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Du néopaganisme… au pèlerinage militaire international

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Guillaume Desvignes - publié le 23/05/18

Aumônier militaire laïc de la Gendarmerie, Jean-Charles Bosansky n’a manqué aucun pèlerinage militaire international (PMI) à Lourdes depuis 2009. De retour de la cité mariale, il revient sur la 60e édition qui s’est achevée dimanche, jour de la Pentecôte. Pour cet ancien soldat, converti en 2009, ce rendez-vous est l’occasion de « regarnir ses chargeurs pour repartir à la bataille ».

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Aleteia : Avant d’évoquer le PMI, qui a tant d’importance pour vous, peut-on rappeler votre itinéraire et votre rencontre avec Jésus ?
Jean-Charles Bosansky : J’ai été baptisé à l’âge de trois mois. Sans doute par habitude ou par réflexe culturel. Mes parents n’étaient pas croyants. J’ai donc grandi dans un univers parfois proche de l’anticléricalisme. Je pensais que toutes les bondieuseries n’étaient que des béquilles pour esprits faibles. Après une adolescence plutôt tumultueuse, je deviens soldat et je découvre dans les armées une fraternité, des valeurs et un code qui me touchent énormément. Mais ça s’arrête là.

Dieu est alors toujours absent de votre vie ?
Je me consacrais à mon boulot. Et pas mal à faire la bringue. J’étais alors tourné vers une recherche permanente du plaisir. Mais j’avais beau la satisfaire, la sensation d’être repu ne me rendait pas heureux. En 2007, le décès de ma petite sœur me laisse dans l’incompréhension, nourrit une grande colère en moi et intensifie encore ma quête des plaisirs que je sais pourtant stérile.

Dans quelles circonstances allez-vous sortir de cette spirale ?
Je servais alors à l’école spéciale militaire de Saint-Cyr comme instructeur de tir de combat. En septembre 2007, le père Christian a été nommé aumônier de l’ESM et nous échangions régulièrement. Un jour, il m’a proposé de suivre un parcours Alpha. Face à mes réticences, il m’a assuré qu’au moins je mangerai ainsi un repas équilibré par semaine ! La question sur laquelle portait la troisième réunion, à l’issue de laquelle je comptais tout arrêter, était : « Pourquoi Jésus est-il mort ? ». Question qui alors me choque et me met en colère : « Cela s’est passé il y a 2000 ans, je ne connais pas ce Jésus et je ne lui ai rien demandé ! ».

HOMMAGE BELTRAME
Josette_Bosansky
Jean-Charles Bosansky

On ne peut pas dire que le parcours Alpha se soit révélé très profitable !
Je me suis ouvert de ma révolte au Padre Christian qui m’a indiqué que la réponse à cette question n’était pas dans mon cerveau, mais dans mon cœur. Et il m’a envoyé suivre une retraite de Saint-Ignace. J’étais fatigué. J’avais besoin de faire le point. Et je rentre dans les Exercices. Je comprends vite qu’il s’agit de mettre en perspective nos vie avec celle de Jésus. Le bilan que je fais de la mienne n’est pas très brillant.

C’est encore un prêtre, dans le cadre de cette retraite, qui va jouer un rôle déterminant
Cet homme me dit en effet de songer au regard de Jésus sur Pierre lors de la quatrième station du Chemin de Croix : « Le Seigneur, se retournant, posa son regard sur Pierre ; et Pierre se rappela la parole du Seigneur qui lui avait dit : “Avant que le coq chante aujourd’hui, tu m’auras renié trois fois”. Il sortit et pleura amèrement » (Mt 26, 34). J’ai alors vu le regard de Jésus sur moi. Je me suis effondré. Je suis tombé à genoux, j’ai pleuré et j’ai demandé pardon à Dieu. J’étais entré néo-païen dans cette retraite, je suis sorti papiste ultramontain !




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Votre vie bascule alors…
Mon plus grand désir devient alors de Lui appartenir et d’annoncer cette Bonne Nouvelle que je venais de recevoir. Je me rends compte que ma place n’est plus à l’armée. Non pas que cela ne me plaît plus, mais il me faut passer à autre chose. Solidement accompagné par mon père spirituel, je reçois la confirmation en 2009 au pèlerinage militaire international. En 2011, je me lance dans des études de théologie. Et l’année suivante, j’intègre l’aumônerie de la gendarmerie du Morbihan comme réserviste. La question que je me posais et que je me pose toujours est : « Pourquoi moi ? » Des tas de gens très bien feraient cela bien mieux que moi. Jésus est un curieux DRH. Mais il fait avec ce qu’on lui donne. J’ai fini par le comprendre.

Depuis, vous n’avez pas manqué un seul PMI. Que venez-vous y chercher ?
C’est un peu mon 14 juillet spirituel ! Je reste profondément marqué par l’expérience de 2009. Dès que j’y retourne, le parfum du Saint Chrême me remonte aux narines ! Le PMI me fait surtout l’effet d’un renouvellement de contrat. La grande chance d’un converti, c’est de se rappeler en permanence le jour et l’heure de sa rencontre avec le Christ. Mais malgré cette expérience indicible, la pâte humaine est pêcheresse et comme tout le monde, je chute. Ainsi, à Lourdes, je renouvelle le contrat avec Jésus et avec Marie.

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Hospitalité Notre-Dame des Armées
La secrétaire d'État auprès de la ministre des Armées, Geneviève Darrieussecq, s'est rendue à Lourdes à l'occasion du pèlerinage militaire international 2018.

Quelle place la Vierge occupe-t-elle chez vous ?
Marie, je l’ai rencontrée en même temps que Jésus. Sous le choc de la conversion, je m’étais réfugié dans une chapelle au pied de sa statue. Et j’ai immédiatement senti que ma place était à ses pieds. Ce ne fut pas un moment de joie euphorique, mais de profonde consolation. J’ai alors éprouvé un puissant sentiment de plénitude physique, psychologique, spirituelle. Je suis par ailleurs très attaché au chapelet, la « prière des pauvres ». Dans la prière on est souvent très exigeant avec Dieu et avec nous-mêmes : la récitation du Rosaire nous replace à notre juste position.

Dans le pèlerinage, il existe une dimension collective essentielle, or nous avons surtout parlé de votre relation personnelle avec Jésus.
« Je crois en l’homme parce que je crois en Dieu », a dit Robert Hossein. Je me reconnais parfaitement dans ce propos, bien que je demeure persuadé que même si j’avais été le seul homme à habiter la terre, le Christ serait tout de même mort pour moi. La démarche collective reste essentielle, et ce n’est pas un hasard si la prière que Jésus nous a laissée commence par Notre Père. Mon salut passe par celui des Autres : j’en suis intiment persuadé. Saint Jean le dit dans sa Première Lettre : « Celui qui aime son frère demeure dans la lumière, et il n’y a en lui aucune occasion de chute. Mais celui qui a de la haine contre son frère est dans les ténèbres ».




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Quelles images fortes conservez-vous de la 60e édition du PMI qui s’est achevée dimanche ?
La première est celle d’un gendarme tout seul, à la grotte le soir, en prière sur un banc. Avec mon binôme, Eflamm, lui aussi aumônier militaire, nous nous sommes arrêtés et nous nous sommes assis au dernier rang. On a prié pour lui, et nous avons même pris une photo tant nous étions saisis par son recueillement. La seconde est celle du dépôt du cierge aux morts de la gendarmerie, dans le contexte particulier de la mort d’Arnaud Beltrame.

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Jean-Charles Bosansnky
Un gendarme dans un instant de recueillement, seul le soir devant la grotte de la Vierge Marie à Lourdes, à l'occasion du pèlerinage militaire international.

La figure du colonel Beltrame a-t-elle particulièrement marqué ce pèlerinage ?
Le thème d’un PMI précédent était : « Qu’as-tu fait de ton frère ? ». Arnaud Beltrame a donné une résonnance ultime à cette question en donnant sa vie pour un autre. Avec sa mort, tout devient beaucoup plus clair. Il y avait une vraie émotion à Lourdes, d’autant plus forte chez moi que la gendarmerie du Morbihan a été endeuillée par la mort accidentelle d’un de ses motards lors d’une mission récente. Deux destins, une même mission : être au service des autres, par charité. Arnaud Beltrame comme ce motard anonyme sont à mes yeux aussi importants l’un que l’autre. Leur action est porteuse de sens et leur mort en prend aussi de ce fait. J’ajoute enfin que l’hommage que nos camarades américains ont rendu au colonel Beltrame nous a beaucoup touchés. Avec ces frères de l’autre bout de l’Océan, nous n’étions pas seuls.


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Autre moment poignant du PMI, le Challenge des blessés et valides…
Le challenge, organisé par l’hospitalité Notre-Dame des Armées, est en effet un autre moment de la mise en œuvre de la puissance d’amour du Christ. Un moment où l’on peut voir Jésus dans le regard des autres. Qu’est ce qui amène ces sportifs de haut niveau à pousser des goélettes alors qu’il n’y a ni enjeu, ni classement, ni prime ? Dans ce monde où tout est marchandise, ces gens se livrent entièrement dans un geste gratuit. Tous les jeunes qui participent à ce challenge me disent qu’ils puisent leur énergie dans le service des plus pauvres. Ces gens en bonne santé, à l’aube de leur vie, qui se donnent entièrement, cela me touche profondément.

HOMMAGE BELTRAME
Hospitalité Notre-Dame des Armées
Les militaires américains ont rendu hommage au colonel Arnaud Beltrame, gendarme héroïque lors attentats de Trèbes, lors du 60e pèlerinage militaire international à Lourdes.

Le thème de cette édition était « Pacem in Terris », « Paix sur la Terre » en français. Le soldat, comme artisan de paix, n’est-ce pas un oxymore ?
Le soldat est un artisan de paix. La guerre est une expérience de vie inoubliable, mais cela n’induit pas pour autant que l’on aime la guerre. Le soldat n’aime pas la guerre. J’aime l’article premier du code du Bushido selon lequel l’honneur du samouraï est de placer son corps mortel entre les ravages de la guerre et sa patrie bien aimée. Telle est la vocation du soldat : faire la guerre pour qu’elle n’atteigne pas ceux qu’elle aime. D’une certaine façon, c’est ce que Dieu a fait en aimant tant le monde qu’Il lui a donné Son fils bien aimé.


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Cette paix était-elle au cœur de vos prières ?
On a essayé de la porter, mais surtout je crois que nous l’avons incarnée. 15 000 hommes et femmes venus de 50 nations, priant, chantant et riant ensemble, formaient un symbole de paix magnifique. Comme une fête de village sous le regard de Marie ! Je ne connais pas de plus beau rassemblement festif réunissant des gens aussi différents, dont beaucoup ne sont pourtant pas des premiers communiants…

Qu’emportez-vous de ce dernier PMI ?
J’ai surtout beaucoup déposé aux pieds de Marie. Mais je repars les batteries pleines. Mes chargeurs sont regarnis, je peux repartir à la bataille. Mes gendarmes me demandent souvent pourquoi j’ai la banane et je leur réponds : « Parce que Jésus m’aime ». Et je les rassure aussitôt : « Et vous aussi, Il vous aime ! ».

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