En s’obstinant à imposer des réformes sociétales que les Français rejettent ou n’attendent pas, le gouvernement contribue lui-même à briser la confiance. La mobilisation des Gilets jaunes soulève quelques interrogations sur le sens des priorités du gouvernement et sa capacité à entendre celle des Français. Tout d’abord, plusieurs mesures à forte valeur symbolique annoncées ces dernières semaines ne correspondent peut-être pas aux attentes les plus urgentes des Français.
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Un pouvoir déconnecté
Qu’on en juge : la “PMA pour tous” doit être autorisée le plus vite possible, déclare Marlène Schiappa ; les députés adoptent en première lecture l’interdiction de la fessée ; le ministre de la Santé Agnès Buzyn annonce le remboursement des préservatifs ; Emmanuel Macron reçoit à l’Élysée les représentants du lobby LGBT ; la réforme annoncée des pensions de réversion inquiète… Faut-il s’étonner que nombre de Français considèrent que le pouvoir politique est déconnecté des réalités ?
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Deuxième remarque, à propos des méthodes. Certes, il faut récuser la violence. Mais lorsque les Français s’expriment pacifiquement, ils ne sont pas toujours entendus. Deux exemples parmi d’autres. La Manif pour tous ? Des millions de Français dans les rues, zéro violence. Mais un pouvoir politique qui reste sourd et méprisant. Les états généraux de la bioéthique ? Une belle mobilisation citoyenne dès le début de l’année 2018, des milliers de participants paisibles et constructifs. Mais des conclusions qui ne vont pas dans les sens des préjugés idéologiques du gouvernement. Aucune prise en compte…
Une prime à la radicalisation
Ailleurs, certaines organisations syndicales emploient régulièrement la violence pour se faire entendre : grèves, blocages, séquestrations, etc. non sans succès. Lorsque les Français s’expriment paisiblement et qu’ils ne sont pas entendus, ils ont le sentiment d’être méprisés et que seule la parole des “plus forts” est audible, même s’ils sont minoritaires. Avec le quinquennat et l’élection législative qui suit immédiatement l’élection présidentielle, il n’y a plus d’élections intermédiaires. Comme l’écrit Natacha Polony : “Quand on n’offre aucun débouché politique à la révolte, on engendre la radicalisation.”
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Tribune diffusée en partenariat avec RCF Nord-de-France.