Presse, rencontres privées, réseau diplomatique du Saint-Siège, le pape François se tient au courant des nouvelles du monde par divers canaux. Si l’on ne connaît pas tous les détails de sa vie quotidienne, sur laquelle le Bureau de presse du Saint-Siège reste très discret, Jorge Mario Bergoglio en parle parfois au gré des nombreux entretiens qu’il accorde.
Dans une interview au quotidien local argentin La Voz del Pueblo en mai 2015, on apprenait ainsi qu’il lisait la presse tous les jours – même si cette confidence avait donné lieu à quelques confusions. En effet, le Pape assurait : "Je ne lis qu'un journal, La Repubblica, qui est un journal destiné à la classe moyenne. Je le lis le matin et je n'y passe pas plus de dix minutes." La mention du fameux quotidien – classé deuxième quotidien italien en nombre de ventes – à la ligne éditoriale plutôt de gauche et parfois hostile à l’Église, avait étonné les uns et enorgueilli les autres.
Seulement voilà, quelques jours plus tard, le site Dagospia révélait que le Pape… s’était trompé de média. Il ne voulait pas parler de La Repubblica, mais du Messaggero, quotidien de Rome et donc de son diocèse. François aurait assuré, selon des sources vaticanes, qu’il s’agissait d’un "lapsus". L'information a ensuite été confirmée par la correspondante d’alors de la radio espagnole Cope, Paloma García Ovejero, sur son compte Twitter : "Vous savez quoi… ? Le Pape a dit dans sa dernière interview qu'il lit le journal La Repubblica, mais en réalité, il voulait dire Il Messaggero. C'était un lapsus !".
Réseau de la diplomatie vaticane
Toujours dans le panorama de la presse écrite, le pontife hispanophone lirait également chaque dimanche après-midi la revue hebdomadaire Vida Nueva qui couvre l'actualité de l'Église en Espagne et dans le monde. Un journaliste du magazine nous confirme qu’il vient déposer à Sainte-Marthe deux exemplaires en fin de semaine, et que le Pape le lit "de A à Z".
En revanche, François l’a souvent dit : il n’a jamais été un as de l’informatique et n’est pas usager d’internet. Il ne consulte pas le web et n’aura donc pas la fortune de tomber sur une de ses très nombreuses photos fake, le montrant à l’autel tout occupé à se marier, le figurant comme rappeur ou encore enveloppé d’une doudoune au blanc métallique aussi surprenant que désopilant.
Selon des sources vaticanes, le chef de l’Église catholique reçoit chaque jour une revue de presse. Il reçoit aussi des informations que lui fait remonter le dicastère pour la Communication par le biais de son secrétariat privé. Le réseau de la diplomatie vaticane, et ses nonces sur toute la planète, lui permettent également d’avoir des nouvelles locales.
Des canaux informels
Plus largement, le pape François est informé au gré de ses audiences, par les personnes qu'il reçoit ou celles qu’il appelle. Sur le conflit israélo-palestinien par exemple, le pontife a confié à plusieurs reprises être en contact téléphonique quotidien avec le curé de Gaza – un Argentin comme lui – qui le tient au courant de la situation. Après ces échanges parfois sans filtre avec ses interlocuteurs, il arrive ensuite que le Pape réagisse publiquement en confiant de façon spontanée "On m’a rapporté que…".
En décembre dernier, l’une de ces informations informelles avait failli provoquer un incident diplomatique. Devant ses collaborateurs de la Curie, le chef de l’Église catholique avait regretté que le cardinal Pierbattista Pizzaballa, patriarche latin de Jérusalem, ait été empêché de se rendre à Gaza. Des propos qu’Israël a également démentis. "Contrairement aux fausses allégations publiées dans les médias aujourd’hui, la demande du patriarche […] d’entrer à Gaza a été acceptée, comme cela a été le cas dans le passé et selon son souhait", a assuré l’ambassade israélienne près le Saint-Siège dans un tweet en fin de journée. Le cardinal avait finalement pu célébrer la messe dans la paroisse catholique de Gaza.
Le Pape ne regarde pas (trop) la télévision
Le pape François regarde peu la télévision, comme il l’a lui-même confié. "Je ne regarde pas la télévision depuis 1990. C'est un vœu que j'ai fait à la Vierge du Mont Carmel dans la nuit du 15 juillet 1990", avait-il déclaré La Voz del Pueblo à en 2015. Le vœu ne correspondait à "rien de particulier". "J'ai compris que ce n'était pas fait pour moi", expliquait-il simplement, assurant ne pas regarder même les matchs de son équipe de football préférée, le San Lorenzo. "Un garde suisse me laisse les résultats et le classement chaque semaine", ajoutait-il cependant.
Je ne regarde pas la télévision depuis 1990. C'est un vœu que j'ai fait à la Vierge du Mont Carmel dans la nuit du 15 juillet 1990
Au fil des ans toutefois, le Pape a fait quelques entorses à la règle. Il a souvent cité une émission de télévision qu’il apprécie : le programme religieux A Sua Immagine, de la chaîne de télévision publique italienne RAI. Le 4 mars dernier, en recevant l’équipe de cette émission au Vatican, il a confié la regarder avant les angélus qu’il préside place Saint-Pierre le dimanche : "Avant d’apparaître à la fenêtre, cela me plaît de la suivre pendant quelques minutes, et parfois j’ai mentionné quelque contenu qui m’a particulièrement frappé".