Carême 2025
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Si la liturgie est avant tout un culte public rendu à Dieu, elle demeure une action humaine. Qui tourne toute sa vie vers le Créateur. Voilà pourquoi la liturgie met en branle toutes les dimensions du corps et tous les sens des fidèles. Notamment par la couleur. En Carême, le violet prend la place du vert ordinaire pour signifier la conversion et l’enténèbrement du péché que ces quarante jours ont pour but de dissiper pour tourner le pénitent vers le Sauveur. Vers la fin, et à l’orée de la Semaine sainte, c’est pourtant en rouge que les prêtres célèbrent le dimanche des Rameaux.
Lorsque les couleurs liturgiques ont été codifiées, au XIXe siècle, même si l’usage date au moins du pape Innocent III (+ 1216), le rouge a effectivement été choisi pour évoquer le sang, le feu et la royauté. Depuis l’antiquité, le rouge est attaché au pouvoir parce que le coût de fabrication en était très élevé et qu’il était donc l’apanage des princes. Pour le sang, la proximité chromatique saute aux yeux. Pour le feu, si l’esprit contemporain le rapproche de l’orange (ou du bleu en cas de combustion complète), il rougit ce qu’il consume comme la chaleur intérieure colore les joues.
Jésus aime et règne en donnant sa vie
Pourquoi donc du rouge pour le dimanche des Rameaux ? Car ce dimanche est celui de la messianité de Jésus, accueilli comme sauveur temporel dans la Ville éternelle, monté sur un ânon selon le prophète Zacharie. Jésus est roi, proclame-t-on à la suite des foules de Jérusalem. Mais, c’est aussi, depuis la réforme de Pie XII en 1955, le dimanche "de la Passion". Ainsi le roi à peine acclamé, et la procession ayant conduit le célébrant à l’autel, la lecture de la Passion est-elle donnée, dans l’évangile de l’année en cours.
Le Messie attendu est ainsi le Serviteur souffrant d’Isaïe (première lecture) qui donne sa vie. Telle est la manière toute divine d’aimer. La douche écossaise que propose la liturgie, et qui consonne avec la paradoxale symbolique du rouge, est en quelque sorte une purification. Non pas que le Christ soit un dieu aux deux visages comme le Janus romain, mais dans son unique visage, celui de la miséricorde, Jésus souffre et règne.