Le Livre de l’Exode évoquant la liberté retrouvée des Hébreux libérés du joug de l’Égypte laisse une petite idée de la place du miel dans la culture biblique : "Je suis descendu pour le délivrer de la main des Égyptiens et le faire monter de ce pays vers un beau et vaste pays, vers un pays, ruisselant de lait et de miel, vers le lieu où vivent le Cananéen, le Hittite, l’Amorite, le Perizzite, le Hivvite et le Jébuséen" (Ex 3,8). La Bible place ainsi parmi les nourritures d’abondance le miel, fruit du travail des abeilles et synonyme d’une richesse offerte par Dieu à son peuple quêtant la Terre promise. Cette idée de promesses et d’abondance est récurrente dans les Saintes Écritures, un espoir pour cette minorité fuyant les persécutions…
Douceurs divines
Le miel, en effet, ne se cultive pas, il est don même si l’homme cherchera progressivement à en augmenter le rendement et la récolte. Fruit du seul travail des abeilles, il devient une nourriture synonyme de douceur extrême, à l’image du lait avec lequel il est souvent associé dans la Bible. Cette douceur se trouve évoquée à de multiples reprises dans l’Ancien Testament et le Cantique des Cantiques y a recours de manière métaphorique et poétique : "Un miel pur coule de tes lèvres, ô fiancée, le miel et le lait, sous ta langue ; l’odeur de tes vêtements est comme l’odeur du Liban" (Ct 4,11). De même, le prophète Ézéchiel se verra proposer dans l’une de ses visions de manger un rouleau symbolisant la connaissance des lois divines : "Fils d’homme, remplis ton ventre, rassasie tes entrailles avec ce rouleau que je te donne. Je le mangeai, et dans ma bouche il fut doux comme du miel" (Ez 3,3). Mais si cette douceur s’impose au premier abord avec le miel, la Bible en fixe cependant très tôt aussi les limites à ne pas transgresser : ainsi, son emploi pour les sacrifices à Dieu était expressément prohibé et le Lévitique le rappelle sans équivoque : "Aucune des offrandes de céréales que vous apporterez au Seigneur ne sera préparée avec un ferment, car vous ne ferez jamais fumer ni du levain ni du miel en nourriture offerte pour le Seigneur" (Lv 2,11).
L’héritage chrétien
Mais, le miel est aussi dans le récit biblique associé à la sagesse. L’Évangile selon saint Matthieu décrit Jean le Baptiste en ces termes : "Lui, Jean, portait un vêtement de poils de chameau, et une ceinture de cuir autour des reins ; il avait pour nourriture des sauterelles et du miel sauvage" (Mt 3,4). La frugalité de cet homme de Dieu lui fait consommer de rares nourritures pouvant être trouvées dans la nature, dont le miel, bien sûr. Aussi n’est-il pas étonnant que le christianisme ait repris cette tradition biblique héritée de l’Ancien Testament faisant du miel non seulement une nourriture providentielle, mais symbolisant également la pureté et la sagesse.
Saint Ambroise, considéré comme le saint patron des apiculteurs, eut une destinée placée sous le signe des abeilles puisqu’un curieux incident survint lorsqu’il n’était qu’un tout jeune enfant dans son berceau : Alors qu’il dormait, la légende raconte en effet qu’un essaim d’abeilles vint recouvrir son visage et que les abeilles entraient et sortaient de sa bouche ! Son père impressionné par ce phénomène aurait annoncé : "Cet enfant, s’il vit, deviendra quelque chose de grand !". Rappelons qu’Ambroise devint évêque de Milan et l’un des quatre Pères de l’Église réputé pour son éloquence…