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On sait peu de choses de la vie de Prosper (env. 390- env. 463), si ce n’est que c'est un laïc né en Aquitaine, qu'en 428 il est à Marseille et qu'à partir de 440, il est rédacteur à la chancellerie pontificale de Léon le Grand. On sait aussi qu’il aime la vie monastique et qu’il écrit de belles œuvres poétiques. C'est d'ailleurs pourquoi il est le saint patron des poètes. "Ce savant homme semble avoir passé sa vie la plume à la main", souligne l’abbé Léon Jaud (1856-1934), prêtre du diocèse de Luçon, dans Les vies des saints pour tous les jours de l’année.
Le Pape, rapporte-t-il, "admirait tellement son érudition et sa sainteté qu’il se servait de lui, comme saint Damase avait fait de saint Jérôme, pour répondre aux questions qui lui étaient adressées de tout l'univers chrétien". Et l’abbé lui reconnaît "une ardeur incroyable dans les controverses religieuses de son époque, pour défendre et propager la pensée d’Augustin". Les deux hommes, contemporains quelques années, ne se sont pourtant jamais rencontrés. Ils ont en revanche beaucoup correspondu.
Don de persévérance
Cette ardeur à défendre la pensée d’Augustin, Prosper s’est fait un devoir de l’entretenir plus que jamais après sa mort (430). Il est même allé jusqu’à Rome demander au pape Célestin Ier de trancher le conflit qui opposait la pensée d'Augustin à celle des pélagiens et des donatiens. Celui-ci ne tranchera pas mais adressera à tous les évêques de Gaule une lettre contenant un vibrant hommage d'Augustin. Les théories dites semi-pélagiennes ne seront rejetées officiellement qu'en 529. En attendant Prosper continue à écrire, jetant le trouble parmi les adversaires les plus déterminés tels que Jean Cassien ou Vincent de Lérins, les fondateurs respectivement du monastère Saint-Victor de Marseille et de l'abbaye de Lérins, en Provence.
Parallèlement à cette "théologie de combat", comme on voit souvent décrit cette détermination à faire connaître la richesse de la doctrine d’Augustin, Prosper a composé un recueil de près de 400 citations extraites de son œuvre à faire connaître au grand public. Ce Liber Sententiarum, auquel on trouve quelques imperfections, a au moins eu "le mérite d'assurer une large diffusion de la pensée augustinienne au Moyen Âge", souligne dans La Croix le biographe Xavier Lecoeur. On dit que c'est d'ailleurs sans doute grâce à saint Prosper qu'Augustin fut reconnu très tôt comme le grand docteur de l’Église d'Occident. Ce titre lui sera conféré en 1295 par Boniface VIII, au même moment qu'Ambroise de Milan, Jérôme de Stridon et Grégoire le Grand.