La dernière réforme d’ampleur date de 2002. La dernière, pour le moment, d’une longue série de modifications du découpage du territoire français en circonscriptions ecclésiastiques depuis la création du premier diocèse chrétien en Gaule, sûrement à Lugdunum (aujourd’hui Lyon) au IIe siècle, même si Aix revendique sa création par saint Maximin dès le Ier siècle. Alors que l’empire romain est peu à peu christianisé – la religion chrétienne n’y devient officielle qu’en 380, les successeurs des apôtres organisent l’évangélisation et créent de nouveaux sièges épiscopaux en reprenant d’abord l’organisation administrative romaine, en particulier les diocèses et les provinces mises en place par Dioclétien.
Depuis lors et jusqu’à nos jours, les diocèses ont épousé à la fois les évolutions du nombre de fidèles, suppression de petits diocèses et divisions des plus grands, et les changements politiques et administratifs de l’État français, royal, impérial, républicain. À la fin du VIe siècle, plus de soixante-dix diocèses existent déjà sur le territoire hexagonal actuel. Ils seront plus de cent-cinquante avant la Révolution, pour quatre-vingt-treize aujourd’hui. Si Rome n’a presque pas supprimé de sièges jusqu’au Concordat de 1801, il existe depuis lors de nombreux diocèses disparus, "fantômes" pourrait-on dire à la suite de la dénomination populaire des stations parisiennes de métro abandonnées ou inutilisées.
Le sort des diocèses disparus
La comparaison n’est pas tout à fait parfaite, car le sort actuel des diocèses disparus est très divers et tous ne sont pas totalement oubliés. Nombreux sont ainsi ceux qui sont devenus des sièges titulaires, attribués à des évêques qui n’ont cependant pas charge d’âme sur les anciens territoires. Ils sont dix-huit de ce type en France, listés dans l’Annuaire pontifical du Saint-Siège : dans les Alpes-de-Haute-Provence (Briançonnet, Entrevaux, Senez), dans l’Aude (Alet, Saint-Papoul), dans le Vaucluse (Apt, Carpentras, Cavaillon, Orange, Vaison), en Corse où il y a eu jusqu’à six diocèses (Accia, Aléria, Mariana, Nebbio, Sagone), à Thérouanne (Pas-de-Calais), Maillezais (Vendée), et même Arsitum, ville antique du Gard dont on ne connaît pas précisément la localisation.
D’autres diocèses, bien qu’ils n’existent plus, ont été attachés au nom du diocèse en faveur duquel ils ont été supprimés. Le cas est très fréquent, de Elne, associé à Perpignan, à Riez et Sisteron associés avec Digne en passant par Bazas avec Bordeaux, Chalon et Mâcon avec Autun, Couserans et Mirepoix avec Pamiers, ou encore Boulogne et Saint-Omer avec Arras. Plus du quart des sièges français possède ainsi, en plus du titre de la ville où se trouve sa cathédrale, les titres des anciens territoires diocésains sur lesquels il a juridiction. Un cas unique, cependant, avec les trois diocèses de Chambéry, Maurienne et Tarentaise, qui sont bien trois diocèses différents mais avec un seul et même évêque à leur tête depuis 1966.
Dernière catégorie de ces diocèses disparus, les vrais "fantômes" qui ne subsistent que dans les livres d’histoire, souvent des cités antiques disparues ou dont ne demeurent que des vestiges archéologiques, de Sextantio à côté de Montpellier à Ratiatium en Loire-Atlantique en passant par Cemelenum sur les hauteurs de Nice. Grasse, Castellane, Bourg-en-Bresse, Limoux…furent aussi villes épiscopales en leur temps. Avec ces diocèses disparus, ce sont autant d’anciennes cathédrales, souvent petites, qui sont désormais des églises paroissiales mais qui témoignent du passé, et de l’histoire de la propagation de la foi sur les terres françaises à partir de la Méditerranée. Ce qui explique, enfin, que la répartition de ces diocèses oubliés est très inégale, avec une importante concentration dans le sud-est, de la Narbonnaise à la Provence.