Tandis que le cours en bourse de l’action Facebook dégringole, le réseau social est pointé du doigt pour son contrôle défaillant à l’égard des mineurs. Le documentaire “Inside Facebook”, diffusé par la chaîne britannique Channel 4, révèle que la politique de contrôle de Facebook revient simplement à ignorer les utilisateurs qui semblent mineurs.
Inside Facebook : les mineurs ignorés
Parvenu à être recruté par Cpl Resources, une entreprise sous-traitante de Facebook chargée de la modération du contenu partagé sur le réseau social, un journaliste de la chaîne britannique Channel 4 a révélé au public les défaillances du processus de contrôle de Facebook. Le reportage dévoile que le réseau social tolère la présence de groupes activistes radicaux et de mineurs de moins de 13 ans. Un « examinateur », suivi par le journaliste, reconnaît qu’en présence d’un compte crée par un enfant mineur, la société les invite à « fermer les yeux, ils n’ont rien vu ». Ils ignorent donc purement et simplement les comptes en dessous de l’âge autorisé – 13 ans – en prétendant « jouer à l’aveugle ». Cette attitude laxiste est également pratiquée par Instagram et, auparavant, par Twitter. Lorsqu’un mineur désirait s’inscrire sur l’un de ces réseaux sociaux, il lui suffisait d’entrer une fausse date de naissance et le tour était joué. En l’absence de signalement par un autre utilisateur, les modérateurs n’enquêtaient pas sur ces comptes. Et pour cause, une grande partie des revenus publicitaires de Facebook dépend de ces jeunes utilisateurs…
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La mise en place de nouveaux dispositifs
Sans attendre les révélations d’une enquête choc ou l’entrée en vigueur du Règlement européen sur la protection des données personnelles en mai dernier, Twitter est le premier à avoir rendu effective la limite d’âge. Du jour au lendemain, de nombreux comptes de mineurs de moins de 13 ans ont été suspendus en l’attente d’une preuve, attestation parentale à l’appui, qu’ils avaient effectivement l’âge requis. À défaut de preuve, le compte est automatiquement supprimé. En réaction à la diffusion de l’enquête Inside Facebook, dans un article du site spécialisé Techcrunch, les responsables de Facebook et Instagram ont annoncé la mise en place de nouveaux dispositifs de contrôle plus agressifs, similaires à ceux de Twitter.
C’est déjà l’appel que lançait le Pape François aux « gérants du Web » fin 2017 au Vatican lors d’un congrès international sur la protection des enfants dans le monde numérique. Pour le souverain pontife, le web n’est pas qu’un « royaume de liberté illimitée » sans conséquence, il a aussi « un côté sombre ». « Nous sommes appelés à nous mobiliser ensemble […] afin de donner des réponses efficaces », a-t-il déclaré. En attendant la mise en place effective de ces contrôles, les parents d’enfants mineurs doivent exercer une veille active. Le site de l’association e-Enfance recommande ainsi d’installer l’ordinateur dans une pièce commune et d’interdire son utilisation à un enfant seul dans une pièce. Les adultes peuvent encore sensibiliser leurs enfants aux risques de ces réseaux, installer un contrôle parental sur l’ordinateur ou vérifier leurs paramètres de confidentialité. Aussi insignifiantes qu’elles puissent paraître, toutes ces mesures sont nécessaires pour préserver la sensibilité des enfants.
Vidéo du discours du Pape François au Congrès « Child Dignity in the Digital World » :