Les Baden-Powell, c’est une famille qui donne envie, tant elle a de fécondité ! Presque tous ses membres, qu’ils soient sportifs, militaires, artistes ou inventeurs, prirent leur part dans le développement du scoutisme. Après deux veuvages et quatre enfants, Baden, le père de Robert, se remarie avec Henriette qui lui en donne dix autres. Six seulement vivront jusqu’à l’âge adulte. « Cette mère donna une éducation exigeante et fondée sur la confiance, raconte Philippe Maxence, spécialiste de Baden-Powell. Elle laissait par exemple, à disposition de ses enfants, une boîte contenant de l’argent. Chacun pouvait y puiser selon ses besoins. Il fallait indiquer sur un cahier la somme prélevée et sa destination. Très novateur en cette fin XIXe ! » Robert ne l’oublia pas quand, plus tard, il indiqua combien il fallait responsabiliser les jeunes et leur faire confiance.
Des vacances inspirantes
Le frère aîné de Robert s’appelle Warington. Navigateur enthousiaste, il conçoit les premiers canoës à voile. Pendant les vacances, il emmène ses frères dans des expéditions en mer et sur des rivières anglaises. Robert est très marqué par ces gaies aventures. « Tout jeune, Robert apprend la vie d’équipe, à obéir à son chef, à remplir ses missions, détaille Philippe Maxence. Cela l’a inspiré pour la mise au point du système des patrouilles dans laquelle un adolescent s’occupe des plus jeunes et où chacun a un poste précis. » Capitaine de navire puis avocat, Warington conçoit pour le mouvement un programme de formation. Il écrit aussi un manuel pour les scouts marins : Sea Scouting and Seamanship for Boy et occupe des postes de responsabilité au sein de la Boy scout association.
Georges, Baden et Agnès
Il y a ensuite George, second enfant des Baden-Powell. Fonctionnaire et homme public, il soutient l’œuvre de Robert en le faisant profiter de ses nombreuses relations. Baden, le petit dernier des Baden-Powell, n’est pas en reste. Membre des Gardes Écossaises, il est l'un des premiers à voir l'utilisation de l'aviation dans un contexte militaire. Il imagine pour les scouts des activités de construction de cerfs-volants et de modèles réduits d'avions. Il est aussi commissaire de district.
Enfin Agnès. Musicienne accomplie, passionnée d’histoire naturelle, d’astronomie, d’apiculture, elle est dynamique et intelligente. « Sportive, elle a voulu, à 80 ans, apprendre à piloter des hélicoptères à la fin de sa vie, s’amuse Philippe Maxence. Elle monta en montgolfière – construit avec Robert et Baden – c’était rare pour une femme à l’époque ! ». Plus tard, elle participe aux deux guerres mondiales et reçoit la British Red Cross War Medal. Quand, à 50 ans passés, son frère lui demande de l’aider à fonder le scoutisme féminin, elle accepte. En effet, enthousiasmées par le scoutisme que vivent leurs frères, des jeunes filles se sont déjà spontanément réunies et équipées. Il ne leur manque plus qu’une cheftaine pour s’organiser.
Le droit de camper
« Des filles en bandes dans la rue, sans adulte… C’était révolutionnaire, précise Philippe Maxence. Les parents ne voyaient pas cela d’un bon œil ! D’ailleurs, les premières patrouilles se faisaient moquer et cracher dessus. On leur lançait de l’eau pour les décourager ! » Assoiffées d’aventure et de liberté, elles conquièrent, avec Agnès, le droit de camper. « Il était impensable, à cette époque, d’imaginer une association mêlant garçons et filles, précise Philippe Maxence. En 1910, Agnès a donc structuré les guides, leur a donné un nom, Girl Guides, une organisation interne et des règles de fonctionnement. Présidente du mouvement jusqu'en 1917, Agnès a publié le premier manuel sur le scoutisme féminin. »
Lorsque Robert se marie avec Olave, jeune, sportive et entreprenante, des tensions surgissent… « Agnès vécut très mal la montée en puissance de sa belle-sœur, ajoute Philippe Maxence. Après quelque temps, elle cède sa place à Olave. Cette dernière continue à organiser le mouvement et lui donne une dimension mondiale ». Agnès resta vice-présidente jusqu'à sa mort en 1945.
Pour aller plus loin
Baden-Powell, Philippe Maxence, Tempus, septembre 2016.
Les douze plus belles citations de Baden Powell :
