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Les médias nous manipulent-ils ?

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Philippe Oswald - publié le 12/10/16
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Rien de tels que les essais de Jean Sévillia pour libérer l’histoire du carcan idéologique de la « pensée unique »… C’est décapant, passionnant, revigorant.Depuis une quinzaine d’années, les essais de Jean Sévillia ont fortement contribué à débarbouiller l’histoire de l’épaisse couche idéologique qui l’a défigurée. Voici réunis en un volume ses trois principaux essais historiques dont le succès en France et à l’étranger a nourri les débats contemporains en contestant les dictats décrétés au nom d’un prétendu “sens de l’histoire” : Le Terrorisme intellectuel (2000), Historiquement correct (2003, Grand Prix catholique de littérature) et Moralement correct (2007). Du Moyen Age à nos jours, des croisades à la guerre d’Algérie en passant par les guerres de religion, la Révolution française, la défaite de 1940 et Mai 68, ou s’agissant de l’instauration contemporaine d’idéologies mortifères -théorie du genre, hédonisme, eugénisme glaçant-, Jean Sévillia démonte les clichés propagés par la doxa marxisante ou libertaire (elles font bon ménage) dans l’enseignement et dans les grands médias.

L’histoire comme une sève

Comme Simone Weil, Jean Sévillia estime que l’histoire est “la sève” qui nourrit la civilisation et éclaire l’action politique. Encore faut-il qu’elle ne soit pas manipulée et asservie par une idéologie quasi officielle mais reste une quête permanente de la vérité des faits et des mentalités. Voilà pourquoi ses essais ne sont pas seulement des écrits “historiques” mais aussi de “combat”. Sur ce front, Jean Sévillia fut un précurseur. Mais comme lui-même le constate dans la préface générale qu’il a donnée à ce recueil, il se sent de moins en moins isolé dans cette entreprise de réappropriation de l’histoire et de sa vulgarisation au meilleur sens du terme : des essayistes, journalistes, écrivains¸ philosophes, venus d’horizon divers, ont conquis depuis le début de ce siècle une audience qui semblait inimaginable dans les dernières décennies du XXe siècle en raison du verrouillage des médias.


Lire aussi : « La France fut et demeure la Fille aînée de l’Église ». Critique du livre de Jean Sévillia, La France catholique, 2015.


On compte parmi ces penseurs non conformistes et rebelles à la “pensée unique” qui ont aujourd’hui accès aux grands médias, des “anciens” tels Marcel Gauchet, Régis Debray, Alain Finkielkraut, Philippe Muray, Philippe de Villiers, Eric Zemmour, et des “jeunes” qui assurent la relève, tels François Xavier Bellamy, Fabrice Hadjadj, Gabrielle Cluzel, Eugénie Bastié, Natacha Polony… (pardon pour ceux qu’on oublie !).  Ils sont en outre efficacement relayés par les réseaux sociaux qui ne sont pas pour rien dans la conversion plus ou moins sincère des médias grand public à un peu plus de liberté intellectuelle. Néanmoins, remarque Jean Sévillia, ces éclaireurs restent minoritaires face à un système médiatique et à un enseignement qui peinent à sortir du moule post-soixante-huitard et qui restent contrôlés par la bien-pensance adossée à la puissance publique -l’annonce faite ces jours-ci par Laurence Rossignol d’un “délit d’entrave numérique à l’IVG” est une nouvelle illustration de la pente liberticide du “camp du Bien” (Philippe Muray) encore installé au pouvoir.

Les idoles contemporaines sont ébranlées

Pour le meilleur ou pour le pire, les idées mènent le monde. Si le communisme, grande idole politique de la deuxième moitié du XXe siècle, est tombé de son piédestal, le matérialisme totalitaire est loin d’être mort. Le terrorisme intellectuel inculqué à des générations par la pensée marxiste sert aujourd’hui un individualisme libertaire, un “tout à l’ego” (Régis Debray) badigeonné d’un vernis humanitaire “droit-de-l’hommisme” qui associe, gauche et droite confondues, le “droit de jouir sans entraves” et le “il est interdit d’interdire” de mai 68 à une laïcité sectaire et à un multiculturalisme européiste ou mondialiste dont on commence à mesurer les ravages sous les coups de boutoir de la crise économique et du terrorisme islamique.

Peut-être sommes-nous en train d’assister à la chute de ces idoles de la “postmodernité”… en tout cas à leur ébranlement. Sans rien concéder aux approximations et aux facilités de la polémique, les essais de Jean Sévillia auront contribué à libérer les esprits de la camisole que leur imposaient un enseignement officiel et des medias au garde à vous devant le “politiquement et le moralement correct”. On est heureux de disposer désormais en un seul tome du fruit de ce vaste et courageux travail qui allie l’honnêteté et la rigueur intellectuelles de l’historien à la fluidité stylistique de l’écrivain.

Écrits historiques de combat, Jean Sévillia, Perrin, 840 pages, 25 euros.

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