separateurCreated with Sketch.

L’éducation sexuelle, une histoire de modes ?

college-girls-
whatsappfacebooktwitter-xemailnative
Pascale Morinière - publié le 31/01/25
whatsappfacebooktwitter-xemailnative
Le programme d’éducation à la vie affective, relationnelle et sexuelle (EVARS), approuvé à l’unanimité par le Conseil supérieur de l’Éducation (CSE) ce jeudi 30 janvier, dépend beaucoup, à l'instar des programmes précédents, des courants de pensée du moment et des craintes ressenties par le plus grand nombre.

Un programme fortement marqué par un contexte de menaces sociétales. Jeudi 30 janvier, le Conseil supérieur de l’Éducation (CSE) a adopté à 60 voix pour et 0 contre le programme d’éducation à la vie affective, relationnelle et sexuelle (EVARS). Ce programme est issu en réalité d’une longue histoire de plus de 50 ans. Une histoire modelée par les évolutions de la société, les modes de vie et les risques ressentis par le plus grand nombre.

Tout a commencé par la circulaire du ministre de l’Éducation nationale, Joseph Fontanet, en 1973, qui instituait une "information sexuelle" dans les classes de sixième et cinquième et une éducation sexuelle, facultative et hors temps scolaire. Six ans après la loi Neuwirth, qui légalisait la contraception, et cinq ans après mai 1968, l’évolution des mœurs et la remise en cause des normes traditionnelles justifiaient pour le ministre cette introduction de l’information-éducation sexuelle.

Années 1980 : la prévention des grossesses non désirées et des IST

Les années 1980 ont, elles, été marquées par la survenue de l’épidémie de SIDA. Les messages délivrés aux élèves sont alors devenus fortement hygiénistes, axés sur la prévention des grossesses non désirées et des infections sexuellement transmissibles (IST).

En 1998, une nouvelle circulaire "Éducation à la sexualité et prévention du sida" a remplacé la circulaire de 1973 et a généralisé l’éducation sexuelle à l’école en insistant sur la dimension de l’éducation à la responsabilité. Puis la loi de 2001, avec la circulaire de 2003, a instauré trois séances annuelles obligatoires d’éducation à la sexualité pour chaque classe, de la maternelle à la terminale. Ces textes ont ajouté à la prévention sanitaire, les questions sociétales (égalité filles-garçons, violences sexuelles, pornographie et lutte contre l’homophobie). Dans les faits, les séances ont été très inégalement mises en œuvre, le plus souvent faute d’intervenants compétents.

Aujourd’hui : une éducation comportementaliste

Au long des années 2000, l’école est de plus en plus chargée d’actions de prévention pour compenser les souffrances sociétales : égalité hommes-femmes, violences sexistes et sexuelles, violences faites aux enfants, repérage de l’inceste, lutte contre la prostitution des mineurs, lutte contre l’exposition des mineurs à la pornographie… alors que dans la même période les différents rapports pointaient l’inefficacité des « trois séances » de la loi de 2001.

C’est dans ce contexte que le ministre Pap N’Diaye a décidé en juin 2023 de donner un cadre programmatique pour généraliser et uniformiser les contenus transmis aux élèves. Ce programme, désormais en phase de finalisation, est fortement marqué par ce contexte de menaces sociétales plus que par les besoins et attentes de chaque enfant ou adolescent. En effet, chaque jeune a besoin d’apprendre à se situer, garçon ou fille, dans le monde de manière ajustée, à intégrer une sexualité riche de sens – c’est-à-dire autre qu’une consommation réciproque consentante – et à comprendre la place et le rôle de la famille.

Des sujets passés sous silence

On voit ainsi que ce qui est transmis aux élèves au fil du temps dérive en fonction des courants de pensée du moment. La menace sanitaire, par exemple, extrêmement élevée dans les années 1980 et 1990, est presque passée sous silence dans le projet de programme alors que les IST, grandes pourvoyeuses d’infertilité, augmentent toutes sans cesse depuis 10 ans. La prévention des grossesses non désirées n’est plus non plus dans les objectifs prioritaires alors que les statistiques de l’IVG battent chaque année des records dans l’indifférence générale.

Ces différentes étapes historiques de l’éducation sexuelle dans le cadre scolaire relativisent les choix actuels dont on perçoit davantage la nature politique. La vraie question à se poser pour élaborer un programme serait de s’accorder sur ce dont a besoin chaque jeune pour sa construction psychoaffective et sociale plutôt qu’à partir des craintes ou des opinions militantes de la génération précédente.

Vous avez aimé cet article et souhaitez en savoir plus ?

Recevez Aleteia chaque jour dans votre boite e−mail, c’est gratuit !

Vous aimez le contenu de Aleteia ?

Aidez-nous à couvrir les frais de production des articles que vous lisez, et soutenez la mission d’Aleteia !

Grâce à la déduction fiscale, vous pouvez soutenir le premier site internet catholique au monde tout en réduisant vos impôts. Profitez-en !

(avec déduction fiscale)