Découvrez ces expressions que nous utilisons depuis notre plus jeune âge. Certaines ont tellement imprégné notre culture qu’on ne soupçonne pas qu’elles puissent avoir une origine biblique.Écrivains, photographes, auteurs-compositeurs… ils sont nombreux à avoir été inspirés par cette expression. En 2015, Matthieu Chedid en a fait un titre en l’honneur des victimes de l’attentat de Charlie Hebdo, clamant son amour pour la liberté et invitant les Français à chanter à l’unisson, et le skipper Eric Bellion est arrivé 9e du Vendée Globe 2016 sur son IMOCA (classe de voiliers monocoques de 60 pieds, soit 18,28 mètres) baptisé “Comme un seul homme”, un nom et une expression qui portent l’idée d’un même mouvement, d’un ensemble qui ne fait qu’un et résument bien le message de ce sportif engagé : « Nos différences sont une valeur ajoutée, la diversité est une force, handicap ne veut pas dire incapacité. »
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Cette expression nous vient tout droit de l’Ancien Testament où on la retrouve à plusieurs reprises, avec la même idée de collectif et d’unité : Livres de Samuel (1 S 11, 7, 2 S 19, 15), d’Esdras (Esd 3, 1), de Néhémie (Ne 8, 1) ou encore des Juges :
“Tout le peuple se leva comme un seul homme en disant : « Aucun d’entre nous ne reviendra à sa tente, aucun d’entre nous ne regagnera sa maison.” (Jg 20, 8)
“Ainsi tous les hommes d’Israël s’assemblèrent contre la ville, unis comme un seul homme.” (Jg 20, 11)
Traditionnellement attribué à Samuel, le Livre des Juges raconte la période de l’histoire des Hébreux entre la conquête du pays de Canaan et l’installation de la royauté. Le thème principal en est le rejet de l’autorité divine.
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Une fois Canaan conquis, le pays est partagé entre les douze tribus qui s’installent et entreprennent de construire la nation. L’entreprise est ardue car les tribus se confrontent à la population cananéenne ou aux royaumes voisins et n’ont pas de chef désigné. Les Juges qui ont donné son nom au livre ne sont pas des juristes mais des chefs militaires qui protègent le peuple et exercent le pouvoir. Ils peuvent jouer des rôles importants en temps de crise et plusieurs deviennent des héros comme Samson, Gédéon ou Déborah.
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Un sentiment d’unité nationale
Le chapitre 20, d’où est tiré le passage ci-dessus, fait partie des trois derniers chapitres du livre, qui racontent une histoire tout à fait sordide et ses conséquences dramatiques.
Un lévite (membre de la tribu de Lévi) et sa concubine, issue de la tribu de Juda, passent la nuit à Guibéa, ville de la tribu de Benjamin. Ils sont accueillis par un homme âgé qui leur offre l’hospitalité. Alors qu’ils sont en train de prendre leur repas, des hommes de la ville, “de vrais vauriens”, attaquent la maison et exigent du vieillard qu’il leur livre son invité. Refusant de déroger aux lois de l’hospitalité, l’homme est prêt à leur livrer à la place sa propre fille, vierge, mais le lévite ouvre la porte et leur abandonne sa concubine. Le lendemain matin, il retrouve devant la porte le corps de la femme, violée à mort par les hommes de la ville. Il ramène alors le corps chez lui puis le découpe en douze morceaux, un morceau pour chaque tribu, qu’il envoie dans tout le territoire.
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Par ce procédé, le lévite en appelle au sentiment d’unité nationale et à Israël comme corps pour venger le meurtre de l’un de ses membres. Aussitôt, tout le peuple d’Israël se rassemble, “comme un seul homme” pour exiger réparation de ce crime odieux.
Dans le premier Livre de Samuel, Saül, premier roi des Israélites en terre d’Israël, doit fédérer les tribus pour partir en guerre et sauver une ville assiégée. Il dépèce alors des bœufs et en envoie les morceaux dans tout le territoire avec le message suivant : « Celui qui ne partira pas au combat derrière Saül et Samuel, voilà ce qui arrivera à ses bœufs ! » (1 S 11, 7). Un geste qui rappelle le démembrement de la concubine du lévite à Guibéa. Il a d’ailleurs pour conséquence le même résultat : la mobilisation immédiate et le rassemblement des douze tribus “comme un seul homme”.
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