C’est une grande découverte pour l’histoire des hommes, de la religion, mais aussi pour l’histoire de la science, puisqu’il a fallu que des outils ultra-spécifiques soient créés afin de réussir à lire et à comprendre ce qui était écrit sur une amulette de 3,5 cm datant de plus de 1.800 ans ! C’est par un communiqué le 11 décembre 2024 que des chercheurs de l’université Goethe de Francfort-sur-le-Main (Allemagne) viennent de démontrer qu’il y avait déjà des chrétiens au IIIe siècle de notre ère, en Allemagne, alors qu’on n’avait jusqu’à présent pas trouvé de traces de leur présence avant le IVe siècle.
Une fine feuille d'argent de 18 lignes
Tout commence en 2018 en Allemagne, lorsque des archéologues trouvent une tombe datée de la période comprise entre 230 et 270 après Jésus-Christ, et dans laquelle se trouve un corps. Il s’agit d'un jeune homme âgé de 25 à 35 ans, découvert dans un cimetière de la banlieue nord-ouest de Francfort. Enterré avec différents objets autour de lui, il porte à son cou une amulette en argent de 3,5 centimètres. À l’intérieur, se trouve une fine feuille d'argent avec de mystérieuses rayures. Seulement impossible de dérouler cette feuille d’argent de plus de 1.800 ans, bien trop fragile. Alors depuis cette découverte, les chercheurs avancent et réfléchissent, et profitent de l’évolution de la science et de ses nouveaux outils pour en permettre la lecture. En mai 2024, c'est grâce à un tomodensitomètre ultramoderne du Centre d’archéologie Leibniz de Mayence (LEIZA), une technique d'imagerie médicale, que les experts ont enfin réussi à scanner le parchemin à très haute résolution en créant un modèle 3D.
Ils découvrent alors dix-huit lignes de texte, écrites, chose rare pour l'époque, en latin, et qu'ils baptisent désormais comme "Inscription d'argent de Francfort". Ces lignes ont été déchiffrées par Markus Scholz, archéologue, qui a fait appel notamment à des experts en histoire de la théologie. Après une longue analyse de plusieurs mois, le résultat est donc aujourd’hui rendu public et on découvre une prière émouvante qui ne laisse aucun doute sur la religion, et l’Espérance, du jeune homme. Voici la traduction du texte, écrit en latin, qui a pu être déchiffré. Pour rappel, Saint Titus était étudiant et le confident de l'apôtre et grand missionnaire saint Paul :
(Au nom ?) de St Titus.
Saint, saint, saint !
Au nom de Jésus-Christ, Fils de Dieu !
Le seigneur du monde
résiste au mieux de ses [capacités ?]
à toutes les crises (?)/défaillances (?).
Le Dieu (?) accorde le bien-être
L'admission.
Ce dispositif de sauvetage (?) protège
la personne qui s'abandonne à la volonté
du Seigneur Jésus-Christ, le Fils de Dieu,
car devant Jésus-Christ fléchissent tous les genoux : les célestes,
les terrestres et
les souterrains, et toute langue
confesse (à Jésus-Christ).
Au-delà de l’intensité de cette prière, et de l’Espérance qui en ressort, cette découverte est d’autant plus remarquable qu’il s’agit de la première preuve tangible que le christianisme était déjà répandu sur la rive droite du Rhin dès le IIIe siècle, ce que les historiens ignoraient jusqu’alors. En effet, si l'historiographie actuelle fait état des premiers groupes chrétiens en Gaule dès la fin du IIe siècle, et peut-être aussi dans la province de Germanie supérieure, jusqu’à présent, les premières preuves de la vie chrétienne dans les régions nord alpines de l'Empire romain dataient du IVe siècle après Jésus-Christ. On sait donc aujourd'hui que le christianisme y est apparu au moins 50 ans plus tôt. Une autre bonne nouvelle de Noël !