Le pape François est depuis le 22 septembre et jusqu’au 25 septembre dans les pays baltes. Un quart de siècle après la chute de l’URSS et alors que l’espérance semble souvent faire défaut, ces pays attendent du Souverain pontife un “encouragement”.Le voyage de François dans les pays baltes arrive 100 ans après la première indépendance de l’un d’entre eux et 25 ans après la visite de Jean Paul II. Il s’agissait alors de la première déplacement d’un successeur de Pierre sur le territoire de l’ex-URSS. Le pape polonais avait invité à la réconciliation et au pardon des oppresseurs. Un appel donc à ne pas s’en prendre aux minorités russes qui vivaient, et vivent toujours, dans la zone.
La visite du pape argentin s’inscrit dans un climat bien sûr plus apaisé. Toutefois, il vient lui aussi pour rendre hommage à ces communautés persécutées pendant la période soviétique. Fait inhabituel pour le pape François, plusieurs des étapes de son voyage ne sont pas directement liées aux communautés catholiques ou aux visites officielles habituelles.
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A Vilnius (Lituanie), il a ainsi visité un musée installé dans les anciens locaux du KGB. Juste avant cela, il s’est recueilli devant un monument érigé en mémoire du ghetto juif de la ville, liquidé 75 ans jour pour jour plus tôt. Un autre temps de recueillement a eu lieu devant l’image de la Madone de Sibérie, en mémoire des déportés. A Riga (Lettonie), il déposera une gerbe de fleurs au pied du Monument de la liberté, au cours d’une cérémonie officielle.
Pour un prêtre qui travaille au Vatican, ce travail de mémoire est “nécessaire” aux trois pays. Selon lui, ces pays sont en effet encore marqués par les conséquences de l’URSS, notamment avec un manque de maturité démocratique. Au niveau ecclésial, estime-t-il, cela se reflète par un “manque de créativité” pastorale, par une incapacité à transmettre la foi aux jeunes après des années d’interdiction de pratique du catéchisme.
Ainsi, tant l’Eglise locale que la société tout entière ont besoin d’une parole “d’encouragement” du pape François. Une attente qui se manifeste notamment dans les thèmes choisis par deux des trois pays pour cette visite apostolique : ‘Jésus-Christ, notre espérance’ en Lituanie et ‘Réveille-toi mon cœur’ en Estonie.
Suicide et alcoolisme
Un quart de siècle après la fin du soviétisme, les pays baltes sont en effet marqués par un manque d’espérance. Selon un rapport de l’Organisation mondiale de la santé de 2015, la Lituanie, la Lettonie et l’Estonie sont ainsi respectivement les 8e, 20e et 23e pays où le taux de suicide est le plus haut.
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L’alcoolisme fait aussi des ravages : la Lituanie est ainsi le pays avec la plus forte consommation d’alcool au monde. La Lettonie et l’Estonie se classent elles-aussi parmi les 15 premiers pays du classement. Les personnes dépendantes – à l’alcool ou à d’autres drogues – constituent d’ailleurs le gros des personnes accompagnées par les œuvres de charité que le pape François visitera le 25 septembre en Estonie.
Bien que ces pays soient relativement prospères – ils sont notamment tous trois membres de la zone euro – ils subissent également une forte émigration, conjuguée à une natalité très faible. Depuis l’effondrement de l’URSS au début des années 1990, la Lituanie et la Lettonie ont ainsi perdu environ un quart de leur population, tandis que l’Estonie en a perdu un cinquième.
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Pour l’Eglise, cette perte d’espérance se double de la montée grandissante de la sécularisation. Pour la responsable de la communication de l’administration apostolique d’Estonie, Marge-Marie Paas, le principal défi est ainsi l’indifférence religieuse. Pas moins de 78% de la population de ce pays ne revendiquent ainsi aucune religion. Et la moitié des habitants se considèrent comme athées.
Une terre œcuménique
Malgré ce constat, un autre enjeu de la visite du Souverain pontife est bien religieux : l’œcuménisme. En Lituanie, les catholiques sont majoritaires, mais en Lettonie ce sont les protestants et en Estonie les orthodoxes. Les trois grandes familles du christianisme sont ainsi représentées par ces trois pays et y cohabitent.
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Deux moments de prière ou de rencontre œcuméniques sont ainsi au programme du pape – l’un en Lettonie, l’autre en Estonie. A chaque fois, ils auront lieu dans des lieux de cultes protestants, gage des “bonnes relations” existantes, pour Greg Burke, directeur du Bureau de presse du Saint-Siège. Selon Marge-Marie Paas, les relations avec l’Eglise orthodoxe russe sont également bonnes. Le métropolite orthodoxe d’Estonie ne rencontrera toutefois pas le pape François : le précédent est mort il y a quelques mois et son successeur, venu de Moscou, n’arrivera que fin octobre dans le pays.
En se rendant dans les pays baltes, le pape François n’aura d’ailleurs jamais été aussi près de la capitale de la Russie. L’Estonie et la Lettonie partagent d’ailleurs de larges frontières avec le géant russe. Si le Souverain pontife devrait aborder dans ses discours l’époque de l’annexion soviétique, “il ne devrait pas mélanger” ce voyage aux affaires russes, affirme un collaborateur de la Secrétairerie d’Etat. “Il ne faut pas s’attendre à des messages politiques” dirigés vers Moscou, considère-t-il.
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