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Comment se comporter au travail dans une situation de crise permanente ?

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Pierre d’Elbée - publié le 20/03/25
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Au travail, toute situation de crise porte en elle un centre plus calme, propice à la réflexion et à l’action juste, décrypte le consultant en entreprise Pierre d’Elbée.

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Le prestigieux dictionnaire britannique Collins a désigné en 2022 le mot "permacrisis" comme mot de l’année, soulignant l’importance de nommer ainsi notre époque, marquée par une série ininterrompue de crises majeures et simultanées. Le monde du travail n’y échappe pas : de plus en plus de salariés éprouvent un manque de sens qui génère désengagement, burn-out, bore-out ou brown-out. Les générations Y et Z remettent en question les organigrammes traditionnels : une hiérarchie verticale peu flexible semble inadaptée dans un contexte VUCA (volatil, incertain [uncertainty], complexe et ambigu), la remise en cause de méthodes managériales autoritaires ou trop contrôlantes oblige les entreprises à redéfinir leur rapport à l’autorité, l’intelligence artificielle fait craindre aux professionnels un "grand remplacement" et donc la perte de leur travail, la santé mentale devient un sujet majeur et urgent.

Au fait, c’est quoi une situation de crise ?

"Manifestation brusque et intense, de durée limitée (d’un état ou d’un comportement), pouvant entraîner des conséquences néfastes", dit le dictionnaire CNRTL. En Occident, on met effectivement l’accent sur le danger, la menace, les conséquences néfastes. En Orient, l’idéogramme chinois crise est composé de deux caractères distincts (危机) aux significations très éclairantes : 危 (wēi) = danger ou risque, 机 (jī) = opportunité, occasion ou moment crucial.

De son côté, l’étymologie indo-européenne du mot crise offre l’idée de crible, avec cette fonction essentielle de trier des éléments solides à travers un tamis : les plus petits traversent, les autres restent. Ce passage est significatif du discernement, du critère de décision, tous ces mots ayant la même racine que crise. La décision est ce qui permet de gérer la crise : au-delà de l’énergie et du sang-froid nécessaires pour combattre l’adversité, bien décider exige une vision juste, mais aussi une ouverture sur les opportunités. Car la crise cache aussi un mieux qu’il s’agit de trouver ou de créer. Telle est la perspective que nous voulons explorer.

La crise… pour se recentrer

Dans un contexte instable et ambigu, revenir aux valeurs fondamentales permet de préserver une cohérence interne, d’agir avec intégrité et de rester ancré sur ce qui est important pour soi. Nommer explicitement ce que l’on considère non négociable permet d’orienter ses décisions et ses actions, même sous forte pression. A contrario, oublier ou trahir ses convictions ébranle et fragilise notre identité, personnelle ou collective.

La crise pour créer des relations authentiques 

Au sein des équipes, la résilience organisationnelle repose largement sur la qualité des liens humains. Développer une convivialité, partager la prise de conscience d’un monde VUCA, et vérifier qu’on n’est pas seuls à y être confrontés développe la confiance mutuelle. "Nous sommes tous embarqués", disait Pascal dans un autre contexte. Cette prise de conscience commune alimente un sentiment de solidarité bénéfique.

La crise pour coopérer plus efficacement 

En situation de crise quasi permanente, aucune réponse purement individuelle ne peut suffire. Faire jouer l’intelligence collective permet à chacun d’apporter sa contribution. Ensemble, on anticipe mieux, on trouve de meilleures solutions, on peut partager son expérience avec profit. La moindre avancée collective en situation de crise est une victoire.

La crise pour apprendre

Chaque crise porte en elle-même des enseignements précieux. En adoptant une culture de l’apprentissage continu, les entreprises visent à transformer les difficultés rencontrées en opportunités : analyser régulièrement les succès et les échecs, valoriser la transparence sur les erreurs commises, encourager explicitement une réflexion collective sur les améliorations possibles sont les éléments clés d’une culture de l’apprentissage continu.

La crise pour finalement en tirer parti 

Osons cette conclusion. Si les crises ressemblent parfois à des cyclones par leur intensité destructrice, elles offrent pourtant une particularité remarquable : comme l’œil du cyclone, toute crise porte en elle un centre plus calme, propice à la réflexion et à l’action juste. Plutôt que de céder à une réactivité immédiate et désordonnée, la meilleure attitude consiste alors précisément à se placer dans cet espace intérieur vigilant, propice au discernement, à la décision, et finalement à l’action créatrice. Ce n’est pas nier la violence du phénomène, mais choisir lucidement l’endroit depuis lequel il devient possible de discerner les opportunités et de persévérer sans s’épuiser, même dans un univers VUCA devenu permanent.

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