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Cinéma : “Libres”, une plongée édifiante dans la vie monastique

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"Libres", en salles le 2 octobre 2024.

Anne-Sophie Retailleau - publié le 01/10/24
Le film documentaire "Libres", en salles le 2 octobre, fait pénétrer les spectateurs dans des monastères bimillénaires espagnols. S'il offre des images magnifiques de la vie au cœur de ces lieux secrets, ce long-métrage est d'abord la réponse de ceux qui ont tout abandonné pour Dieu aux grandes questions qui traversent le cœur de l'homme.

Libres. Étrange choix de titre pour un film sur la vie monastique, alors que les hommes et les femmes que nous y rencontrons vivent dans des lieux clos. Paradoxe ? Non, bien au contraire. Libres nous fait pénétrer l’intérieur des enceintes multiséculaires de douze monastères espagnols. En filmant ces lieux entre terre et ciel, hors du monde et du temps, le documentaire de Santos Blanco est un voyage dans le cœur de l’homme, bien plus qu’une description de la vie au programme millimétré des moines et des moniales. Deux types de séquences alternent dans le film : celles, très contemplatives, de la vie dans les monastères et de la nature. Celles enfin des interviews des religieux filmés à visage découvert, mais qui restent anonymes. À travers leurs témoignages, ils sondent les grandes questions du cœur de l'homme sur le sens de la vie. On découvre des parcours atypiques, comme cette mère de six enfants qui décide, dans sa vieillesse, de rentrer au monastère. Ou encore ce moine chartreux, sorte d’Augustin des temps modernes : plongé dans l’occultisme et le satanisme, l’inlassable prière de sa mère finira par le conduire à la conversion, puis au don total de sa vie au Christ.

Autant de parcours de rédemption, loin du cliché de personnages insaisissables, lévitant au-dessus des réalités humaines. Derrière ces visages au regard plein de Dieu, il y a la souffrance, les fautes, la mort, le pardon, humblement racontés face caméra. Mais surtout, il y a le récit d'une folle histoire d'amour. Car ce film est une rencontre avec des amoureux transits du Christ, des cœurs brûlants. Comme cette religieuse au visage ridé et lumineux, où les larmes surgissent soudain lorsqu'elle témoigne : "Quand j’ai compris que le Christ vivait, mon cœur a explosé".

Un film pour notre temps

Il y a aussi une dimension mystique dans Libres, où les témoignages se mêlent à la beauté époustouflante des images de la création, manifestation de la grandeur d’un Dieu infini. Une mer déchaînée aux vagues qui se fracassent sur la roche des falaises noires, la végétation épaisse et les cours d’eau d’une forêt, les sillons noueux de l’écorce de vieux arbres… On trouve un peu de Terrence Malick, le réalisateur d'Une Vie cachée, dans ces plans tournés comme autant de tableaux de maîtres, où alternent une nature splendide et majestueuse et des gestes millénaires en clair-obscur, comme la danse gracieuse et aérienne d’une main guidant un chant grégorien. D'autres images tournées au drone offrent la saisissante impression de voler sous les voûtes immenses d’une abbatiale millénaire.

Libres est un film profondément contemporain : à toutes les questions qui traversent, tôt ou tard, l’esprit et le cœur de chacun, ces religieux ont des clés pour y répondre. La rencontre, le choix, le sens de la vie, le silence et la paix. Mais aussi la souffrance, l’insondable question du mal et la mort sont abordées. Porté par une musique originale d'une grande beauté, le film est un chant d’amour à l’humanité blessée, à la vulnérabilité et à la valeur infinie de chaque vie. On est bouleversés par la tendresse et l’amour fraternel des religieux pour leurs malades et leurs aînés, cajolés, regardés avec amour, valorisés et respectés. Comment ne pas voir ici une magnifique et percutante réponse à une société qui croit que la dignité des plus petits ne mérite pas davantage que le suicide assisté ou l’euthanasie ? Oui vraiment, dans ces murs éloignés du vacarme de notre temps, il y a des hommes et des femmes capables de guider l’homme dans sa quête, perdu qu'il est dans un monde qui a oublié Dieu. "Libres" est à voir et à revoir, car toutes les clés sont là. 

Pratique

Libres de Santos Blanco, 1h44. En salles le 2 octobre 2024.
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