel : victimes@ciase.fr
Adresse postale : Service CIASE - BP 30 132 - 75525 Paris cedex 11