Comment un simple compliment a changé leur vie

La journée mondiale du compliment célébrée ce 1er mars est une belle occasion de redécouvrir la force et l’importance des compliments. Aleteia a rencontré plusieurs femmes, ayant été marquées par un compliment fort dans leur vie. À la lumière de leurs témoignages rejaillit la puissance consolatrice et bienfaitrice du compliment. Qu’il soit donné par un proche ou quelqu’un de plus éloigné, qu’il soit dithyrambique ou sans prétention, le compliment qui touche est une parole d’amour, gratuite et authentique.

"Pommes d’or incrustées d’argent, la parole dite à point nommé." (Pr 25, 11). Un compliment qui marque arrive au bon moment et touche l’âme au bon endroit. Agathe souffrait de troubles du comportement alimentaire importants lorsque quelques mots ont tout bouleversé : "J’avais 18 ans, je sortais d’hospitalisation pour anorexie et je revenais en cours après plusieurs semaines d’absence. Pour m’aider à mieux préparer ce jour je m’étais cousue une robe. Dans la même journée, j’ai reçu plusieurs compliments sur ma tenue : "Toujours aussi élégante ! Un modèle de féminité !" Cet épisode a beaucoup aidé Agathe dans son chemin de guérison.

Également particulièrement éprouvée, Tiphaine, 35 ans, a récemment reçu une parole très à propos. Traitée depuis deux ans pour dépression, elle témoigne : "Je traverse des moments de gros combat intérieur, de luttes avec des pensées sombres." C’est dans ce contexte que se sont posé ces mots sur son cœur : "En retraite à l’abbaye d’Ourscamp, une jeune femme, devenue une amie, m’a dit à qu’elle me trouvait tellement lumineuse et qu’elle aimerait beaucoup rayonner de cette manière un jour ! Il me semblait impossible de rayonner avec autant de combats intérieurs. Cela m’a particulièrement touchée !".

"Les paroles aimables sont un rayon de miel : douces au palais, elles redonnent des forces." (Pr 16, 24) Certains envols, personnels ou professionnels, se prennent sur l’effet de quelques mots. Ce fut le cas pour Isabelle : "À vingt ans, je passais un stage théorique du BAFA chez les scouts. Et lors de l'entretien final, la directrice m’a dit que j'ai une autorité naturelle", se remémore-t-elle. "Cette phrase m'a donné la légitimité pour me dire que, malgré ma petite taille, je pouvais diriger des équipes et des projets et que cette tendance autoritaire n'était pas forcément un défaut si elle était utilisée à bon escient."

Le syndrome de l’imposteur a longtemps affecté Agnès après une reconversion comme homéopathe uniciste. "Dans une période de doute, un médecin en qui j'ai toute confiance, et qui n'attendait rien de moi, m'a dit : "Vous êtes compétente. Je recrute des soignants depuis 20 ans, et je vous le dis : vous êtes compétente." Cette parole a résonné profondément en moi pendant plusieurs jours et a été le déclic pour trouver la confiance en moi que je n'avais jamais eue. "

Cette mauvaise estime de soi, Anne se sentait, elle aussi, empêtrée dedans à l’époque du collège et des moqueries faciles. C’est armée des compliments reçus de sa mère qu’Anne a tiré sa force : "Je peux compter sur toi", "tu es volontaire", "tu es magnifique et drôle". Ces paroles positives ont construit son bouclier : "Elles ont fait que j'ai subi les attaques au collège, parfois très dures, en étant persuadée que c’étaient mes agresseurs le problème, pas moi !"

"Ainsi, réconfortez-vous mutuellement et édifiez l'un l’autre, comme vous le faites déjà. " (1Th 5, 11) De la part d’une personne un peu éloignée, le compliment prend une saveur d’autant plus authentique. "Lors d'une expédition familiale à ski, une tante éloignée m'a dit "tu as un magnifique sourire", sourie encore Maïlys. "J’avais 13 ans, bien peu sûre de moi. Ce compliment m'a touchée, car j'avais failli avoir un appareil dentaire ; j’en avais oublié mon beau sourire qui pouvait faire rayonner mon âme. Je n'avais pas l'habitude de recevoir des compliments de mes proches, ou je ne savais pas les recevoir vraiment. Le fait que cela vienne d'une personne en dehors de mon cercle familial proche a eu du poids pour moi."

"Si j’avais rencontré plus de gens comme toi, ma vie serait différente". Venu d’une collègue de travail, ce compliment a touché Marjorie. Elle qui avait longtemps été mise de côté pour ses convictions différentes, elle qui peinait à créer du lien avec ses collègues. Elle comprit que ce lien-là, loin d’être vain, avait même porté des fruits ! Les discussions profondes, les convictions catholiques assumées de Marjorie avaient eu un impact quand elle ne s’y attendait plus.

Marie ne pensait pas non plus, à 35 ans, être ainsi rassurée quant à sa valeur en tant qu’amie. Une récente amie s’étant exclamée en la présentant : ""Il faut avoir "On devrait tous avoir une Marie M. dans sa vie !". "J’avais toujours pensé que j’étais une personne sans éclat, que ceux qui étaient amis avec moi l’étaient certainement par défaut. Ces mots-là ont donc été très touchants et symboliques". La jeune femme a été marquée par leur gentillesse et leur spontanéité : "On ne peut pas mettre un "mais" derrière un beau compliment. Un compliment qui vient vraiment du cœur, on sent que c’est sincère et vrai !". Quand le compliment arrive du cercle intime, il n’en perd pas moins sa valeur. "Et des cieux, une voix disait : "Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui je trouve ma joie." " (Mt 3, 17) C’est avec beaucoup d’émotion que Maïté se souvient de celui de son père, lui-même ému, alors qu’elle était toute jeune maman : "Que tu es belle ma chérie, je crois que tu n’as jamais été aussi jolie et épanouie".

"La langue qui réconforte est un arbre de vie ; perfide, elle vous coupe le souffle." (Pr 15, 4) Les conséquences d’une phrase peuvent résonner toute une vie. Agnès explique aimer profondément aujourd’hui son métier : "Je sais désormais que je suis à ma place". Marjorie a réalisé de son côté qu’en assumant ses convictions elle pouvait malgré tout "marquer positivement les gens et leur faire du bien. J’ai compris, pour la première fois, qu’en assumant mes convictions notamment religieuses, je pouvais aussi faire du bien aux gens." Agathe a persévéré dans la couture : "Cette aventure a pris une ampleur telle dans ma vie que j’ai fondé mon entreprise La Semaine des Quatre Jeudis ! Ces compliments reçus à un moment où j’étais encore si fragile m’ont montré que j’avais eu raison de bousculer les mauvaises habitudes de la maladie pour en faire quelque chose de bénéfique." 

Tiphaine, dans ce même élan positif, se trouve aujourd’hui ravivée d’une espérance : "Je me dis que même quand je me sens mal, je peux quand même faire du bien autour de moi. J’ai vraiment l’impression de ne rien pouvoir donner actuellement et ça appuie mon mal-être, donc ce qu’elle m’a partagé, je l’ai perçu comme Jésus me disant "Je suis en toi, même si tu ne me sens pas, même si c’est dur parfois, Je suis là, je suis toujours là et j’agis, j’éclaire à travers toi. Ne crains pas, fais-moi confiance !"

À la lumière de ces témoignages, il semble qu’un compliment ait la force à lui seul de combler une faille, de guérir une plaie, de panser des injures. Quelques mots adressés, gentils et spontanés, pouvant agir en profondeur et bouleverser des idées préconçues ou une mauvaise estime de soi. La force du compliment et de la parole valorisante serait-elle sous-estimée ? À une époque où la gentillesse pourrait être à tort perçue comme une faiblesse, ne serait-ce pas une belle idée de redonner au compliment ses lettres de noblesse ?