Ce n’est pas la paix, mais c’est un premier pas. L’administration Trump, qui annonce vouloir aboutir à la paix en 100 jours, a présenté un plan dont les grandes lignes ont été divulguées par les médias ukrainiens. Des appels téléphoniques entre Donald Trump et Vladimir Poutine sont prévus, sans qu’une date n’ait encore été arrêtée. Avec un horizon : Pâques. La fête de la Résurrection pourrait être aussi celle du retour à la paix, après trois ans de guerre.
Le calendrier proposé est serré. Donald Trump veut aller vite, Ukrainiens et Russes sont à bout. Début mars, une rencontre tripartite est prévue entre Donald Trump, Volodymyr Zelensky et Vladimir Poutine. Soit tous les trois ensembles, soit deux réunions séparées, sans rencontre entre l’Ukrainien et le Russe. À ce stade, l’aide accordée à l’Ukraine est maintenue, ce qui permet à l’armée de Kiev de continuer à se battre, même si les défections s’accélèrent et que de nombreuses localités sont tombées aux mains des Russes. Pour l’Ukraine, il y a urgence à mettre un terme aux combats avant une rupture du front.
Calendrier pascal
Le plan prévoit également une trêve sur l’ensemble du front à partir de Pâques, soit le 20 avril. Une fête que les orthodoxes célèbrent cette année le même jour que les catholiques. Une conférence internationale serait convoquée en avril, afin de trouver un accord sur la libération des prisonniers et le partage du territoire. L’accord de paix devrait pouvoir être signé le 9 mai, date très symbolique en Russie, puisque cela correspond au jour où l’URSS a signé la reddition de l’armée allemande en 1945. Des élections présidentielles pourraient ainsi être organisées en Ukraine fin août, puis des élections locales en octobre. Reste à voir si ce plan sera accepté par les parties. Mais c’est à ce jour le plan le plus abouti et c’est surtout la première fois que les États-Unis font une offre de paix claire et structurée. C’est, incontestablement, un tournant dans cette guerre.
Que Pâques soit le point fixe de ce calendrier et une date butoir pour aboutir à la paix va au-delà du symbole. Cela témoigne de l’importance de ce jour pour des pays — États-Unis, Ukraine, Russie — qui sont chrétiens, de différentes confessions, et de la portée théologique de Pâques, qui est la victoire du Prince de la Paix et de la Vie sur la mort. Que cette année les orthodoxes commémorent Pâques le même jour que les catholiques renforcent la puissance symbolique, surtout pour un pays comme l’Ukraine, majoritairement orthodoxe, mais avec une forte communauté de gréco-catholiques. Lors de la semaine de prière pour l’unité des chrétiens, le pape François s’est dit favorable à ce qu’une même date soit trouvée pour les catholiques et les orthodoxes. Un geste important, qui reste à concrétiser, tant les divisions au sein du monde orthodoxe sont grandes.
Paix et justice
La théologie chrétienne le répète : la paix n’est pas l’absence de guerre ; la paix est la présence de la justice. L’arrêt des combats sera un premier pas, mais ce ne sera pas la paix pour autant. Le cas des soldats et des officiers qui ont commis des crimes de guerre n’est pas tranché. Il reste la reconstruction de l’Ukraine, qui sera longue et coûteuse, et la lutte contre la corruption, qui gangrène le pays depuis des décennies. Le risque est que l’argent de la reconstruction serve des apparatchiks qui détournent les fonds. Surtout, il reste à assurer une véritable paix, c'est-à-dire à régler un problème qui déchire l’Ukraine et la Russie depuis les années 2000.
Le plan de Donald Trump prévoit notamment que les Ukrainiens russophones puissent pratiquer leur langue et leur culture et puissent participer librement aux élections. C’est un casus belli de longue date pour Moscou, qui reproche à Kiev de maltraiter les russophones et de les empêcher de pratiquer librement leur langue. L’arrêt des combats est donc un premier pas, essentiel, mais qui ne règle pas le problème ukrainien et qui n’assure pas la paix véritable. Le plan du président américain repousse une entrée de l’Ukraine dans l’OTAN, mais prévoit une entrée dans l’UE pour 2030. Ces premières propositions doivent encore être négociées. Pour l’instant, un horizon et une espérance.