Emmanuel Macron a dévoilé mardi une série de mesures pour les quartiers défavorisés. Ses annonces ont déçu de nombreux acteurs de terrain, élus et associations. Aleteia vous propose de découvrir différentes initiatives menées dans les quartiers sensibles qui sont aussi des lieux de rencontres et de croissance.
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« Je ne vais pas annoncer un plan banlieues », a déclaré mardi le chef de l’Etat devant plus de 600 acteurs de terrain. Car « on est au bout » de ce qu’a pu produire cette stratégie « aussi âgée que moi », a ajouté le Président de la République qui a égrené quelques mesures déjà prises par le gouvernement depuis un an comme la mise en place de police de proximité, le dédoublement des classes de CP ou bien la mise à l’amende des consommateurs de cannabis. Le chef de l’État s’est en réalité borné à confirmer le rôle déterminant de l’Anru (Agence nationale pour la rénovation urbaine) pour les banlieues et à reprendre une seule proposition du rapport Borloo, à savoir la création de 30.000 places en crèche pour favoriser le travail des femmes.
Mais parce que les banlieues ce ne sont pas seulement des barres d’immeubles décrépits ou le lieu d’une délinquance galopante, Aleteia s’est intéressé aux nombreuses initiatives menées auprès des habitants des cités aussi bien dans le domaine de l’éducation que de la culture ou de l’insertion. Des initiatives qui sont de vraies sources d’espérance.
VoisinMalin, quand le voisin toque à la porte
Au cœur des quartiers sensibles, l’association VoisinMalin part d’un constat : les habitants des quartiers difficiles ne sont pas toujours au courant des services existants, des droits auxquels ils peuvent prétendre ou des trucs et astuces qui pourraient contribuer à améliorer leur vie quotidienne. Fort de ce constat, le mouvement a fait le choix de s’appuyer sur un réseau d’ “habitants ressource”. Embauchés en CDI, ils ont pour mission de faire du porte-à-porte afin de transmettre des informations utiles à leurs voisins. Les sujets sont variés, de la consommation d’eau à la façon de se débarrasser des punaises de lit. Appelés “Voisins Malins”, ils ont l’avantage d’avoir une bonne connaissance de leur quartier. Le but de l’association ? Que “les habitants sortent du repli sur soi et deviennent plus acteurs de leur situation et de leur ville”. Aujourd’hui, on compte plus de soixante dix Voisins Malins, présents dans neuf quartiers prioritaires.
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Avec les Apprentis d’Auteuil, le retour à l’emploi
Depuis plus d’un siècle, la fondation des Apprentis d’Auteuil agit auprès des jeunes et des familles. Elle a récemment coordonné un programme d’insertion pour les jeunes des quartiers, Impact Jeunes, qui se développe aujourd’hui dans deux quartiers de Marseille ainsi que dans un autre à Tarascon (Bouches-du-Rhône). Il propose aux jeunes des quartiers prioritaires de 13 à 30 ans “de passer de l’envie à la réussite”. Pour cela, ils sont accompagnés dans la durée. Chacune des étapes de leur parcours d’insertion professionnelle est prise en compte. Aujourd’hui, grâce à ce programme et à la mobilisation de nombreuses entreprises, quarante-trois jeunes sont inscrits dans une formation qui les motive. Le maître-mot ? Donner “l’envie d’avoir envie”.
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Le Valdocco, en avant avec Jean Bosco
Implanté dans neuf quartiers prioritaires à Argenteuil, Grand Lyon/Vaulx-en-Velin, Nice et Lille, Le Valdocco a été fondé en 1995 grâce à la rencontre de parents de jeunes de cités et de Salésiens de Don Bosco. Sa pédagogie, s’inspirant de celle préconisée par Jean Bosco, “s’appuie sur une posture de confiance à donner aux jeunes ainsi qu’une posture d’alliance, en les considérant comme acteurs du processus éducatif”. Le Valdocco intervient dans les domaines de la protection de l’enfance, l’éducation et de l’insertion. En 2017, il a pu intervenir auprès de 1 500 jeunes et familles.
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Espérance banlieues, la réussite par l’école
Onze écoles “Espérance banlieue” existent aujourd’hui, à Roubaix, Sartrouville, Marseille… Atypiques, ces établissements privés hors contrat assument une “pédagogie de la réussite” exigeante aussi bien pour les enfants que pour leurs parents. Le leitmotiv ? “Favoriser l’accès de tous les enfants de banlieue à une instruction de qualité” et “transmettre la connaissance et l’amour de la culture française”. À Espérance banlieues, on mise sur de faibles effectifs, une pédagogie sur mesure pour chaque enfant, le port de l’uniforme, les activités périscolaires (sport, chant, théâtre…). Les professeurs souhaitent transmettre à leur élèves rigueur et cohérence dans leur réflexion afin qu’ils puissent devenir des adultes aptes à s’intégrer dans une société française qu’ils auront appris à aimer.
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ATD Quart Monde, la rencontre autour du livre
ATD Quart Monde a été créé en 1957 par le père Joseph Wresinski. Le mouvement combat la pauvreté en agissant sur le terrain, auprès des institutions et de l’opinion publique. Les actions menées sont nombreuses. Parmi elles, les bibliothèques de rue. Le principe ? Introduire le livre auprès d’enfants défavorisés et de leurs familles en l’apportant au sein même de leur lieu de vie, afin de les rejoindre là où ils sont. C’est “un moment de paix” autour de la lecture. Des liens peuvent se tisser entre les personnes présentes. Au-delà de l’aspect culturel, la dimension relationnelle est essentielle. En France, de Montreuil (Seine-Saint-Denis) aux Orgues de Flandres (Paris XIXe), ATD anime une cinquantaine de bibliothèques de rue.
Le Rocher Oasis des Cités, un pont dans les quartiers
Cette association est présente aujourd’hui dans huit quartiers français, de Rillieux-la-Pape (métropole de Lyon) à La Beaucaire (Toulon) en passant par la cité Mistral (Grenoble). L’idée ? Construire des ponts entre ces quartiers périphériques et les autres. Ce projet audacieux s’articule autour de trois éléments essentiels : vivre ensemble, grandir ensemble, bâtir ensemble. Les équipes du Rocher sont animées par un désir de rencontre. Elles font le choix d’habiter en cité afin de partager la vie quotidienne des habitants, nourrissant ainsi les liens de confiance et d’amitié. De nombreuses activités sont proposées : accompagnement à la scolarité, cours de français adultes, animations de rue auprès des enfants, cafés-philo, mais aussi visites à domicile ou camps de jeunes. En 2016, les équipes du Rocher ont effectué 826 heures d’animation au pied des immeubles, de cafés de rue ou de tournées de halls nocturnes.
Les patronages, des activités éducatives dans un esprit chrétien
Alors qu’on les croyait tombés en désuétude, on les voit renaître avec succès. À l’origine, les patronages étaient essentiellement destinés aux jeunes de milieux populaires. On fête aujourd’hui leur retour. Pendant les vacances et durant les temps périscolaires, ils accueillent les enfants et adolescents pour des activités éducatives dans un esprit chrétien. Parmi eux, on note le patronage Saint-Jean XXIII, à Meyzieu (banlieue lyonnaise), le patronage historique Les Bleuets, à Denain (Nord), ou encore le patronage Saint Étienne, à Mantes-la-Jolie (Yvelines). Là-bas, on enseigne aux jeunes l’art de vivre ensemble. Selon les endroits, on leur propose aide aux devoirs, club de foot, billard, tir à l’arc… Avec cette ultime finalité : accompagner le jeune dans sa croissance du corps, de l’âme et de l’esprit.
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La Fraternité Bernadette, à l’école de la sainte de Lourdes
Dans les quartiers nord de Marseille, la Fraternité Bernadette se définit comme une “présence de compassion au service des petits et des humbles”. Une maison est installée au cœur de la cité. L’équipe y habite et se rend disponible pour les habitants du quartier qui viennent frapper à sa porte. Les trois clefs de cette fondation, “prier”, “vivre avec”, “être missionnaire”, reflètent l’esprit qui y règne. Ses membres ont à cœur de rendre visite aux familles à domicile pour partager leurs joies et leurs peines et “réveiller en eux l’Espérance”. Ils proposent également du soutien scolaire, des activités sportives et culturelles (roller, hip hop, skate), ainsi que des sorties culturelles, des temps de vacances, des programmes d’aide à la parentalité… Leur devise ? “Aimer sans compter et se donner sans mesure”.