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Est-ce que l’Enfant-Jésus savait ce qui allait lui arriver ?

ZURBARAN JESUS

Domaine Public

Caroline Becker - publié le 25/05/18

En février dernier, la Fondation Bemberg de Toulouse a fait l'acquisition d'une œuvre du peintre espagnol Francisco Zurbaran lors d'une vente aux enchères à Madrid. L'iconographie de ce tableau, centrée sur l'Enfant-Jésus, y est étonnante. L'occasion de se pencher sur ce type de représentations.

Provenant de la collection des ducs de Sotomayor, ce tableau de Francisco Zurbaran, célèbre peintre espagnol du XVIIe siècle, vient de rentrer à la Fondation Bemberg de Toulouse. Un événement exceptionnel sachant que les œuvres de ce grand maître de l’âge d’or espagnol sont rares en France. La peinture, de grand format, représente l’Enfant-Jésus se blessant avec sa couronne d’épines. Une iconographie touchante mais peu rencontrée dans la peinture occidentale.

ZURBARAN JESUS
Domaine Public

Dans ce tableau de format vertical, l’Enfant-Jésus s’amuse à tresser les branches couvertes d’épines pour en faire une couronne. Zurbaran a représenté le moment où l’Enfant se blesse le doigt, préfigurant ainsi les douleurs à venir. Cette iconographie étonnante se rencontre davantage en Espagne qu’en France. Elle illustre ce qu’on appelle l’Enfant-Jésus “Portacroce” c’est-à-dire, “l’Enfant-Jésus de la Passion”. Mais pourquoi une telle iconographie ?




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Une préfiguration de la crucifixion

Au Moyen Âge, l’idée que l’Enfant-Jésus savait d’avance ce qui allait lui arriver était bien intégrée par les fidèles. Dans ses écrits, saint Thomas déclarait lui-même : « Au moment de sa conception, la première pensée du Christ fut pour la Croix. » Dans la Bible, cette idée est consolidée par l’épisode où Jésus, à l’âge de douze ans, s’entretient au Temple de Jérusalem au milieu des docteurs de la Loi tandis que ses parents, Marie et Joseph, s’inquiètent de ne pas le trouver : « Mon enfant, pourquoi nous as-tu fait cela ? Vois comme ton père et moi, nous avons souffert en te cherchant ! ». Il leur dit : « Comment se fait-il que vous m’ayez cherché ? Ne saviez-vous pas qu’il me faut être chez mon Père ?”. Mais ils ne comprirent pas ce qu’il leur disait. (Mt, 2, 48-50).

Si cette iconographie est rare en Occident, elle n’est pas inexistante. Le culte de l’Enfant-Jésus se développe très tôt dans la chrétienté, dès le IIIe siècle, mais il faut attendre le Moyen Âge pour voir apparaître véritablement des Enfants-Jésus accompagnés des instruments de la Passion. Plus développée dans les pays sous influence byzantine, cette iconographie apparaîtra petit à petit dans les pays occidentaux vers le XVe siècle. En France, il faudra attendre le XVIIe siècle pour en voir quelques exemples, encouragés par la Réforme catholique. Ces représentations de “l’Enfant-Jésus de la Passion” pouvaient prendre différentes formes. On le représentait, tour à tour, soutenant la croix, bénissant les instruments de la Passion, revêtant un manteau pourpre, tenant les clous ou bien la couronne d’épines comme dans le tableau de Francisco Zurbaran.




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Tableau des Frères Le Nain

Une découverte récente des Frères Le Nain

Récemment, un tableau des frères Le Nain, évoquant le même type iconographique, a réapparu de manière exceptionnelle à l’automne 2017, lors d’un inventaire privé. Une retraitée vendéenne, qui souhaitait vendre un de ses tableaux, a contacté la maison de vente aux enchères Rouillac afin de faire expertiser son bien. Bouleversé par le tableau, le commissaire-priseur préssent que ce celui-ci n’est pas anodin. Après être passé dans les mains de différents experts le verdict tombe. Il s’agit bien d’un tableau des frères Le Nain, plus possiblement de Mathieu Le Nain ! La découverte a fait l’effet d’une bombe sachant qu’aucun spécialiste du peintre ne connaissait l’existence de cette toile. L’Enfant y est agenouillé et médite devant les instruments de la Passion. Tout autour de lui s’étalent le pichet avec lequel Ponce Pilate se lava les mains, l’échelle qui servit à la descente de la croix et la lanterne des soldats. Le tableau sera vendu aux enchères le 10 juin prochain et son prix est estimé entre 3 et 5 millions d’euros. La ville de Laon, d’où sont originaires les frères Le Nain, espère pouvoir acquérir ce tableau afin de compléter les collections de son musée.




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ArtsPatrimoine
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