Constat de décès, clôture du cercueil, messe de funérailles, translation sur le lieu de la sépulture, enterrement… Les grands moments des funérailles d’un pape sont fixés par un rite précis que le pape François avait fait modifier en 2024. Alors que le pape François a rendu l'âme ce 21 avril au petit matin, voici en détail le déroulé des obsèques dont la trame se trouve dans l’Ordo exsequiarum romani pontificis, un manuel de 175 pages édité par le Bureau des célébrations liturgiques pontificales.
Le jour et l’heure de la messe des obsèques vont être établis par la Congrégation des cardinaux. Cette réunion de tous les cardinaux, convoquée par le camerlingue, le cardinal Kevin Farrell, doit se tenir le plus rapidement possible après l’annonce du décès du Pape. Le rituel pour l’enterrement du pape François commence à la résidence du pape défunt - l'appartement de la Résidence Sainte-Marthe. Sa dépouille, est embaumée et revêtue d’une soutane blanche puis transférée dans sa chapelle privée. C’est là qu’a eu lieu le rite de la "constatation de la mort", avec le cardinal camerlingue, le doyen du collège cardinalice, le maître des célébrations liturgiques pontificales, les proches du pontife et le directeur du département sanitaire de l’État de la Cité du Vatican. Cette cérémonie doit avoir lieu à 20h lundi soir. Durant cette liturgie, la dépouille revêt des vêtements liturgiques de couleur rouge, et est déposée dans un double cercueil de zinc et de bois, avec la mitre papale et le pallium – écharpe de laine blanche ornée de croix rouges. L’acte de déclaration de la mort est rédigé et l’on établit une heure à partir de laquelle ceux qui souhaitent venir se recueillir auront accès au lieu.
Le double cercueil du Pape va ensuite être transporté en procession à la basilique Saint-Pierre, où il est placé près de l’autel majeur – la Confession de Saint-Pierre –, aspergé d’eau bénite et encensé. La dépouille reste exposée là pour que les fidèles qui le souhaitent – certains venant de loin – puissent venir lui rendre hommage. Avec la réforme de 2024, le corps du Pape, dans la basilique, n’est plus exposé sur un reposoir surélevé, mais reste dans le cercueil ouvert – comme cela est prévu pour les obsèques de tout évêque – et sans la présence de la férule papale (la crosse du Pape, en forme de croix).
La fermeture du double cercueil
Avant la messe des obsèques, si possible la veille au soir, précise le rite, a lieu la clôture du double cercueil présidée par le cardinal camerlingue. Ce rite se fait en présence des cardinaux chefs des trois ordres (l’ordre des cardinaux-évêques, l’ordre des cardinaux-prêtres et l’ordre des cardinaux-diacres), de l’archiprêtre de la basilique vaticane, de l’ancien cardinal secrétaire d’État – relevé de ses fonctions à la mort du Pape –, du cardinal vicaire pour le diocèse de Rome, du substitut de la secrétairerie d’État, du préfet de la Maison pontificale, de l’aumônier pontifical, du vice-camerlingue, de représentants du chapitre des chanoines et des confesseurs de la basilique, du secrétaire du pontife et de sa parenté.
Après l’introduction du cardinal camerlingue, le maître des célébrations pontificales lit le “Rogito”, bref texte rédigé par lui qui résume la vie et les œuvres importantes du défunt. Deux exemplaires sont alors signés par les personnes présentes, l’un pour être mis dans le cercueil, l’autre pour être conservé dans les archives vaticanes. Ensuite, le maître des célébrations pontificales étend sur le visage du défunt un voile de soie blanche, et le cardinal camerlingue asperge la dépouille d’eau bénite. Le maître des célébrations pontificales dépose dans le cercueil une bourse contenant les monnaies frappées à l’effigie du Pape durant son pontificat, et le Rogito scellé, enroulé dans un tube de métal.
On récite le psaume 41 tandis que le premier couvercle du cercueil en zinc est posé. Ce couvercle est gravé de la croix, du blason du défunt, d’une plaque portant le nom du pontife, la durée de sa vie et de son pontificat. Le cercueil en zinc est soudé et scellé, imprimé de quatre sceaux : celui du camerlingue, de la préfecture de la Maison pontificale, du Bureau des célébrations liturgiques pontificales et du Chapitre du Vatican. Le deuxième cercueil en bois, sur lequel on trouve la croix et le blason du pontife, est également fermé. Il sera scellé seulement au moment de la sépulture, après la messe d’enterrement.
La messe des obsèques
Tout est alors prêt pour la messe des funérailles célébrée en vêtements liturgiques rouges et présidée par le doyen du collège cardinalice, ou en cas d’empêchement, par le vice-doyen ou par le cardinal électeur le plus ancien. Cette célébration a lieu sur le parvis de la basilique Saint-Pierre, où est apporté le cercueil pendant la procession d’entrée, pour être déposé devant l’autel et recouvert de l’Évangéliaire.
Pour la liturgie de la parole, sont prévues les lectures suivantes : Isaïe 25, 6a.7-9 (ou en temps pascal Actes 10, 34-43) ; Psaume 22 ; Philippiens 3,20-4,1 ; et l’Évangile de Jean 21,15-19, où le Christ demande à l’apôtre Pierre : “M’aimes-tu ?”. Celui qui préside la célébration prononce alors l’homélie.
Vient ensuite la prière universelle qui prévoit six intentions : pour le défunt pape, pour l’Église, pour les nations, pour les âmes de tous les papes défunts et tous les prêtres, pour tous les fidèles défunts, et pour toute l’assemblée. C’est après la communion qu’a lieu le rite final de l’ultima commendatio et valedictio, ouvert et conclu par le doyen des cardinaux. Ce moment comprend la “supplique de l’Église de Rome”, une longue litanie des saints – avec plus d’une centaine d’invocations – présidée par le cardinal vicaire, et la “supplique des Églises orientales”, avec des représentants des Églises catholiques orientales, selon la liturgie byzantine, en grec.
Ensuite, est prévu un temps de prière silencieuse, avant l’aspersion d’eau bénite et l’encensement du cercueil par le doyen des cardinaux. L’assemblée chante alors le cantique du Magnificat et divers psaumes pendant que le cercueil est emmené en procession pour le dernier temps des obsèques.
Le transfert et l’inhumation
Le cercueil est transporté sur le lieu de la sépulture prévu. Si le pontife doit être enterré dans les grottes vaticanes, sous la basilique Saint-Pierre, il est accompagné par le cardinal camerlingue, les cardinaux chefs des trois ordres, l’archiprêtre de la basilique vaticane, l’ancien cardinal secrétaire d’État, le cardinal vicaire pour le diocèse de Rome, le substitut de la secrétairerie d’État, le préfet de la Maison pontificale, l’aumônier apostolique, le vice-camerlingue, le maître des célébrations liturgiques pontificales, des représentants du chapitre des chanoines de la basilique, et les proches du pontife défunt.
Le pape François, lui, a souhaité être enterré à la basilique Sainte-Marie-Majeure. C’est le bureau des célébrations liturgiques qui précisera alors les modalités et la liste des personnes qui l’accompagneront. Dans les chapelles souterraines – ou sur le lieu de la sépulture –, le cardinal camerlingue, couvert d’une chape rouge, préside une dernière prière pour l’âme du successeur de Pierre qui s’est éteint. Cette courte célébration comprend des intercessions pour le repos du défunt ainsi que la prière du Notre Père. Puis le cercueil en bois, qui recouvre le cercueil de zinc, est imprimé des sceaux du camerlingue, de la préfecture de la Maison pontificale, du Bureau des célébrations liturgiques pontificales et si le pape est enterré dans les grottes vaticanes, du Chapitre du Vatican.
Le cercueil est déposé dans le caveau et aspergé d’eau bénite tandis qu’est chanté l’hymne du Salve Regina. Si l’enterrement a lieu à Saint-Pierre, le notaire du Chapitre de la basilique rédige l’acte authentique de l’inhumation et la lit devant les personnes présentes. Le cardinal camerlingue, le préfet de la Maison pontificale, le maître des célébrations pontificales et le notaire signent le document qui atteste de l’enterrement. La messe d’enterrement est la première des messes des "novendiali", à l’intention du souverain pontife. Pendant neuf jours, une tradition antique prévoit ainsi neuf messes dont trois sont confiées à la Chapelle papale, et les autres aux fidèles de la Cité du Vatican, à l’Église de Rome, aux chapitres des basiliques patriarcales, à la Curie romaine, aux Églises orientales, et aux membres des instituts de vie consacrée.

