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Sexualité : la révolution de Jean Paul II

THEOLOGIE DU CORPS
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Inès Pélissié du Rausas - publié le 21/10/15
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La théologie du corps de Jean Paul II a révolutionné la vision de l’amour humain dans l’Église. Son approche magistrale a mis en avant la signification du don dans la relation sexuelle. Une approche que Jean Paul II lui-même savait difficile, et qu’il faudrait du temps pour qu’elle soit acceptée et assimilée.

La théologie du corps de Jean Paul II a révolutionné la vision de l’amour humain dans l’Église. Son approche magistrale a mis en avant la signification du don dans la relation sexuelle. Une approche que Jean Paul II lui-même savait difficile, et qu’il faudrait du temps pour qu’elle soit acceptée et assimilée.

La théologie du corps désigne les catéchèses du pape Jean Paul II données place Saint-Pierre entre 1979 et 1984, et qui sont venues révolutionner la vision du corps humain et de l’amour dans l’Église. Cet enseignement s’enracinait dans l’histoire personnelle du jeune Karol Wojtyla et dans son expérience pastorale de prêtre puis d’évêque. Jean Paul II avait appris à aimer l’amour humain, en accompagnant des jeunes puis des couples. La théologie du corps trouve une assise anthropologique et morale dans le livre Amour et Responsabilité, que le jeune archevêque auxiliaire de Cracovie publie en 1960. La théologie du corps était donc totalement écrite avant l’élection de Karol Wojtyla au pontificat. Mais saint Jean Paul II a voulu la donner comme un acte du Magistère, et non comme un écrit personnel, comme, par exemple, le Jésus de Nazareth de Joseph Ratzinger-Benoît XVI. Pour ce faire, le pape polonais a utilisé le cadre des audiences du mercredi, distillant sous forme de catéchèses les quelques six cents pages de sa théologie du corps.

Une relecture du sens de l’amour humain

La grande nouveauté de cet enseignement réside dans l’approche des questions éthiques voulue par Jean Paul II, non plus en termes de permis/défendu, mais en termes de sens/finalité. Prenons le cas de la pudeur, un des grands thèmes de la théologie du corps : à la suite du philosophe allemand Max Scheler, Jean Paul II montre qu’elle va bien au-delà d’une simple observance de codes sociologiques ou comportementaux. Elle est une expérience profonde et fondamentale de la personne, qui touche à ses attentes et à son identité, quelles que soient les cultures. Il ne s’agit plus de déplacer le curseur de la pudibonderie à l’impudeur, ou vice-versa : éprouver la pudeur, ce n’est donc pas être « coincé » et ce n’est pas non plus une simple phase du développement physiologique ou psychologique de l’enfant. Reflet de la personne, la pudeur révèle l’attente profonde de son cœur : être toujours regardée et traitée avec respect, aimer, être aimée dans la sécurité et la paix du don mutuel, total et désintéressé.

Une véritable « bombe à retardement »

« Très Saint-Père, les gens n’y comprennent rien ! », disait au pape un de ses collaborateurs à propos de cet enseignement. Et Jean Paul II de répondre : « Je sais, mais ce n’est pas grave. C’est pour plus tard. » Ces centaines de leçons données par tous les temps depuis le balcon du Vatican ou à Castel Gandolfo à un public différent : on comprend la perplexité de ce collaborateur. Mais la réponse que lui fit Jean Paul II est aussi éclairante. Comme l’a dit George Weigel, son grand biographe américain, cet enseignement était une véritable « bombe à retardement, » et c’est aujourd’hui qu’elle explose.

La théologie du corps s’interroge sur le sens que Dieu a donné à l’être humain et à son corps sexué, et sur le sens de la masculinité et la féminité

Achevée il y a tout juste trente ans, la théologie du corps se développe de plus en plus, notamment par le biais de formations et d’instituts tout autour du monde. Un Institut pontifical Jean Paul II, à Rome, propose ainsi des formations diplômantes, et spécialisées en bioéthique, régulation des naissances, pastorale du mariage, etc. En France et pour le monde francophone, un Institut de théologie du corps existe maintenant, piloté par Yves Semen, infatigable traducteur et commentateur de la pensée de Jean Paul II.

L’éclairage des récits de la Genèse

La théologie, du grec theologia, » parole sur Dieu », est « la science qui a Dieu pour objet, à partir du donné de la Révélation, ou dépôt de la foi, tel qu’il est transmis par l’Église et interprété authentiquement par son magistère ». L’expression « théologie du corps » (TDC) n’est pas une simple formule. C’est une théologie parce que Jean Paul II est allé, à la suite des paroles du Christ dans l’Évangile selon saint Matthieu, scruter la Révélation sur « le commencement » (Mt 19, 3-12). Ce commencement renvoie au deuxième récit de la création contenu dans la Genèse, en réalité le plus archaïque. Ce récit raconte comment Dieu a créé l’homme et la femme avec un corps. Il nous montre comment, par l’expérience du corps, Adam se perçoit radicalement différent des animaux, appelé à la plénitude d’un don de lui-même qui devient possible lorsque Dieu crée la femme, qui lui est merveilleusement semblable et différente en même temps. La théologie du corps s’interroge sur le sens que Dieu a donné à l’être humain et à son corps sexué, et sur le sens de la masculinité et la féminité.



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L’état d’innocence dit notre « préhistoire théologique »

Adam, au paradis, est dans l’état d’innocence originelle. Et, nous dit Jean Paul II, nous qui sommes de la même humanité qu’Adam, nous pouvons comprendre cet état d’innocence en rejoignant l’expérience d’Adam. Pourquoi ? Parce que tout homme sans exception s’enracine dans l’état d’innocence originelle, qui est l’état de l’homme dans sa « préhistoire théologique ». Il porte en lui la nostalgie des origines, la nostalgie du paradis perdu. L’état de péché lui-même renvoie à un avant le péché, à cette grâce perdue, qui existait avant le péché. En lisant le livre de la Genèse sur la création de l’homme, on peut découvrir ce qu’était l’état d’innocence. Revenons à la pudeur : elle est ce par quoi l’expérience de tout homme rejoint celle d’Adam. Par ses refus et ses aspirations, elle est signe dans l’homme « historique », l’homme d’après le péché, de ce qu’il a été fait pour autre chose que pour ce que le péché a produit en lui. Elle est, dit Jean Paul II, une expérience limite, une trace en nous de l’innocence perdue.

Retrouver le véritable amour

Mais la démarche de la théologie du corps n’est pas de revenir aux origines du monde et de l’homme seulement pour les contempler, comme un archéologue se pencherait sur les vestiges d’un passé révolu. Le commencement de l’histoire de l’homme a une valeur exemplaire. Grâce au salut réalisé par le Christ, nous ne sommes pas coupés du plan de Dieu : appuyés sur sa grâce, nous pouvons vivre à nouveau ce pourquoi nous sommes faits de toute éternité.

Si nous redécouvrons le plan de Dieu sur le corps et sur l’amour humain, c’est pour en vivre. Nous pouvons retrouver l’amour auquel notre cœur aspire, cet amour qui consiste à donner et à recevoir, dans un don mutuel et sincère, et non à prendre, capter, utiliser l’autre, pour le dominer et en jouir.

Une approche originale

Jean Paul II a approfondi la « théologie du corps » et engagé cette démarche de recherche en s’appuyant sur sa propre formation philosophique. Deux approches sont en effet convoquées : l’une, objective, héritée de la formation classique et thomiste, l’autre, plus subjective, héritée de la phénoménologie, d’une philosophie moderne qui valorise la compréhension de l’homme par une approche inductive et par l’expérience.

L’unité de la personne dans son corps

Le principal trait de la philosophie moderne, depuis Descartes, est de présenter l’être humain en miettes : d’un côté le corps, de l’autre l’esprit, mais il est difficile de comprendre l’homme comme une personne si on ne le voit plus dans son unité. Il est difficile de comprendre l’homme comme homme et femme si on n’a plus le sens de la masculinité et de la féminité. La théologie du corps fait aussi le constat d’une grande fragilité humaine, dont la Révélation seule nous donne la cause : le péché originel. Le constat, lui, est universel, et l’on peut lire ceci, par exemple, chez le poète latin, Ovide : Video meliora proboque ; deteriora sequor — « Je vois le bien et je l’approuve, mais je fais le mal » (Métamorphoses, VII, 20). Il y a en l’homme un mystère de fracture, de faiblesse, dont la littérature et la philosophie font état, mais qu’elles n’expliquent pas. De grandes traditions philosophiques et morales se sont construites sur cette fracture originelle, pour tenter de l’expliquer, et nous aider à vivre avec. Elles ont accentué l’émiettement de la vision de la personne humaine, et semé le doute de plusieurs façons.

Les philosophies modernes ont jeté un doute sur le corps

Imprégnés de cette conception dualiste, « noir et blanc » du monde qui caractérise le manichéisme, le jansénisme au XVIIe siècle, et le puritanisme au XIXe siècle, ont séparé corps et esprit, pour accuser le corps de toutes nos faiblesses, de nos difficultés à vivre avec lui. Mais rien n’est résolu pour autant ! Cette culture engendre facilement des comportements hypocrites, en mettant, d’une certaine manière, un couvercle fermé sur une cocotte-minute. Elle suscite le refoulement, et risque de réduire les gens à une double vie, l’exemple type étant la prostitution dans l’Angleterre victorienne, contrepoint de la défiance de la relation sexuelle réduite au triste « devoir conjugal ».

Freud, lui, jette un soupçon sur le cœur humain. Prenant le contrepied des puritains, Freud valorise les pulsions de la libido que le corps doit satisfaire. Le refoulement n’est pas une solution : le corps doit donc être autorisé à vivre au maximum selon le principe de plaisir, encore modéré pour lui par un principe de réalité. Mais pour les héritiers du freudisme, le corps ne sera plus qu’un objet de jouissance, une « chose pour jouir » (Marcuse, 1898-1979). Le soupçon porte alors sur le cœur, puisque l’homme ne peut plus aimer : il ne peut que soulager ses pulsions latentes.

Être un corps pour vivre le don

Face à ces deux courants de pensée qui conduisent à des impasses, Jean Paul II nous aide à comprendre la beauté du corps et de la relation homme–femme dans l’unité de la personne. L’être humain est constitué par son corps, comme homme ou femme : on n’a pas un corps, mais on est un corps. Corps et esprit sont indissociables. Amour du corps et amour du cœur sont appelés à marcher ensemble. Loin de jeter la pierre au corps humain, Jean Paul II montre toute l’importance du corps dans la constitution de la personne humaine. Le corps est corps de la personne. Plus encore, « l’homme, seule créature sur terre que Dieu a voulue pour elle-même, ne peut pleinement se trouver que par le don désintéressé de lui-même » (Gaudium et Spes 24, 3). Ce don est possible grâce au corps, qui permet de vivre ce « don sincère » de la personne.



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Le corps permet la collaboration de l’homme au plan de Dieu. C’est grâce à leur corps que l’homme et la femme se retrouvent associés au mystère de l’amour et de la vie. « Témoin de la Création comme don fondamental, le corps humain devient témoin de l’Amour originel, source de ce don » (TDC 14, 4). La masculinité et la féminité du corps sont une manifestation du plan d’amour de Dieu.

Se trouver réciproquement

La théologie du corps a moins réconcilié l’Église avec le plaisir, comme de nombreuses voix l’ont clamé, qu’elle n’a mis en avant la signification du don dans la relation sexuelle. Dans la relation sexuelle, le corps humain parle, il a un langage propre. Quand l’homme et la femme parlent ce langage, de personne à personne, ils réalisent un don libre et désintéressé d’eux-mêmes et se trouvent réciproquement. L’homme accueille intérieurement la femme telle que le Créateur l’a voulue, « pour elle-même, à l’image de Dieu, et la femme accueille intérieurement l’homme de la même façon » (TDC 15, 3). Le corps permet à l’homme et à la femme de parler le langage de l’amour, parce qu’il est fait pour le don. C’est sa signification profonde nous dit Jean Paul II.

L’homme et la femme sont appelés à vivre ce don désintéressé de soi, dont le modèle ultime est l’amour du Christ et de l’Église

L’homme et la femme sont appelés à vivre ce don désintéressé de soi, dont le modèle ultime est l’amour du Christ et de l’Église. Et ce n’est pas là une belle image ! Le Christ est l’époux qui a vécu le don désintéressé de soi jusqu’au bout, et l’Église est l’épouse consacrée au Christ qui accueille ce don. Le Christ est celui qui a vécu le don désintéressé de soi jusqu’au bout, et l’Église renouvelle ce don en étant consacrée au Christ. Il est bon de relire la grande catéchèse de Jean Paul II sur le modèle de l’amour du Christ et de l’Église pour l’amour humain, tirée de la Lettre aux Ephésiens. L’analogie, que Jean Paul II souligne et explicite, est puissante !

La personne est faite pour aimer et être aimée

Ainsi, nous dit Jean Paul II, le don sincère et mutuel conduit-il non seulement à la beauté de la relation sexuelle, à la beauté de la communion des époux mais révèle aussi la valeur de la personne humaine. La personne est faite pour aimer et être aimée, c’est-à-dire donner et recevoir l’amour, et la théologie du corps nous fait découvrir le corps comme le merveilleux moyen d’aimer. Le corps parle un langage particulier, unique, dans l’amour.



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La théologie du corps aide à s’unifier et à dépasser la convoitise héritée du péché, qui nous conduit à l’utilisation de l’autre : elle apprend à se donner dans l’amour, à vivre ce langage du corps plus en vérité. Nous sommes comme des personnes qui ont une belle voix, mais qui ont besoin d’apprendre à chanter juste, à aimer juste. Quand le corps parle un langage mensonger, quelque chose est faux, et cela nous fait souffrir. Faire semblant d’aimer mais prendre pour le plaisir et refuser la fécondité : la personne humaine n’est pas faite pour être utilisée, encore moins jetée après usage.

Apprendre à aimer

Cet apprentissage du langage de l’amour n’est pas un package que l’on recevrait d’un coup, une assurance-vie contre les faux semblants de l’amour. Il se fait à partir d’une lumière qui attire et parle au cœur, c’est un domaine dans lequel on avance progressivement. La théologie du corps se vit dans l’espérance ! Dans le mariage chrétien, cette espérance se nourrit de la vie sacramentelle des époux : le mariage bien sûr, mais aussi l’eucharistie et la confession, sont des remèdes et une force pour refaire l’unité de l’homme et apprendre à aimer.

À la lumière de la théologie du corps, réussir sa vie conjugale n’est pas une question d’essais ni de performances, mais de don et d’ajustements vécus dans le respect, la confiance et la tendresse. C’est un langage qui se construit progressivement, sur la base de la vérité du corps, et d’une maturation de la personne : on apprend à se donner, à aimer, chacun selon son mode, masculin ou féminin.

Une approche épanouissante par la finalité

Où appliquer la théologie du corps aujourd’hui ? Partout, et surtout dans ces nombreux domaines où continue de s’appliquer une approche morale permis/défendu. La pensée de Jean Paul II dépasse cette approche plutôt stérile, pour nous faire redécouvrir le sens de l’épanouissement dans le don désintéressé de soi-même. C’est tout le regard sur la sexualité qui se purifie dans cette démarche.

La théologie du corps apporte un renouveau profond et lumineux à l’éducation affective et sexuelle des enfants. Elle permet à cette éducation d’être bien autre chose qu’une éducation à la sexualité en parlant au cœur de l’enfant. Nourrie de la vision unifiée de la personne propre à la théologie du corps, cette éducation affective suscitera chez les enfants un émerveillement profond devant la beauté et la bonté du corps, fait pour aimer et donner la vie. Ce sera une éducation pleine de sens, qui répondra aux attentes du cœur des enfants et des jeunes.

Des conséquences très pratiques

L’enseignement du pape est riche de conséquences très pratiques : dans cette lumière, on soignera toujours la qualité du langage et des images proposées à l’enfant. On évitera donc tout langage grossier, trivial, ou simplement technique, on sélectionnera avec prudence les supports d’informations, on écartera toute information hâtive, même bien intentionnée, sur les dangers de la pédophilie ou de la prostitution enfantine. La prévention des atteintes sexuelles ne peut pas être la porte d’entrée d’une éducation à l’amour, au risque d’être une forme d’initiation, même involontaire, à la pratique des maux que l’on veut dénoncer, au risque de blesser gravement le cœur de l’enfant.

À la lumière de la théologie du corps, l’enfant est appelé à découvrir qu’il est une merveille, et que son corps est un trésor pour aimer, et non un jouet

La prévention doit se faire aussi, mais dans le bon contexte, et après une authentique l’éducation à l’amour, toujours prioritaire, et pour laquelle les parents sont les mieux placés, au plus près des besoins de l’enfant et de son cœur. À la lumière de la théologie du corps, l’enfant est appelé à découvrir qu’il est une merveille, et que son corps est un trésor pour aimer, et non un jouet. Il apprend à devenir le gardien de ce trésor, et de son intimité ! Ainsi comprise, l’éducation sexuelle n’est pas une information sur la mécanique sexuelle, mais une éducation à l’amour et au don. Elle est aussi porteuse d’une grande espérance auprès des parents et des jeunes, à qui elle annonce que quelles que soient les expériences, personne n’est jamais irrémédiablement perdu. On peut toujours commencer à aimer, même quand on s’est fourvoyé.

Une éthique pour utiliser les outils de la sexologie

La théologie du corps ne bâtit pas une contre-sexologie ou une anti-sexologie, une sorte de science alternative du fonctionnement de la sexualité humaine. Dans Amour et Responsabilité, Jean Paul II invite à utiliser les outils de la sexologie, mais dans une bonne lumière. Cette approche, encore largement imbibée de psychanalyse freudienne, du moins en France, gagne à être éclairée par la théologie du corps appuyée sur « l’anthropologie adéquate » chère à Jean Paul II. La sexualité humaine n’est pas une mécanique à faire fonctionner, repartir, entretenir, mais une composante de la personne humaine. La sexologie est donc un bon outil, mais doit s’enraciner dans une vision de la sexualité éclairée par un authentique sens de la personne. On touche d’ailleurs à cette unité de la personne lorsque l’on constate que beaucoup de ses problèmes sexuels ont des causes d’ordre éthique, et non pas seulement mécaniques, comme l’usage de la pornographie.


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Éduquer au sens de l’autre

L’éducation au sens de l’autre est un domaine infini ! Retenons que la théologie du corps veut aider les futurs époux à redécouvrir leur masculinité et féminité pour l’assumer. La pensée de Jean Paul II sur la masculinité et la féminité pulvérise la fausse vision égalitaire actuelle de l’homme et de la femme, source de tant de confusions. Elle fait découvrir et aimer la différence : elle guérit les cœurs, et aide à trouver l’unité de la personne. À la femme abîmée, qui croit devoir se faire objet pour retenir l’attention de l’homme, elle rend sa dignité. Au lieu de se faire séductrice pour capter la convoitise de l’homme, la femme a besoin de redécouvrir à quel point sa féminité est un plus, à quel point elle est une aide à l’humanité de l’homme ; à l’homme toujours tenté par la domination de la femme — c’est sa convoitise propre —elle révèle la masculinité comme une capacité de se dominer pour se donner et pour aimer, pour se laisser aimer aussi. La théologie du corps purifie progressivement le regard sur l’autre. C’est à une conscience mûrie de soi et de l’autre, que Jean-Paul II appelle les époux, dans une vision du corps qui pousse à un respect profond de l’autre — ce respect que l’on espère aussi pour soi-même, loin de toute visée captatrice.

Pour les personnes consacrées

La sexualité selon Jean Paul II n’aurait-elle de sens que pour ceux qui ont la vocation au mariage ? Elle participe d’une vision de la personne humaine qui intègre également la vocation du célibat pour le Royaume, le choix libre de la continence pour le Royaume, c’est-à-dire, le choix d’une vie religieuse ou consacrée, et le don de sa sexualité, de son corps, de tout son être à Dieu. Là encore, Jean Paul II a montré combien l’enseignement du Christ, bien compris, ne conduisait pas les consacrés à un refoulement de leur sexualité. La continence terrestre ne peut se comprendre que dans la vérité de ce qu’exprime le corps sexué : la capacité de don total de la personne, qui n’est pas contrainte par le corps. La continence est déjà « le signe, ici-bas, que le corps, dont la fin n’est pas la mort, tend à la glorification » (TDC, 75). Ainsi toute personne humaine, sans exception, est appelée, travers sa vocation, « à glorifier Dieu dans son corps » (1 Co 6, 20).


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