Père Cariot : “Avec la Sainte Tunique notre mission est de permettre une rencontre avec le Christ”

Habituellement conservée à l’abri dans un reliquaire, la Sainte Tunique conservée à la basilique d’Argenteuil (Val d’Oise) est exceptionnellement exposée du 18 avril au 11 mai. Alors que quelque 400.000 personnes sont attendues pour l’événement, le recteur de la basilique, le père Guy-Emmanuel Cariot, y voit une formidable occasion de redécouvrir une vérité essentielle "Le Christ m’a aimé, il s’est livré pour moi".

Aleteia : En quoi s’agit-il d’un événement exceptionnel ?
Père Guy-Emmanuel Cariot : Il s’agit d’un événement exceptionnel car la relique elle-même est exceptionnelle. Elle est un livre ouvert sur la Passion. L’ostension permet à chacun d’être mis au contact direct de la Passion du Christ. Alors que nous entrons dans la Semaine sainte, chaque fidèle devient un auditeur de la Passion. Cette année, la basilique d’Argenteuil est la seule église au monde à exposer un objet mentionné explicitement dans l’Évangile de Jean (Jn 19, 23). Quelque 400.000 personnes sont attendues entre le 18 avril et le 11 mai, ce qui fait de cette ostension le plus grand événement catholique en France de l’année.

Comment cela va se dérouler concrètement ?
L’itinéraire commence par une file d’attente qui sera certains jours un peu longue mais cela fait partie du pèlerinage. On entre par la porte de gauche, on passe devant la Sainte Tunique exposée dans le chœur de l’église, à deux ou trois mètres, pour une rencontre brève mais intense. Ensuite, les gens peuvent aller prier en s’asseyant sur les bancs ou se confesser auprès de l’un des prêtres présents dans la basilique. La Sainte-Tunique étant surélevée, elle sera bien visible de partout. Un espace de convivialité est prévu est également prévu à l’extérieur pour permettre aux visiteurs d’échanger, de partager ensemble ce qu’ils ont vécu. Notre ‘cœur de cible’ sont les catholiques informés via les médias chrétiens ou leur paroisse. Mais l’événement est ouvert à tous avec une entrée libre bien évidemment. Chacun est le bienvenu, cette ostension fait partie de la religion populaire. Ce qui nous importe est de mettre cet objet de la Passion en contact avec les gens, qu’ils soient croyants ou non. Notre mission est de permettre cette rencontre. Ensuite, c’est le Seigneur qui agit !

Quelles sont vos attentes ?
Mon espérance est que chaque personne qui passe devant la Sainte Tunique puisse se dire : "Le Christ m’a aimé, il s’est livré pour moi." Si les gens vivent cela, alors pour moi l’ostension sera réussie. Nous avons tous besoin d’être ravivés à un moment ou à un autre de notre vie dans cette certitude fondamentale. Personne ne peut dire : "C’est bon, j’ai compris." C’est une vérité à redécouvrir sans cesse. Ce genre d’événement renforce la foi, mais aussi la joie d’être ensemble. Si le faut de se savoir infiniment aimé du Christ peut paraître personne, c’est toute l’Église qui se le dit ensemble. C’est une merveilleuse expérience ecclésiale.

Que diriez-vous aux sceptiques ou à ceux qui hésitent ?
Venez et voyez, et on en reparle après ! Quand je suis arrivé ici, il y a dix ans, je disais : "Moi, je n’ai pas besoin de ça pour croire." Mais aujourd’hui, je trouve cette phrase un peu orgueilleuse. Ce n’est pas un dogme, ce n’est pas une vérité nouvelle de foi. Mais peut-être que, pour mieux croire, j’ai besoin de toucher. À chaque fois, quelque chose me saisit. Il se passe quelque chose de fort dans ce type d’événement. On va toucher des personnes que nos plans pastoraux ne rejoignent pas d’habitude. C’est une joie, et peut-être une prophétie pour l’avenir.