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Balade au pays des enclos paroissiaux

Guimiliau

© Finistère tourisme

Enclos paroissial de Guimiliau

Marie Le Goaziou - publié le 07/05/17 - mis à jour le 19/07/22

Cet été, pourquoi ne pas faire un tour en famille à Morlaix, pour visiter des enclos paroissiaux ? Ces belles créations originales font partie du patrimoine religieux breton.

À l’époque où les toiles de lin tissées dans le Léon s’exportaient en Angleterre et en Espagne, la prospérité économique de la région a permis aux paroissiens d’édifier de magnifiques églises pour exprimer leur foi.  Rien n’est trop beau pour Dieu et pour lutter contre le Protestantisme qui gagnait, à l’époque, du terrain. Chaque paroisse se construit alors dans un enclos qui rassemble, autour de son église, une porte triomphale, un calvaire et les tombes, un ossuaire, un porche, le tout cerné d’un mur d’enceinte.

Ces constructions majestueuses, érigées entre le XVème et le XVIIème siècle, sont certainement les créations les plus originales du patrimoine religieux breton. Elles se concentrent dans la vallée de l’Elorn, entre la baie de Morlaix et la rade de Brest où une route balisée permet de parcourir ces merveilles en découvrant les monts d’Arrée et le pays de Landivisiau.

1Belles querelles de clochers

Balade au pays des enclos paroissiaux
Enclos de Saint Thégonnec

Les fleurons du circuit sont certainement Saint-Thégonnec, Guimilliau et Lampaul-Guimilliau qui se sont livrés à une surenchère exceptionnelle. C’est à celui qui sera le plus remarquable, le plus exubérant. Saint-Thégonnec accumule les richesses ornementales en frôlant l’ostentation : calvaire à triple croix, clochetons sur l’église, chaire ouvragée. La porte triomphale est imposante, l’ossuaire résume les canons de l’architecture de la Renaissance bretonne.

Dans la crypte, se trouve une superbe mise au tombeau. Les personnages, grandeur nature, sont saisissants. De telles merveilles ont bien failli disparaître en 1998 dans un incendie, mais après une exemplaire restauration, l’enclos de Saint-Thégonnec continue à dire toute la confiance en Dieu des Bretons.

2Retables, trésors au sein des églises

EGLISE SAINT DERRIEN
Eglise Saint Derrien, Retable de Saint Anne

Mais les merveilles de pierre ne suffisent pas. Les paroissiens commandent de somptueux retables, rehaussés de dorures et de couleurs vives, aux charpentiers de marine de Brest qui s’inspirent des fastes flamands ou italiens. Il ne faut pas hésiter à pousser jusqu’à Commana, au pied des Monts d’Arrée, pour aller admirer le retable à sainte Anne que certains considèrent comme le plus beau de Bretagne.

Le mobilier de l’église est digne des plus belles cathédrales baroques. Mais pourquoi cette débauche d’or et de couleurs, cette virtuosité dans la sculpture ? Les paroissiens du lieu avaient beaucoup à se faire pardonner. Ils avaient, sous le coup d’une rumeur, accusé leur curé des pires intentions et l’avaient battu et laissé pour mort. Celui-ci ayant survécu et accepté de revenir au milieu de ses ouailles, il fallait bien le contenter. Sainte Anne, si vénérée en Bretagne, préside cet ensemble au cœur du retable, avec sa fille la Vierge Marie. L’enfant Jésus, tout en finesse et dorure, coiffe le tabernacle enserré par les représentations des vertus cardinales, alors qu’au sommet, le Père présente son Fils, descendu de la croix et Ressuscité.

3Fastueuses bannières

Bannière à Lampaul, Guimiliau
Bannière à Lampaul, Guimiliau

À Lampaul Guimillau, il faut aller admirer les bannières exposées dans l’église. Elles ont réussi à être conservées depuis le XVIIème siècle. Présentées aujourd’hui dans des “boîtes de plexiglas” permettant de les observer des deux côtés, elles étaient auparavant rangées dans ces armoires à bannières, grands placards aménagés sur les murs de l’église, et ne sortaient que pour les pardons. Ce sont de véritables tableaux textiles faits de fils d’or et d’argent, de perles et de paillettes, appliqués sur du velours de soie.

Comme à l’époque, on se servait beaucoup de cartons de grands artistes, il ne serait pas étonnant que ce soit des œuvres du peintre Raphaël qui aient inspiré ce superbe couronnement de la Vierge. Dieu le Père et son Fils portant sa croix l’attendent, avec une couronne sur un ciel d’or, tandis qu’une foule de petits anges, nichés dans des nuages d’argent, la regarde avec vénération. Cette merveilleuse composition s’entoure de galons et broderies particulièrement raffinés. L’autre côté est tout aussi soigné, tout comme la seconde bannière mettant en scène saint Pol-Aurélien terrassant le dragon, ce moine venu d’Irlande au VIème siècle évangéliser la région et qui fonda l’évêché du Léon.

4Vierge curieuse

Vierge curieuse Morlaix

Autre curiosité de l’art sacré, cette Vierge ouvrante conservée dans l’église saint Matthieu à Morlaix. Probablement commandée par la confrérie des Tisserands par dévotion à la sainte Vierge et à la Sainte Trinité, elle est présentée au cœur de son retable, fermée jusqu’au dimanche de la Trinité, puis ouvert chaque été jusqu’au 8 septembre. Cette “Vierge ouvrante”, à ne pas confondre avec les statues protégées par des volets, date de la fin du XIVème ou du début du XVème siècle. A la manière des poupées russes, elle cache une autre statue sous les plis de son manteau. On peut en effet ouvrir celui-ci et découvrir six scènes de la Passion peintes à l’intérieur.

Quant à Marie, elle présente devant elle un groupe de la Sainte Trinité composée de Dieu le Père qui soutient le Christ en croix, la colombe s’insérant entre leur visage. Une fois refermée, la statue présente une Vierge allaitant l’Enfant Jésus qu’elle porte sur ses genoux. Au Moyen Âge, les vierges ouvrantes devaient être nombreuses si l’on en croit les inventaires, mais le concile de Trente, d’où naîtra la Contre-réforme, s’est insurgé devant cette confusion théologique qui consiste à faire accueillir la Trinité dans le sein de Marie, et a interdit ses représentations. Peu d’entre elles échappent à la destruction. Il en resterait une cinquantaine en Europe dont une quinzaine en France.

5Étonnantes maisons morlaisiennes

maisons morlaisiennes

En finissant cette balade par la ville de Morlaix, on ne manquera pas non plus d’admirer une autre curiosité architecturale : les maisons “à Pondalez”, autrement dit en français “à Lanterne”. Derrière les façades à pan de bois datant de la Renaissance, se cache une cour intérieure couverte, située au cœur de l’édifice, pourvue d’un escalier en vis en chêne, et de galeries, dites pondalez en breton, chargées d’assurer, sur trois étages, la communication entre les pièces.

Les propriétaires de ces maisons étaient de riches commerçants, armateurs ou tisserands. La maison de la Duchesse Anne, qui se trouve au cœur du vieux Morlaix, se visite en été. On y découvre sa “fameuse lanterne”, la cour intérieure couverte, haute de 16 mètres, réchauffée par une cheminée monumentale et un escalier en vis, en chêne richement sculpté des saints protecteurs de la maison.

Tags:
BretagneParoissetourisme
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