Rémy, futur baptisé : “Au Mali, j’avais toujours ma croix sous mon treillis”

La nuit de Pâques, il devra troquer son treillis militaire contre un vêtement blanc. Rémy, 22 ans, va recevoir le baptême le 19 avril à Tallard, dans le diocèse de Gap. Originaire de Tours, ce chasseur alpin en cavalerie légère qui aime le vélo, l’escalade, les animaux et la nature, est arrivé dans les Hautes-Alpes avec l’armée, dans laquelle il s’y est engagé en 2020. Être chrétien, pour lui, ce n’était pas gagné d’avance, puisque ses parents ne fréquentent pas les bancs de l’église. Pour autant, adolescent, il se pose des questions “sans trop aller chercher les réponses au bon endroit”, légèrement apeuré par le sujet. 

Une fois engagé dans l’armée, il part rapidement pour une mission de quatre mois au Mali. Peu de temps avant le grand départ, au cours d'un déménagement, il trouve une petite croix au fond d’un placard. Il s’en saisit et depuis, elle ne l’a jamais quitté. "Au Mali, je l’avais toujours dans mon treillis. Dès qu’il y avait des moments plus difficiles, je la prenais dans ma main et je serrais bien fort." Au cours de la mission, il échange beaucoup avec Gauthier, son lieutenant — et futur parrain. Ils ont maintes conversations passionnantes autour de la foi. 

Gauthier, catholique et pratiquant, répond à ses questions, ce qui ne fait qu’accroître la curiosité du jeune soldat. Grâce à la présence d’un aumônier, des messes sont célébrées à la base. Un jour, Gauthier décide d’y participer. "Je ne sais pas pourquoi mais je ressentais le besoin d’y aller", confie-t-il. C’est la première messe de sa vie… et cet événement met le feu aux poudres de son âme. À la fin de la célébration, il attrape un exemplaire du Nouveau Testament mis à disposition, commence à le lire… et le voilà conquis ! Il ne comprend pas tout mais son futur parrain est disponible et attentif aux interrogations du jeune soldat avide de comprendre. "Il y a des passages que je ne comprenais pas bien mais j’avais vraiment confiance en lui et je me disais que c’était la bonne personne à qui en parler, qu’il saurait m’aiguiller."

Au retour de la mission, Rémy commence à se rendre de plus en plus souvent à la messe. Il découvre des célébrations différentes de celles qu’il a connues au Mali, "bien organisées, avec l’orgue et la totalité". Au début, il y participe timidement, puis, grâce à un ami qui lui explique le sens des chants, des textes et des différents gestes, son attrait pour la foi des chrétiens grandit. "À force d’y retourner, j’ai compris tout ce que cela signifiait et je me suis dit : “Ok c’est cela qu’il me faut, c’est ce que je veux”". 

Début 2022, retour à la mission avec l’éclatement de la guerre en Ukraine. Le jeune chasseur alpin est envoyé à Constanța, une ville de Roumanie située sur les bords de la mer Noire. Gauthier lui offre un chapelet : bien cachées sous ses armes et son treillis, ce chapelet et cette petite croix l’accompagnent constamment. Et si cette fois-ci il ne peut pas assister à la messe, il continue à se nourrir du Nouveau Testament. Une fois rentrée de Roumanie, son choix est fait : il veut devenir chrétien. Il est mis en lien avec le père Mickaël et en 2023, il commence ses deux années de catéchuménat. Plein de reconnaissance, il demande à son ancien lieutenant, qui entretemps a été muté ailleurs, s’il veut bien être son parrain. "C’est vraiment lui qui m’a mis sur les rails du baptême !", lance-t-il avec gratitude.

S’ils ne partagent pas sa foi, les membres de sa famille se réjouissent pour lui. Sa sœur a même commencé à se poser des questions à son tour. "Le dimanche, elle assiste à la messe moi je lui réponds comme je peux." Qu’apporte la foi chrétienne à Rémy ? "Une ‘paisibilité’. Aujourd’hui je me sens beaucoup mieux", confie celui qui a hâte de "faire enfin partie intégrante de la famille des chrétiens". D’ici peu, le champ de bataille cèdera la place au chant du baptême.