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Les films recommandés par le Vatican : “Au revoir les enfants”

Au revoir les enfants de Louis Malle (1987) avec Gaspard Manesse, Raphaël Fejtö et Philippe Morier-Genoud

"Au revoir les enfants" de Louis Malle

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Florent Cardon - publié le 14/01/25
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En 1995, le Vatican recommandait 45 longs-métrages qu’il qualifiait d'"importants". Aujourd’hui Aleteia vous parle d’“Au revoir les enfants”, un film de Louis Malle qui propose une histoire d’amitié sur fond de Seconde Guerre Mondiale.

Durant l’hiver 1944, Julien, 12 ans, retourne au collège de Sainte-Croix dans lequel il est pensionnaire. Un nouveau camarade, Jean, ne semble pas comme les autres. Débarqué soudainement en cours d’année, au caractère plus discret, il intrigue. Julien finit par se lier d’amitié avec lui, apprend à le connaître et découvre qu’il n’est pas arrivé dans ce collège tout à fait par hasard. Nous voilà plongé dans le récit d’Au revoir les enfants, long-métrage réalisé par Louis Malle. Au moment de sa sortie, en 1987, il réalise pas moins de 3,5 millions d’entrées en salles et décroche une pluie de distinctions. Mais qu’est-ce qui en fait une œuvre si unique, recommandée par le Vatican ?

L’insouciance face à la guerre

Ce qui marque dans ce long-métrage, c’est d’abord le regard de l’enfance sur la guerre qui l’entoure. Quand les sirènes sonnent pour annoncer un bombardement, l’événement apparaît comme dérisoire. Car peut-être quotidien. Les garçons vont se réfugier dans le sous-sol, imperturbables, face à un conflit qui ne semble pas les toucher. Le réalisateur Louis Malle établit son récit dans un climat bruyant et foisonnant, dans lequel les moqueries et les vulgarités d’adolescents fusent en permanence. Dans l’effervescence permanente de la cour de récréation et du dortoir, la guerre ne semble pas avoir d’emprise. Telle est la vision que nous apporte Au revoir les enfants. C’est ce que fera, avec un autre regard, La Vie est belle de Roberto Benigni, nous racontant l’histoire d’un père faisant croire à son fils que tout ce qu’il se passe dans le camp de concentration, dans lequel ils ont été déportés, constitue en réalité un grand jeu pour remporter un char d’assaut. Pour que la guerre reste à distance et n’arrache pas l’insouciance de l’enfance.

Mais Julien, héros du récit, vient briser cette distance par une réplique cinglante : “Il n'y a que moi qui pense à la mort dans ce collège, c'est incroyable !”. Il est celui qui commence à grandir et à s'extirper de cette insouciance. Le personnage de Jean, lui, ne connaît pas cette distance d’avec la guerre. Juif, caché dans le collège à l’initiative du père Jean, la peur l’accompagne “tout le temps”, rendant tristement ironique la réplique de Julien précédemment citée. Le film apporte un double regard au travers de ces deux personnages : celui d’un conflit à la menace lointaine, et celui d’une guerre qui effraie, que l’on porte en soi. La scène finale du long-métrage marque un tournant pour le spectateur et pour le personnage de Julien : la fin de l’innocence, l’enfance marquée à jamais.

Père Jean ou l’héroïsme discret

Celui qui est le cœur discret du récit, qui en a inspiré l’histoire, c’est le père Jean. Sa présence reste limitée à l’écran, mais au fur et à mesure de ses apparitions, Julien comprend ce que ce prêtre est en train d’accomplir. Malgré les passages romancés et les différents personnages inventés par le long-métrage, le père Jean, et tout ce qu’il accomplit pour protéger des enfants juifs de la déportation, est bien tiré de la réalité et de la véritable histoire du père Jacques de Jésus, apportant à Au revoir les enfants une dimension supérieure. En plus de ces actes de bravoure dissimulés, il apparaît dans le long-métrage comme un prêtre ne faisant pas de concession, toujours fidèle à la Parole en toutes circonstances. Lors d’une homélie, il n’hésite pas, face à une assemblée essentiellement bourgeoise, à dénoncer les richesses superficielles en citant l'épître de Saint Jacques (Jc 5, 1-2), et à alerter sur le manque de charité, et ce même envers nos bourreaux. Le film garde, par de courtes scènes, notre esprit alerte, dans notre rapport au monde et dans notre rapport à notre prochain. Le véritable père Jacques de Jésus, arrêté et déporté le 15 janvier 1944, continua de célébrer l’Eucharistie et de donner le sacrement de réconciliation dans le camp où il était enfermé. Résistant, ne laissant jamais la guerre avoir de prise.

Le réalisateur Louis Malle s’est inspiré de sa propre histoire pour écrire Au revoir les enfants et nous raconter le jour où son enfance s’est envolée. Jour où il comprit que l’héroïsme peut se dissimuler partout, sa discrétion ne le rendant que plus éclatant. Il fut élève dans ce collège, il vit le père Jacques de Jésus emmené un matin de 1944. Au revoir les enfants, c’est le récit de l’amitié, de la précieuse insouciance et du don de soi, s’extirpant d’un climat de ténèbres et de bruit incessant.

Pratique :

Au revoir les enfants de Louis Malle (1987) avec Gaspard Manesse, Raphaël Fejtö et Philippe Morier-Genoud.
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