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Intelligence artificielle : pourquoi le Saint-Siège prend lui aussi le sujet à bras-le-corps

INTELLIGENCE-ARTIFICIELLE
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Jean-Baptiste Noé - publié le 13/02/25
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Le sommet de l’IA qui s’est tenu à Paris les 10 et 11 février vise à placer ces nouvelles technologies au centre des débats politiques. Le géopoliticien Jean-Baptiste Noé explique pourquoi le Saint-Siège y participe et entend éclairer les débats publics.

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Tout le monde se joint à la course à l’IA, qui fait tantôt rêver, tantôt craindre le pire. Le Saint-Siège y participe lui aussi, ayant placé l’IA dans sa stratégie diplomatique. Lors du sommet qui se tient à Paris, co-organisé par la France et l’Inde, il est représenté par Mgr Gallagher, secrétaire pour les relations avec les États. Déjà en juin dernier, lors du sommet du G7 tenu en Italie, le Pape avait participé à la journée consacrée à l’IA. C’était la première fois qu’un pape était invité à un sommet du G7, événement d’autant plus surprenant qu’il s’agissait d’intervenir sur un sujet technique. Du sommet des Pouilles à celui de Paris, il y a donc une continuité diplomatique dans l’action du Saint-Siège, avec toujours la même préoccupation : préparer au mieux le futur.

Antiqua et Nova

Le 28 janvier 2025, les dicastères pour la doctrine de la foi et pour la culture ont publié une note conjointe sur l’IA, Antiqua et Nova, dont l’objectif est d’étudier les rapports entre intelligence artificielle et intelligence humaine. Tout au long de son histoire, l’Église a participé aux découvertes scientifiques et aux explorations des sciences par les hommes. De l’installation d’un observatoire dans les jardins du Vatican, aux publications sur le cosmos, la médecine, l’agriculture, l’Église en tant qu’institution et les chrétiens en tant que personnes humaines, ont participé aux débats, aux recherches et aux découvertes. Ce qui n’empêche pas des débats et des approches différentes sur les innovations technologiques, certains catholiques étant plus méfiants que d’autres face aux découvertes et nouveautés. La note Antiqua et Nova met en perspective les découvertes actuelles de l’IA et les découvertes scientifiques passées, en appelant les chrétiens à l’espérance et à ne pas craindre les découvertes en cours. 

Mgr Carlo Maria Polvani, secrétaire du Dicastère pour la culture et l’éducation, qui a participé à la rédaction du document, explique ainsi les principales lignes dans un entretien accordé à Vatican news. Il explique notamment les raisons de l’engagement de l’Église, à la fois sur le plan moral, mais aussi sur le domaine scientifique :

L’Église ne peut pas rester muette devant un phénomène d’une telle ampleur. D'abord, il ne faut ni diaboliser ni idéaliser l'intelligence artificielle. Il faut en voir les dangers, mais aussi les côtés bénéfiques pour l'humanité. Il ne s'agit pas de perdre la tête et de passer ni du côté des défaitistes convaincus que la fin désastreuse de l’humanité approche, ni du côté des enthousiastes, affirmant que la race humaine va complètement changer. Il convient d'analyser le phénomène.

Centralité de la personne humaine

"Analyser le phénomène", c'est-à-dire se placer du côté de la raison, sans sombrer dans l’émotion désordonnée qui irait soit du côté de l’enthousiasme absolu soit du côté du désespoir. Voir ce que l’IA apporte et apportera de bon, dans la médecine, l’archéologie, la pénibilité au travail, par exemple, tout en n’oubliant pas l’importance de la morale. Mgr Polvani rappelle alors ce principe essentiel, qui est celui de la centralité de la personne humaine, à la fois comme acteur et comme destinataire : "L'Église dit ceci : centralité de la personne humaine et attention aux plus faibles." C’est bien de l’homme qu’il s’agit essentiellement et de développements techniques qui doivent être mis à son service et non pas être utilisés contre lui. Une boussole essentielle que l’Église et le Saint-Siège placent toujours au centre de leurs actions. D’où la présence de représentants du Saint-Siège dans les grands sommets traitant de l’IA, comme volonté de l’Église de faire usage de son levier diplomatique pour porter sa voix et défendre ses options. Une manière concrète de passer de la réflexion à l’action.

Une plateforme d’intérêt public

Dans une note envoyée aux participants au sommet de l’IA, le Saint-Père a repris les grandes idées déjà développées dans des publications précédentes, en rappelant la centralité de l’homme : "Notre ultime défi est l’homme et restera toujours l’homme." Si la technique et l’intelligence sont importantes, c’est le cœur qui doit primer, dit-il, reprenant les éléments développés dans sa lettre consacrée à Blaise Pascal. Il appelle ainsi à créer une "plateforme d’intérêt public", où pourront être rassemblés notamment des éléments sur les langues et les cultures populaires afin que toutes les cultures puissent être représentées par l’IA. Preuve que le Vatican a pris le sujet de l’IA à bras-le-corps, depuis le dernier sommet du G7, il est intervenu à de nombreuses reprises et plusieurs documents publiés. Avec toujours comme objectif, notamment via la diplomatie, d’infléchir la marche du monde et d’évangéliser les nouvelles réalités.

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